Quel plaisir par un jour de pluie et de froidure, de se laisser emporter par un vrai grand roman romanesque. Par romanesque j'entends un roman qui me transporte ailleurs, à une autre époque, qui me fait vivre, le temps de ma lecture, une vie qui ne ressemble en rien à la mienne. Pas meilleure non, juste différente. Un livre qui élargit mon univers.
Et s'il faut, une fois de plus prendre la défense du roman ou, plutôt, faire son apologie je dirai qu'un "bon" roman, comme celui de Fergus, m'en apprend beaucoup plus sur l'histoire des Cheyennes et sur la façon dont ils ont été traités qu'un essai - aussi érudit soit-il - qui me fera mourir d'ennui. Je suppose bien entendu que l'auteur avant de se lancer a passé un certain temps à se documenter sur les faits historiques qu'il a l'intention d'évoquer. Mais ensuite c'est à lui de créer des personnages, suffisamment forts pour que l'on y croit, de raconter des événements suffisamment précis pour qu'ils aient l'air vraisemblables, d'ajouter des détails, des couleurs, des sentiments pour abolir la distance entre la réalité et la fiction.
Mille femme blanches contre mille chevaux : c'est le contrat passé entre le Président Grant et Little Wolf, un chef Cheyenne. Une quarantaine de femmes, trouvées essentiellement dans les prisons et les asiles d'aliénés, constitue le premier convoi et le point de départ du roman. Parmi ces femmes : May Dodd, une jeune fille de bonne famille dont le seul tort est d'avoir aimé en dehors de sa caste. Epistolière assidue, c'est elle qui devient la narratrice, c'est elle dont le point de vue s'impose tout au long du roman : le départ en train depuis Chicago, le long voyage vers l'Ouest, l'arrivée dans les Black Hills, l'échange des femmes et des chevaux sous la surveillance de l'armée américaine, l'initiation au mode de vie des Cheyennes, les saisons dans les Black Hills .... La comparaison entre les moeurs des "sauvages" et celles des "civilisés" n'est pas toujours à l'avantage de ces derniers. Pas toujours à leur désavantage non plus !
Entre Indiens et Blancs, Jim Fergus ne choisit pas toujours; entre femmes et hommes, un peu plus souvent, jusqu'à se faire passer pour un féministe bon teint ! Car les femmes qu'il met en scène ont du ressort, et du répondant ! Leur forte personnalité paraît même anachronique dans le contexte; elles pensent et surtout parlent comme des femmes d'aujourd'hui et j'en suis parfois venue à me demander si la traduction était bien à la hauteur. Mais que sait ont réellement de ce que les femmes avaient en tête au XIXe siècle; la façon de s'exprimer a sans doute changé, pas les émotions ! Et après tout le charme du roman tient peut-être à ce léger décalage entre le passé et le présent.
Pour ma part je me réjouis d'avoir encore deux ou trois livres du même auteur à découvrir.
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