Dans le genre film vraiment bizarre, le film de Hlynur Palmason, Winter brothers se pose un peu là ! Il est à la fois beau, étrange, fascinant, inquiétant et passablement irracontable !
Deux frères qui lorsqu'ils ne travaillent pas au fond de la mine, errent dans une forêt enneigée.
Deux frères, dont l'un a l'air à peu près normal, alors que l'autre semble franchement chtarbé. Ils sont comme tous les autres ouvriers, et comme tout le paysage autour d'eux couverts d'une poussière calcaire qui leur donne l'air à la fois blafard et hagard. Emil en particulier dont le regard écarquillé et vide semble parfois traversé par un éclair de folie.
Visuellement, le film est étonnant. Beau et laid à la fois. Du paysage, dont on ne sait s'il est enneigé ou crayeux, n'émergent que des structures industrielles, des bâtisses décaties dont on s'étonne qu'elles tiennent encore debout dans cet atmosphère de bout du monde. Un univers glacé, et glaçant.
Que dire de plus ? Si ce n'est que le réalisateur islandais réussit à imposer, dès son premier film, un univers pour le moins singulier - y compris dans sa bande son.
A prendre ou à laisser...
28 février 2018
Tina Modotti
Ma belle découverte de l'exposition consacrée au dialogue artistique entre la France et le Mexique, c'est Tina Modotti !
Les responsables de l'exposition Los Modernos ont eu la bonne idée de consacrer deux salles à la photographie ce qui n'est que justice quand on sait la proximité qui existait entre les arts et les artistes qu'ils soient photographes, peintres ou écrivains.
Mais à côté des grands noms comme Henri Cartier-Bresson, Paul Strand, Manuel Alvarez Bravo, j'ai retrouvé avec plaisir deux clichés de Graziela Iturbide, dont la Femme aux iguanes, une photo qui m'a toujours fascinée.
Et puis il y a Tina Modotti, arrivée au Mexique avec son compagnon, Edward Weston, photographe reconnu qui l'initie rapidement à la photographie pour qu'elle puisse l'assister dans ses prises de vue.
Et même si mes images sont de très mauvaise qualité, il est évident que cette femme n'a pas eu très longtemps besoin d'un maître.
Née à Udine en 1896, Tina - de son vrai nom Assunta Adelaide Luigia Modotti Mondini - est arrivée aux Etats-Unis à l'âge de 17 ans pour rejoindre son père qui s'y trouve depuis 1908. Très vite la jeune fille se retrouve mêlée aux milieux artistiques de la côte Ouest; elle est un temps mannequin, puis actrice, se marie, rencontre Edward Weston, part avec lui au Mexique .... et voilà !
Mais son histoire ne s'arrête pas là. Car cette femme qui avait connu la misère dans son enfance, puis l'immigration ne peut rester indifférente au sort des Mexicains pas plus qu' aux mouvements politiques qui traversent alors le pays. Elle rejoint alors le parti communiste, comme une autre de ses photos, exposée au musée de Lyon, le laisse facilement entendre.
La suite à venir ... quand je me serai procurée plus d'informations sur cette femme étonnante dont la vie pourrait être une belle source d'inspiration romanesque.
En attendant, l'article de Wikipedia a déjà largement fourni de quoi satisfaire ma première curiosité.
et quelques belles photos ici et là :
https://secoursrouge.org/Les-photos-de-Tina-Modotti
https://www.moma.org/artists/4039#works
Les responsables de l'exposition Los Modernos ont eu la bonne idée de consacrer deux salles à la photographie ce qui n'est que justice quand on sait la proximité qui existait entre les arts et les artistes qu'ils soient photographes, peintres ou écrivains.
Mais à côté des grands noms comme Henri Cartier-Bresson, Paul Strand, Manuel Alvarez Bravo, j'ai retrouvé avec plaisir deux clichés de Graziela Iturbide, dont la Femme aux iguanes, une photo qui m'a toujours fascinée.
Et puis il y a Tina Modotti, arrivée au Mexique avec son compagnon, Edward Weston, photographe reconnu qui l'initie rapidement à la photographie pour qu'elle puisse l'assister dans ses prises de vue.
Et même si mes images sont de très mauvaise qualité, il est évident que cette femme n'a pas eu très longtemps besoin d'un maître.
Née à Udine en 1896, Tina - de son vrai nom Assunta Adelaide Luigia Modotti Mondini - est arrivée aux Etats-Unis à l'âge de 17 ans pour rejoindre son père qui s'y trouve depuis 1908. Très vite la jeune fille se retrouve mêlée aux milieux artistiques de la côte Ouest; elle est un temps mannequin, puis actrice, se marie, rencontre Edward Weston, part avec lui au Mexique .... et voilà !
Mais son histoire ne s'arrête pas là. Car cette femme qui avait connu la misère dans son enfance, puis l'immigration ne peut rester indifférente au sort des Mexicains pas plus qu' aux mouvements politiques qui traversent alors le pays. Elle rejoint alors le parti communiste, comme une autre de ses photos, exposée au musée de Lyon, le laisse facilement entendre.
La suite à venir ... quand je me serai procurée plus d'informations sur cette femme étonnante dont la vie pourrait être une belle source d'inspiration romanesque.
En attendant, l'article de Wikipedia a déjà largement fourni de quoi satisfaire ma première curiosité.
et quelques belles photos ici et là :
https://secoursrouge.org/Les-photos-de-Tina-Modotti
https://www.moma.org/artists/4039#works
27 février 2018
Vu à la télé
Un vieux John Ford. Mais pas n'importe lequel ! Un "western" qui ne ressemble à aucun autre, bien que tout commence comme il se doit avec trois bandits prêts à dévaliser une banque. Poursuivis par le shérif jusque dans le désert, après quelques péripéties attendues, ils rencontrent leur destin : un enfant nouveau-né dont ils assument la responsabilité ! Le film devient alors parabole biblique sans toutefois quitter le registre du western!
Filmé en technicolor, avec un John Wayne qui vient tout juste d'atteindre la quarantaine, Le Fils du désert est un régal pour qui aime les films un peu insolites. Insistant sur le message à transmettre au point d'être parfois franchement lourd, bourré d'invraisemblances - mais qui demande de la vraisemblance aux paraboles bibliques ? - le film reste drôle parce qu'il joue avec les clichés du genre, clichés visuels, mais aussi moraux dont le moindre n'est pas la rédemption toujours possible de l'être humain.
Ce "Trois homme et un bébé mais pas de couffin" est pour le moins une curiosité !
Filmé en technicolor, avec un John Wayne qui vient tout juste d'atteindre la quarantaine, Le Fils du désert est un régal pour qui aime les films un peu insolites. Insistant sur le message à transmettre au point d'être parfois franchement lourd, bourré d'invraisemblances - mais qui demande de la vraisemblance aux paraboles bibliques ? - le film reste drôle parce qu'il joue avec les clichés du genre, clichés visuels, mais aussi moraux dont le moindre n'est pas la rédemption toujours possible de l'être humain.
Ce "Trois homme et un bébé mais pas de couffin" est pour le moins une curiosité !
26 février 2018
Los Modernos
L'exposition Los Modernos présentée au musée des Beaux Arts de Lyon porte un sous-titre prometteur : dialogue France-Mexique. Mais pour en profiter pleinement il n'est peut-être pas inutile de suivre un guide car le dialogue n'a rien d'évident et le parcours, d'une oeuvre à l'autre et d'une période à l'autre, est plutôt chaotique.
Le code couleur blanc/beige permet a priori d'identifier les artistes selon leur nationalité, en tenant compte du fait que certains ont fait des allers-retours entre les deux pays. Je m'attendais à ce que soient proposées des rapprochements entre des oeuvres précises, comme L'Editeur de Gleize et L'Architecte de Rivera par exemple. Mais c'est rarement le cas.
Ce qui est proposé en revanche c'est un double parcours historique, qui pour chaque période, fait figurer des oeuvres représentatives de la tendance du moment : cubisme, surréalisme etc... Ce qui explique que figurent des peintres dont le rapport avec le Mexique est... inexistant.
Je ne m'en plains pas car c'est un plaisir toujours renouvelé de se retrouver devant un tableau de Fernand Léger (Les Deux femmes au bouquet, 1921)
ou de Dorothea Tanning ( La Chambre d'ami, 1950-52)
Très intriguante cette chambre d'ami. Plutôt la chambre des cauchemars !
Pour qui pensait retrouver dans l'exposition les grands muralistes mexicains, la déception est grande. Ils sont bien là, les Rivera, Siqueiros, Orozco, mais pas forcément là où on les attend.
Ainsi ce tableau de Riviera, Toits de Paris (1914) qui ressemble furieusement à un Delaunay !
P.S. La prochaine fois, je me soucierai peut-être de charger à l'avance l'audioguide sur mon portable :
http://www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/expositions-musee/expo-los-modernos/audiog_los-modernos
Le code couleur blanc/beige permet a priori d'identifier les artistes selon leur nationalité, en tenant compte du fait que certains ont fait des allers-retours entre les deux pays. Je m'attendais à ce que soient proposées des rapprochements entre des oeuvres précises, comme L'Editeur de Gleize et L'Architecte de Rivera par exemple. Mais c'est rarement le cas.
Ce qui est proposé en revanche c'est un double parcours historique, qui pour chaque période, fait figurer des oeuvres représentatives de la tendance du moment : cubisme, surréalisme etc... Ce qui explique que figurent des peintres dont le rapport avec le Mexique est... inexistant.
Je ne m'en plains pas car c'est un plaisir toujours renouvelé de se retrouver devant un tableau de Fernand Léger (Les Deux femmes au bouquet, 1921)
ou de Dorothea Tanning ( La Chambre d'ami, 1950-52)
Très intriguante cette chambre d'ami. Plutôt la chambre des cauchemars !
Pour qui pensait retrouver dans l'exposition les grands muralistes mexicains, la déception est grande. Ils sont bien là, les Rivera, Siqueiros, Orozco, mais pas forcément là où on les attend.
Ainsi ce tableau de Riviera, Toits de Paris (1914) qui ressemble furieusement à un Delaunay !
Los Modernos est sans doute une exposition très ambitieuse, mais peut-être un peu trop hétéroclite pour le visiteur qui fait essaye de faire son chemin sans l'aide d'un guide.
Je ne crois pas avoir appris grand chose sur le dialogue France/Mexique. Mais j'ai malgré tout trouvé de quoi satisfaire mon regard.
Siqueiros, Personnage important, 1957/1958
P.S. La prochaine fois, je me soucierai peut-être de charger à l'avance l'audioguide sur mon portable :
http://www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/expositions-musee/expo-los-modernos/audiog_los-modernos
24 février 2018
Toujours au musée Granet
En prolongement de l'exposition Tal Coat, deux tableaux gardés en tête :
Un Picasso, comme la quintessence de son oeuvre, bien qu'il me paraisse toujours étrange de mettre un Picasso dans un cadre doré !
Un Cézanne inattendu, loin de la Sainte Victoire et des paysages champêtres qui font l'essentiel de son oeuvre. Un tableau, de petite dimension certes, mais qui nous rappelle que Cézanne était un proche et un grand admirateur de Zola.
23 février 2018
Tal Coat
Au musée Granet, une exposition rétrospective qui donne une bonne idée du travail de ce peintre breton venu s'égarer un temps du côté d'Aix en Provence.
Ce que j'ai aimé chez ce peintre ? La diversité de son travail. Depuis des toiles figuratives, presque un peu naïves et très colorées. Jusqu'à d'autres, presque abstraites, mais pas tout à fait.
Ce que j'ai aimé chez ce peintre ? La diversité de son travail. Depuis des toiles figuratives, presque un peu naïves et très colorées. Jusqu'à d'autres, presque abstraites, mais pas tout à fait.
En passant par d'autres oeuvres, moins spectaculaires, mais pas moins intéressantes.
Comme ce crayonné, si simple en apparence, qui donnerait presque envie de se mettre au dessin.
22 février 2018
21 février 2018
Le Camp des Milles
Ce n'était au départ qu'un briqueterie très ordinaire. Une fabrique de briques avec ses fours, ses salles de séchage, ses entrepôts.
Mais en 1939, la briqueterie est réquisitionnée par le gouvernement français et sert de camp d'internement pour les "étrangers suspects".
Après la débâcle de 40 ce sont les Juifs qui sont rassemblés au camp des Milles, avant d'être déportés vers Auschwitz en Août et Septembre 42.
Devenu depuis 2012 un site-mémorial, le Camp des Milles est désormais non seulement un lieu de visite, mais plus encore un lieu d'éducation. Et d'émotion.
20 février 2018
Book in Bar
Mon adresse préférée à Aix. Rue Joseph Cabassol, juste en face de l'hôtel Caumont et à deux pas du cours Mirabeau.
Une librairie où l'on peut trouver des livres en anglais, en allemand, en italien, en espagnol, mais aussi en arabe, en chinois, en japonais ....
Une librairie où l'on peut fouiner pendant des heures, mais aussi commander café, cheese-cake, scone ou carrot cake (le meilleur jamais mangé !), s'assoir à une table ou dans un fauteuil confortable, sortir son ordinateur - son journal ou même ... un roman ! - et passer là un excellent moment !
Une librairie où l'on peut trouver des livres en anglais, en allemand, en italien, en espagnol, mais aussi en arabe, en chinois, en japonais ....
Une librairie où l'on peut fouiner pendant des heures, mais aussi commander café, cheese-cake, scone ou carrot cake (le meilleur jamais mangé !), s'assoir à une table ou dans un fauteuil confortable, sortir son ordinateur - son journal ou même ... un roman ! - et passer là un excellent moment !
https://www.facebook.com/bookinbarlibrairie/
19 février 2018
Fernando Botero (bis)
La tauromachie est un des nombreux points commun entre Botero et Picaasso et le rapprochement entre le tableau de Picasso qui date de 1933 : Corrida : la mort du Torero et celui de Botero, la Cornada qui date de 1988 est tout à fait pertinent.
Mais tout aussi intéressant est l'accrochage, à proximité, de deux autres toiles de Botero : la première, représente l'Enlèvement d'Europe (1995), la seconde est intitulée Numéro de cirque (2017.
Passer d'une toile à l'autre c'est comme jouer au jeu des 7 erreurs. Toujours stimulant pour les neurones. C'est aussi s'interroger sur les liens entre corrida, cirque et mythologie. C'est s'amuser enfin des capacités de recyclage de Botero.
Et c'est bien sûr se demander, comme le font les Guerilla Girls, pourquoi faut-il toujours que les femmes soient nues pour entrer au musée ?
18 février 2018
Fernando Botero
Fernando Botero, artiste colombien...
Il ne peint, dit-on que des grosses dames... Faux ! Elles ne sont pas grosses, juste un peu déformées. Et leurs rondeurs ne sont pas incompatibles avec une certaine ... légèreté ?
Et puis il peint aussi de gros messieurs. Ou d'autres gros individus dont l'appartenance à tel ou tel genre, masculin ? féminin ? n'est pas franchement déterminée. Pas neutres pour autant. Plutôt un entre-deux.
Le Centre d'art installé dans un vieil hôtel particulier d'Aix en Provence, l'hôtel Caumont présente depuis Novembre et jusqu'au 11 Mars une exposition intitulée : Botero, dialogue avec Picasso.
Avec Picasso, oui et le dialogue est passionnant. Mais avec d'autres peintres aussi, peintres des siècles passés pour la plupart. Ces allers-retours entre un tableau classique archi connu et l'interprétation, la relecture qu'en fait Botero constituent un des points forts de l'exposition.
On peut toutefois regretter que les oeuvres originales dont s'est inspiré Botero - comme ce portrait de Mme Moitessier par Ingres - ne soient pas exposées à côté de celles de Botero. Une modeste reproduction même aurait suffi pour que la comparaison soit accessible à tous et non pas aux seuls spectateurs qui, par leur éducation et leur culture, ont eu accès à ces oeuvres.
17 février 2018
09 février 2018
Wonder Wheel
Fallait-il, ne fallait-il pas aller voir le film de Woody Allen ?
Il fallait. Parce qu'il importe plus que jamais de distinguer l'oeuvre d'art de la personnalité de son créateur. Céline était une ordure, Flaubert un goujat, Gide un pervers, Malraux un affabulateur ...
Et alors ? Minables sur le plan humain, ils n'en sont pas moins grands dans leur création .
Fallait-il aller voir le 66e film de Woody Allen ? Oui, incontestablement, si vous avez vu les 65 précédents et si vous aimez vous retrouvez dans un univers familier, vaguement passéiste, avec des personnages et des thèmes vus et revus : des mariages ratés, des amours tout aussi ratés, des personnages qui rêvent d'une vie plus grande que la leur, des crimes impunis commis (presque) sans remords, des dialogues très écrits, trop écrits ...
Confortables les films de Woddy Allen, comme un bon vieux fauteuil dans lequel on se love pour lire un roman, avec en fond sonore un air de jazz ...
Ce qui sauve à mes yeux le dernier opus de Woody Allen, et c'est la raison pour laquelle j'ai été le voir, c'est le décor choisi : Coney Island, cette invraisemblable plage au Sud de New York qui dans les années 50 a fait la joie des classes populaires parce qu'aux plaisirs de la station balnéaire s'ajoutait les divertissements de la fête foraine. Les couleurs, la lumière, un régal pour tous les nostalgiques, y compris ceux qui n'ont jamais été à Coney Island et se sont contentés de l'imaginer.
Il fallait. Parce qu'il importe plus que jamais de distinguer l'oeuvre d'art de la personnalité de son créateur. Céline était une ordure, Flaubert un goujat, Gide un pervers, Malraux un affabulateur ...
Et alors ? Minables sur le plan humain, ils n'en sont pas moins grands dans leur création .
Fallait-il aller voir le 66e film de Woody Allen ? Oui, incontestablement, si vous avez vu les 65 précédents et si vous aimez vous retrouvez dans un univers familier, vaguement passéiste, avec des personnages et des thèmes vus et revus : des mariages ratés, des amours tout aussi ratés, des personnages qui rêvent d'une vie plus grande que la leur, des crimes impunis commis (presque) sans remords, des dialogues très écrits, trop écrits ...
Confortables les films de Woddy Allen, comme un bon vieux fauteuil dans lequel on se love pour lire un roman, avec en fond sonore un air de jazz ...
Ce qui sauve à mes yeux le dernier opus de Woody Allen, et c'est la raison pour laquelle j'ai été le voir, c'est le décor choisi : Coney Island, cette invraisemblable plage au Sud de New York qui dans les années 50 a fait la joie des classes populaires parce qu'aux plaisirs de la station balnéaire s'ajoutait les divertissements de la fête foraine. Les couleurs, la lumière, un régal pour tous les nostalgiques, y compris ceux qui n'ont jamais été à Coney Island et se sont contentés de l'imaginer.
08 février 2018
Thomas Flahaut : Ostwald
Oui, j'ai un peu de mal à sortir de ma zone de confort (la littérature américaine) pour aller vers la littérature française que je trouve presque toujours trop intimiste.
Mais le roman de Thomas Flahaut sort de l'ordinaire puisqu' il imagine ce qui se passerait, si, à la suite d'une légère secousse sismique, la population autour de la centrale de Fessenheim devait être évacuée.
Parmi les habitants de la zone, il y a Noël et son frère Félix, qui se retrouvent dans un camp dressé à la hâte et gardé par des militaires. Ils parviennent à s'enfuir et commence alors pour eux une longue et décevante errance, de Belfort à Strasbourg.
Le sujet, la vie ou plutôt la survie après un "incident" nucléaire, n'est pas nouveau. Mais il s'approche ici plus de la réalité que de la science fiction, d'une part avec des paysages précisément situés et décrits, d'autre part avec des personnages très ordinaires auxquels le lecteur peut facilement s'identifier. L'écriture sobre et sèche - une accumulation de phrases courtes - est parfois un peu lassante, bien qu'elle vise à accentuer le réalisme du récit et son objectivité.
Toujours est-il que le roman ne prend tout son sens qu'à la fin, lorsque parvenu à la fin du récit, on s'interroge sur le chapitre liminaire qui fait allusion à la fermeture d'Alstom.
"Une usine ferme. la ville qu'elle faisait vivre agonise. La ville meurt.
Et l'idée de la voir s'effondrer, cette ville, avec toutes ses pierres, ses voitures ets ses habitants, l'idée du vide qui viendrait après sa mort, du néant replié sur toutes ses rues et ses existences, alors me hante. "
Le récit post-nucléaire transpose sur le plan métaphorique la tragédie que représente pour une ville, la fermeture d'une usine. Dans les deux cas il s'agit de trouver comment survivre.
Thomas Flahaut, Ostwald, Editions de l'Olivier, 24 août 2017
07 février 2018
Prix Hasselblad Master
En cherchant quelques informations sur Maria Svarbova, j'ai découvert deux autres photographes, primés aussi par Hasselblad. Deux photographes dans des catégories bine différentes :
Benjamin Everett dans la catégorie "Paysage"
Kamilla Hanapova dans la catégorie "Architecture"
Et ne me demandez pas de choisir entre les deux parce que je risque de choisir ... l'architecture!
06 février 2018
Maria Svarbova
Trois photos et un lien pour se faire une idée du travail de Maria Svarbova, une photographe slovaque qui vient d'obtenir le prix Masters Hasselblad dans la catégorie Art.
05 février 2018
Après Last Flag Flying et Pentagon Papers, un troisième film américain, sobrement intitulé America.
Il s'agit d'un documentaire de Claus Drexel réalisé à l'arrache dans les semaines qui ont précédé et suivi l'élection du 45e président des Etats-Unis.
Claus Drexel, le réalisateur chargé de la prise de son et Sylvain Leser chargé de la photographie, se sont arrêtés à Seligman, une petite ville de l'Arizona qui ne compte que quelques centaines d'habitants; ils y ont passé beaucoup de temps à faire parler des gens de toutes sortes, dont les propos laissent le spectateur souvent pantois ! La plupart des personnes interrogées - mais pas toutes - font partie de l'électorat de T. Ils sont attachés à leurs armes autant qu'au droit d'en user parce que ce droit représente leur seule liberté et marque leur défiance vis à vis de l'Etat et de ceux qui les gouvernent en général. Pauvres, sans éducation, cabossés par la vie, sans perspective d'avenir, ils sont à la fois repoussants et touchants, parce que "bruts de décoffrage". Claus Drexel, qui mène avec une extrême discrétion ces entretiens se garde bien de les juger. Il se contente de les faire parler. Pour essayer de comprendre.
America n'est pas un document sociologique, monté autour d' échantillons représentatifs calculés à partir de données statistiques. Non, Claus Drexel et Sylvain Leser ont plutôt choisi des "gueules", des personnalités marquantes, et se sont arrêtés juste avant la caricature. Car il s'agit avant tout de faire comprendre ce qui s'est passé en 2016 autx Etats-Unis. Bien sûr, la littérature américaine - je pense à Willy Vlautlin, Iain Levison, Russel Banks, Willey Cash et tant d'autres - a largement mis en scène ces laissés pour compte de l'Amérique. Et les lecteurs n'ont pas été totalement surpris par le résultat des élections car la fiction s'inspire toujours de la réalité qu'elle explique souvent mieux que les rapports dont les politiciens disposent.
Mais l'avantage indéniable du film de Claus Drexel, c'est d'ajouter à la peinture du réel, la qualité de la photographie : Sylvain Leser sait à merveille capter ces visages burinés, ces corps fatigués, les attitudes révélatrices. Le montage qui alterne portraits, photos fixes composées comme des natures mortes et vastes perspectives sur les paysages somptueux autour de Seligman, donne son rythme au film, en ménageant des moments de repos visuels entre deux interviews. La beauté et l'immensité de ces espaces naturels devenus iconiques, comme Monument Valley ou Grand Canyon, font paraître plus noir encore le contexte économique et social dans lequel se débattent les habitants de Seligman. Loin, très loin des mirages de Hollywood comme des salons de Washington, de Boston ou de New York !
PS : la sortie du film est prévue pour le 14 Mars. Au Méliès bien entendu.
04 février 2018
You have come a long way, baby
"Nous en avons fait du chemin depuis ! " C'était la conclusion de mon précédent billet. Celui sur les Pentagon Papers.
En anglais : "You have come a long way, baby", un slogan qui m'a toujours amusée !
Pas bien la publicité pour les cigarettes ! C'est vrai ! Mais c'est la situation initiale, la photo en noir et blanc qui est drôle. Et sa légende !
Traduction : "Quand après le dîner on passait les cigares et que les discussions politiques commençaient, elle se levait gracieusement et conduisait les femmes au salon. "
La scène est reproduite dans le film de Spielberg, à quelques détails vestimentaires près, preuve que si les modes changent vite, la condition des femmes change un peu moins vite. Mais depuis 1971, quand même, on en a fait du chemin !
C'était mon couplet féministe. Pas pu m'en empêcher !
The Pentagon Papers
Le film de Steven Spielberg met en lumière des événements qui, avec le recul paraissent absolument déterminants à bien des égards. Et c'est tout l'art du réalisateur de montrer, dans un même film les différents enjeux de ces Pentagon Papers.
Sur le plan politique, la publication du rapport commandé par Robert Mc Namara avant son départ du poste de Secrétaire à la Défense montrait l'implication des Etats-Unis au Vietnam, et l'engagement de troupes de plus en plus nombreuses alors même que l'impossibilité de gagner cette guerre relevait de l'évidence. La révélation des mensonges de l'Etat n'a fait que renforcer les doutes des opposants à la guerre sur sa nécessité.
Le film est ainsi l'occasion de révéler le rôle du premier lanceur d'alerte, Daniel Ellsberg, accusé par le gouvernement américain de conspiration et d'espionnage, mais dont le procès aboutit à un non lieu quand il a été découvert que les "agents" qui avaient cambriolé le cabinet de son psychiatre étaient les mêmes que ceux qui avaient joué les "plombiers" dans les couloirs du Watergate. L'histoire de ce procès - qui n'est pas dans le film - ferait sans doute un bon scénario.
Mais le film de Spielberg dit surtout le rôle de la presse - tous journaux confondus - qui jouait alors son véritable rôle de contre-pouvoir voulu par les fondateurs de la démocratie. Et ce en dépit des pressions, en dépit des risques, juridiques ou financiers. En dépit également des rivalités entre le New York Times, premier bénéficiaire des fuites, et le Washington Post qui a pris la relève lorsque le NYT a été bloqué sur l'ordre de Nixon. Cet éloge de la liberté de la presse prend hélas aujourd'hui figure de plaidoyer, peut-être même d'éloge funèbre... en tout cas aux Etats-Unis.
Reste un autre thème abordé par le film : le rôle de Kay Graham, la propriétaire et directrice du film, celle qui devra assumer la responsabilité juridique (et financière) si le journal est interdit. Or Mme Graham a plus vécu dans les salons mondains de Washington que dans les salles de rédaction. Ce n'est qu'à la mort de son mari qu'elle prend la relève et le film montre bien les doutes et les appréhensions d'une femme qui se sait encore peu expérimentée dans ce monde de la presse et de la politique qui est alors presque exclusivement masculin, puisqu' à la fin des dîners mondain, les femmes se retirent pour "papoter" et laisser les hommes "discuter affaires et politiques".
Oui ce monde a existé mais ... nous en avons fait du chemin depuis !
03 février 2018
Hiromi Kawakami, Soudain j'ai entendu la voix de l'eau
Un deuxième roman japonais dans la même semaine, c'est peut-être un peu trop. Et je n'ai pas fait grand cas de celui-là. Tout en lui reconnaissant un certain charme. Celui de l'exotisme sans doute, un mode de vie et de pensée différent du mien.
Mais j'avoue que les histoires de famille ne me passionnent pas vraiment et que les relations passablement troubles entre les différent personnages m'ont laissée de glace.
Mais on n'est pas obligé d'aimer tous les livres.
02 février 2018
01 février 2018
Last Flag Flying
Ils sont trois, trois vétérans du Vietnam qui ont vécu le pire. C'était il y a longtemps. Depuis il y a eu d'autres guerres, en Irak, en Afghanistan. Mais lorsqu'on prévient "Doc" que le cadavre de son fils tué au combat va être rapatrié, c'est vers ses deux anciens copains qu'il se tourne. Il ne les as pas revus depuis longtemps et les retrouvailles sont surprenantes : l'un est devenu barman, alcoolique, grande gueule, toujours prêt à faire le coup de poing et s'affranchir des règles; l'autre a renoncé aux excès de sa jeunesse pour devenir prêcheur pour une poignée de paroissiens. Un trio de personnages qui ferait presque cliché.
Construite autour de ces trois personnages, l'intrigue navigue cahin-caha entre tragédie et loufoquerie selon un schéma qui est grosso celui d'un road-movie, mais, et c'est là tout l'intérêt du film, Richard Lintlaker, le réalisateur, parvient à dénoncer la guerre, sa stupidité et son cortège d'horreurs, tout en faisant l'éloge de l'esprit de corps acquis à l'armée. "Semper fi", c'est la devise du corps des Marines américains qui ont la réputation de ne jamais abandonner l'un des leurs. Ni sur le champ de bataille, ni dans la vie civile.
En fin de compte, Sal, Richard et Larry, liés à jamais par une solidarité acquise à la guerre, incarnent face à l'armée, un esprit de désobéissance que n'aurait pas désavoué Thoreau. Ce que, pour ma part, j'ai trouvé fort réjouissant.
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