Après Last Flag Flying et Pentagon Papers, un troisième film américain, sobrement intitulé America.
Il s'agit d'un documentaire de Claus Drexel réalisé à l'arrache dans les semaines qui ont précédé et suivi l'élection du 45e président des Etats-Unis.
Claus Drexel, le réalisateur chargé de la prise de son et Sylvain Leser chargé de la photographie, se sont arrêtés à Seligman, une petite ville de l'Arizona qui ne compte que quelques centaines d'habitants; ils y ont passé beaucoup de temps à faire parler des gens de toutes sortes, dont les propos laissent le spectateur souvent pantois ! La plupart des personnes interrogées - mais pas toutes - font partie de l'électorat de T. Ils sont attachés à leurs armes autant qu'au droit d'en user parce que ce droit représente leur seule liberté et marque leur défiance vis à vis de l'Etat et de ceux qui les gouvernent en général. Pauvres, sans éducation, cabossés par la vie, sans perspective d'avenir, ils sont à la fois repoussants et touchants, parce que "bruts de décoffrage". Claus Drexel, qui mène avec une extrême discrétion ces entretiens se garde bien de les juger. Il se contente de les faire parler. Pour essayer de comprendre.
America n'est pas un document sociologique, monté autour d' échantillons représentatifs calculés à partir de données statistiques. Non, Claus Drexel et Sylvain Leser ont plutôt choisi des "gueules", des personnalités marquantes, et se sont arrêtés juste avant la caricature. Car il s'agit avant tout de faire comprendre ce qui s'est passé en 2016 autx Etats-Unis. Bien sûr, la littérature américaine - je pense à Willy Vlautlin, Iain Levison, Russel Banks, Willey Cash et tant d'autres - a largement mis en scène ces laissés pour compte de l'Amérique. Et les lecteurs n'ont pas été totalement surpris par le résultat des élections car la fiction s'inspire toujours de la réalité qu'elle explique souvent mieux que les rapports dont les politiciens disposent.
Mais l'avantage indéniable du film de Claus Drexel, c'est d'ajouter à la peinture du réel, la qualité de la photographie : Sylvain Leser sait à merveille capter ces visages burinés, ces corps fatigués, les attitudes révélatrices. Le montage qui alterne portraits, photos fixes composées comme des natures mortes et vastes perspectives sur les paysages somptueux autour de Seligman, donne son rythme au film, en ménageant des moments de repos visuels entre deux interviews. La beauté et l'immensité de ces espaces naturels devenus iconiques, comme Monument Valley ou Grand Canyon, font paraître plus noir encore le contexte économique et social dans lequel se débattent les habitants de Seligman. Loin, très loin des mirages de Hollywood comme des salons de Washington, de Boston ou de New York !
PS : la sortie du film est prévue pour le 14 Mars. Au Méliès bien entendu.
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