17 septembre 2018

Juan Carlos Méndez Guédez, Les Valises

Juan Carlos Méndez Guédez a quitté le Venezuela depuis un certain temps puisqu'il vit à Madrid depuis 1996. Mais son roman évoque le Venesuela d'hier comme celui d'aujourd'hui, bien mieux que n'importe quel reportage bien intentionné, parce que son roman fait vivre ce pays de l'intérieur, comme si on y était ! Sans bouger de son fauteuil.
Avant d'être un témoignage sur l'état de déliquescence de ce pays, Les Valises est un formidable roman, policier par sa trame, kafkaïen par ses personnages - à moins que ce ne soit l'inverse - un roman loufoque susceptible de faire rire n'importe quel lecteur, mais d'un rire passablement grinçant.


Donizetti, simple rédacteur d'un journal au service du gouvernement est un brave type, un gentil dont la vie de famille entre son ex,  son fils, sa nouvelle compagne, la fille de celle-ci, sa maîtresse à venir ...  est quelque peu embarrassée. Il accepte donc sans rechigner, pour rendre service mais contre rétribution, de transporter des valises d'un bout à l'autre du monde sans trop se poser de questions. Manuel, ex-boxeur, ex-animateur radio, mais surtout indéfectible ami lui prête main forte quand la nécessité s'en fait sentir; et c'est souvent le cas.

Aussi invraisemblable que paraisse la situation initiale, elle n'en perdure pas moins avec toutes sortes de rebondissement qui ancrent le roman dans le bizarre et le fantastique, mais un fantastique diablement réaliste.  Parce qu'au fond, le roman de Juan Carlos Méndez Guédez est un grand roman politique : abus de pouvoir, rôle des militaires, interventions du pays ami, dont on ne peine pas à deviner le nom, corruption et compromissions en tous genres. On en rit tout en sachant que c'est ce qui a conduit le Vénézuela à sa perte.

Aucun commentaire: