24 décembre 2018

Une affaire de famille

Ah! la famille .... au moment où se multiplient les fêtes de familles, réunions enjouées ou contraintes, chaleureuses ou acerbes, entre miel et vinaigre, le film de Kirokazu Kore-eda est particulièrement réjouissant ! Parce que la "famille" que met en scène le réalisateur n'est en rien banale et l'on met un certain temps à comprendre quels sont les liens qui unissent véritablement les membres de cette prétendue famille, lorsqu'arrive, récupérée par un jour de grand froid sur un balcon du voisinage, la "petite dernière", une petite fille maltraitée et délaissée par ses géniteurs "biologiques".

Presque tous les films de Kore-Eda parlent de l'enfance et de la famille, parlent de la difficulté à associer ces deux mots.  Mais là il va plus loin, en faisant dire à l'un de ses personnages : Peut-on être mère sans accoucher ? ou ce qui revient au même, la femme qui accouche est-elle nécessairement une mère ? Une question qui rejoint la réflexion d'Elisabeth Badinter sur l'instinct maternel et qui concerne aussi bien les mères que les pères.


Cette famille atypique, qui vit d'expédients, d'escroqueries et de petits larcins peut-elle constituer une famille alors même qu'ils n'existe aucun lien de sang entre ses membres qui ne sont unis , aux dires mêmes de Kore-Eda, que par le crime. Choisir sa famille, dit-il encore, cela évite de faux-espoirs. Et l'on comprend que cette critique de la famille et plus généralement de la société japonaise, habituellement si lisse, si normée, puisse déranger tous ceux qui, ici ou là-bas, sacralisent les liens du sang et la bonne morale, incarnée dans le film, par des services sociaux irréprochables qui, au terme de leur enquête,  finissent par restituer la petite fille à ses parents biologiques et ... maltraitants !

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