28 mai 2023

l'Odeur du vent

 

Pas sûr que le film de Hadi Mohagheg obtienne le nombre de spectateurs qu'il mérite parce que son tempo n'est pas celui de l'Occident :  c'est un film lent, très lent, mais une fois qu'on a pris le rythme, qu'on s'est inscrit dans cette durée, le film prend toute sa force. Et l'on est rapidement sous le charme. 

Sous le charme des paysages iraniens admirablement cadrés, paysages arides, rocailleux le plus souvent , vides surtout de toute habitation. On pense inévitablement à Kiarostami et on se dit que ces paysages parfois austères, parfois très doux,  ressemblent aux premiers matins du monde, ou plutôt de l'humanité. Mais c'est d'électricité qu'il s'agit et d'un ingénieur qui vient tenter de réparer la panne. qui met en difficulté un infirme et son fils.  Le film devient alors odyssée car la recherche de la pièce manquante est loin d'être facile et il faut toute la ténacité de l'agent de la compagnie électrique pour affronter et surmonter sans faillir tous les obstacles qui font de sa journées et de la suivante un véritable chemin de croix. Le temps desormais ne compte plus parce que l'accumulation des péripéties crée un véritable suspens, sans que l'on puisse jamais anticiper sur la prochaine. L'attention se porte alors sur le véritable sujet du film, la raison pour laquelle l'homme poursuit sa mission  et qui tient en peu de mots : générosité, altruisme, humanité. Une humanité partagée avec tous ceux qui l'aident sur son chemin, ou à qui lui même vient en aide.  

L'odeur du vent est un film presque sans parole en dehors des salutations ou des questions purement fonctionnelles pour localiser la douille susceptible de remplacer la pièce défaillante. Parce que la bonté - oui le terme paraît presque désuet - se passe de discours et n'attend pas de remerciements. Le film de Hadi Mohagheg est certainement le film le plus profond et le plus émouvant que j'ai vu récemment. C'est un film lumineux, c'est un film d'espoir.


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