Une autre image. Trois, non quatre goélettes dont l'une penche dangereusement sur babord. Elles sont prises par la glace; un brouillard givrant tombé dans la nuit a couvert les ponts, les mâts, les cordages; les hommes ont débarqué; une chaloupe a été mise à l'eau, sans doute pour essayer de trouver une voie. La situation, c'est le moins qu'on puisse dire est périlleuse...
Le secours viendra peut-être des populations indigènes qui elles, se déplacent dans des pirogues longues et fines, plus rapides et sans doute plus faciles à diriger entre les glaces ... Mais il n'est pas sûr que le couple, très occupé à s'embrasser, ait aperçu les équipages en détresse....
Quel sera le sort des marins si personne ne vient à leur secours. Faut-il envier celui qui survit, seul dans ce désert glacé ? La neige a déjà recouvert les cadavres de trois de ces compagnons. Le quatrième gît sur le dos, il a cessé de respirer. Le voici seul rescapé, indifférent aux reflets bleutés de l'eau et de la glace, indifférent aux draperies lumineuses de l'aurore boréale loin derrière les montagnes. A quoi me sert la beauté du monde puisque je vais mourir...
François-Auguste Biard a peint ces tableaux. Il en a peint beaucoup d'autres, d'un genre très différents. Après le Spitzberg, il avait pris goût aux voyages, proches ou lointains. Il a vécu au Brésil. Il a peint la jungle et les Indiens d'Amazonie. Il était curieux du monde et des autres. Il a envoyé des huissiers constater la présence de sa femme dans le lit de Victor Hugo. Elle a été mise en prison. Puis au couvent. Ils se sont séparés. Il s'est remarié. Il a continué de peindre. Elle a écrit des livres.
L'exposition du Musée Hébert consacrée à François-Auguste Biard présente bien d'autres tableaux du peintre, des scènes de genre pour la plupart. C'est un peintre du XIXe , relativement classique, mais certains de ses tableaux sont apparemment propices à piquer la curiosité du spectateur et enflammer son imagination bien au-delà de la toile !
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