Mais Chacabuco c'est une toute autre histoire. Infiniment tragique.
Parce que Chacabuco est devenu, en 1973, un camp de concentration.
Chacabuco avait cette particularité d'être le seul "campamento" construit à l'intérieur d'une enceinte totalement fermée. Il suffisait d'ajouter des barbelés, quelques miradors, quelques gardes armés et de disposer des mines tout autour du camp pour prévenir toute tentative d'évasion. Comme si l'aridité du désert n'était pas suffisamment dissuasive !
C'est donc à Chacabuco qu'ont été déportés, emprisonnés, torturés et pour finir souvent tués ceux dont l'idéal politique ne pouvait s'accommoder de la dictature de Pinochet.
Chacabuco se visite. Nous l'avons donc visité, mais pour une fois ce ne sont pas les friches industrielles qui ont le plus retenu notre attention.
Sous un soleil de plomb, et dans le hurlement des hauts parleurs qui diffusaient les meilleurs rocks d'Elvis Presely (sic !) nous avons longuement arpenté le "camp de prisonnier politique" dont l'emplacement était indiqué par un panneau.
J'aime beaucoup Elvis Presley, mais dans un camp de concentration, même désaffecté, sa musique a quelque chose d'obscène. Comme sont obscènes les mots écrits en espagnol, en anglais, ou en français écrits sur les panneaux et les dépliants distribués aux touristes :
"encarcelados y aislados del mundo dieron nuevamente vida a este lugar"
"under arrest and isolated from the world, these prisoners gave new life to this place"
"Délimité par des fils de fer barbelés, des mines antipersonnelles et des tours de garde,
ce lieu a connu une nouvelle vie."
Une nouvelle vie, a new life, dar nuevamente vida ... quelle que soit la langue, ces mots ne s'accordent pas avec Chacabuco, pas plus que la musique d'Elvis Presley !ce lieu a connu une nouvelle vie."
D'ailleurs à Chacabuco, je n'ai pratiquement photographié que des portes, des fenêtres, des perspectives, des échappées. Jusqu'à l'obsession.
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