Kevin Powers est originaire de Richmond en Virginie, mais un
seul chapitre de Yellow Birds se situe dans cette ville. Car c’est d’une autre Amérique que parle
Powers. Il parle de l’Amérique de Bush, de l’Amérique en guerre. L’essentiel du
roman se passe en effet en Irak dans la province de Ninawa où l’armée
américaine s’acharne à prendre et reprendre la ville d’Al Tafar.
Engagé volontaire, Bartle est l’ami de Murphy qu’il a
rencontré au cours de l’entraînement précédant leur départ; il lui a promis de le ramener
vivant au pays… Mais qu’est-ce qu’une promesse en temps de guerre ?
Situé entre Décembre 2003 et Avril 2009 , le roman procède en fait par allers et retours successifs entre la période d’entraînement, les combats de
l’automne 2004, le retour de Bartle et
son emprisonnement. Et se déplace en conséquence d’un lieu à un autre. Cette fracturation temporelle et spatiale s’accorde parfaitement avec ce que l’auteur tente de nous
faire comprendre et surtout ressentir : les deux jeunes gens - l’un n’a
pas même 20 an – évoluent dans un monde morcelé, cahotique, réduit le plus
souvent à l’instant présent où rien n’a de sens. Comme des billes de métal dans
un billard électrique. Ils ne contrôlent en rien leur destin. Et absorbent les horreurs de la guerre, celles qu'ils subissent, celles dont ils sont les témoins ou celles qu'ils commettent dans la pure immédiateté des sensations.
Yellow birds
n’est pas le premier roman sur la guerre, ni même le premier roman sur la
guerre d’Irak, mais c’est un grand roman parce qu’il s’adresse à l’intelligence
autant qu’au cœur. Le récit est en
partie autobiographique ; cependant la volonté de témoigner ne suffit pas
à faire un bon livre. La littérature est
plus exigeante et ne se contente pas d’un récit au premier degré, aussi
poignant soit-il. Kevin Powers parle de
ce qu’il connaît, mais de cette matière
brute il a su faire un vrai et beau roman.
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