27 mars 2015

Ojoloco : cinéma espagnol

La sélection espagnole d' Ojoloco faisait la part belle aux reprises avec deux films de Pedro Almadovar (La Fleur de mon secret et Femmes au bord de la crise de nerf) et un film de Carlos Saura (Peppermint frappé), tous en copies restaurées.

Mais il y avait aussi des films moins connus comme Chuecatown, (Boystown pour sa version internationale).  Le film (étiqueté LGBT) n'est pas toujours très fin, mais assez drôle et pose, mine de rien, la question de la gentrification du quartier de La Chueca à Madrid et de ses conséquences sur sa population d'origine, personnes âgées aux revenus modestes dont un agent immobilier cherche à récupérer les appartements pour en faire des lofts stylés, des bars branchés ou des boutiques très "hip".  Le thème pourrait être grave, mais le film reste divertissant parce que le réalisateur, Juan Flahn, a choisi de le traiter sur le mode burlesque.


La Isla Minima (Marshland) d'Alberto Rodriguez est d'un tout autre registre. On est au Sud de l'Espagne, peu après la mort de Franco. Deux détectives arrivent de Madrid pour enquêter sur les meurtres, particulièrement sordides, de plusieurs adolescentes.  L'enquête est bien entendu au coeur du film, mais rapidement le spectateur se soucie moins de sa résolution que de l'atmosphère du film.
Le choix du décor - des fermes isolées au milieu d'un labyrinthe de marais et de routes gravillonnées -, l'image un peu sale façon "technicolor", la dégaine des deux policiers, si différents l'un de l'autre, chaque image, chaque plan, chaque séquence semble travaillée pour replonger le spectateur dans l'ambiance délétère de l'Espagne post-franquiste. Franco est mort en 1975, mais les dictatures marquent les esprits longtemps après qu'elles ont disparu; elle laissent des séquelles, des habitudes de méfiance, de dissimulation ...
La Isla Minima n'est pas seulement un bon thriller, c'est un excellent film politique !



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