30 août 2016

Les Bench


Ils vivent dans le Sud de l'Ethiopie. Ils vivent dans des maisons de terre dont ils  (elles, plutôt) décorent les murs avec des dessins géométriques




 Ce sont les Bench. Hans Silvester les a photographiés. Les photos étaient exposées à la Chapelle du Méjean à Arles.


 





28 août 2016

Sieranevada


Depuis quelque temps, le cinéma roumain fait son apparition sur nos écrans et c'est plutôt réjouissant. Cela nous rappelle qu'il peut exister un cinéma sans prétention, sans effets, mais un cinéma qui a quelque chose à dire.

De quoi s'agit-il dans le film de Cristi Puiu, Sieranevada ? Certainement pas de la Sierra Nevada, ni même de l'Espagne ou de montagne. Non. Il s'agit d'un rite funéraire orthodoxe qui se tient 40 jours après la mort du défunt. Celui qui est mort en l'occurrence est le patriarche et toute la famille se réunit autour de la veuve, en attendant le Pope qui doit venir bénir les offrandes qui seront ensuite distribuées aux voisins. C'est en tout cas ce que j'ai cru comprendre.



Plus que le rite funéraire, ce qui importe dans le film c'est la réunion de famille, et les tensions qui existent entre les différents membres, comme dans toute famille, qu'elle soit roumaine ou pas.  Au fur et à mesure qu'apparaissent les divergences, les incompatibilités, on se dit que cette famille est juste le reflet de la société roumaine où s'affrontent encore anciens communistes, croyants traditionnels, jeunesse perdue ....

Filmé dans l'espace exigüe d'un appartement dont les portes ne cessent de s'ouvrir et de se fermer au gré des disputes et des réconciliations, Sieranevada fait parfois penser au nouveau cinéma des années 60. L'impression d'enfermement est forte, puisque faute d'espace, la caméra est toujours au plus près des personnages sans cesse contraints de se déplacer pour laisser passer une autre personne. Peu de séquences en extérieur- et même dehors, l'écran est encombré d'obstacles :  voitures, engins de chantiers etc. Une mise en scène sobre mais efficace pour mettre en valeur le propos du film, c'est ce que l'on peut attendre de mieux du cinéma, non ?
Certes le film est un peu long, un peu lent : on attend le Pope, qui arrive bien sûr en retard,  dans la cuisine tout est prêt mais pas question de commencer le repas avant la bénédiction, on se met à table pour se relever aussitôt, changer de place... on a faim, on s'énerve, le bébé pleure, les portes s'ouvrent, se ferment. Trois, et même quatre générations sous un même toit, ça fait forcément du bouzin.

27 août 2016

Stefan Zweig, Adieu à l'Europe.


Dans le même été, deux biopics sur des écrivains, c'est plutôt inhabituel. Mais qui s'en plaindrait ? Après tout le cinéma a toujours eu besoin de la littérature et qu'il consacre quelques films à parler des écrivains, ce n'est jamais qu'un prêté pour un rendu.



Classique dans sa mise en scène et même un peu formel le film sur Stefan Zweig n'apportera sans doute rien à ceux qui savent tout de Zweig (comme certain critique du Monde !) et préfèrent de toute façon se reporter à ses livres. Mais en choisissant de ne s'intéresser qu'aux années d'exil de l'écrivain,  qui dès 1936 a fui l'Europe pour se réfugier de l'autre côté de l'océan, Maria Schrader a délibérément choisi de faire porter son film sur l'exil, sur la difficulté d'être coupé de ses amis, de son univers culturel.
En déplacement perpétuel entre Rio et Buenos Aires, entre New York et Petropolis, Zweig, bien que sans cesse sollicité par ceux qui réclament son aide et ceux qui profitent de sa notoriété, est seul, terriblement seul.
Il est fait plusieurs fois allusion dans le film à son essai sur Erasme cet humaniste déchiré en son temps par le clivage religieux et les luttes qui mettaient à mal son idéal européen, cet intellectuel épris, comme lui, de tolérance et de dialogue.  Ce livre est je crois une clef pour comprendre Zweig et son refus des affrontements auxquels il a préféré l'exil, quel qu'en soit le prix.

Le film de Maria Schrader n'est pas une hagiographie, ce n'est que le portrait d'un homme ordinaire, un grand intellectuel, généreux jusqu'à un certain point, usé par la vie et sans espoir pour les temps à venir. Le film, avec ses changements permanents de langues souligne aussi ce que le monde de Zweig pouvait avoir de cosmopolite.

Je ne sais pas qui ira voir ce film; sans doute ceux qui ont déjà lu Zweig, peut-être juste une de ses nouvelles ou un de ses courts romans, ou bien encore Le Monde d'hier. : souvenirs d'un Européen. Dans ce cas, ils retrouveront - ou pas - le Zweig dont ils se sont fait une idée. Mais ce serait bien si ce film pouvait toucher ceux qui n'ont jamais lu Zweig et le découvriront à cette occasion.

Trois images

Juste pour le plaisir ...





L'atelier de la formation, à l'entrée du Parc SNCF




26 août 2016

Colonia

Cette jeune fille qui "par amour" vient se jeter dans la gueule du loup, en l'occurrence la colonie sectaire transformée en camp d'internement et de torture par les sbires de Pinochet, on n'y croit pas beaucoup.
Mais que cette colonie ait existé, qu'une ordure telle que Paul Schâfer ait pu pendant si longtemps et au su de tous diriger ce camp d'illuminés et abuser de son pouvoir pour satisfaire ses penchants pédophiles, cela on est bien obligé d'y croire puisque c'est la vérité historique.  L'effroi naît de cette vérité là et du fait que le dictateur chilien ne s'est pas contenté de tolérer  cette "colonie de la dignité", mais l'a utilisée pour y faire emprisonner les opposants au régime, et profiter si ce n'est de la complicité au moins de l'indulgence de l'ambassade allemande pour se faire livrer des armes, y compris chimiques.

En essayant de jouer à la fois sur une trame romanesque et une trame documentaire, Florian Gallenberger n'a peut-être pas réussi un grand film cinématographiquement parlant, mais son film a le mérite d'attirer l'attention sur ce qui s'est passé au Chili dans les années 70 et 80.

25 août 2016

Les Plaisirs d'Arles






Malgré les chaises longues proposées aux visiteurs, le parcours - en deux jours - de la totalité des expos photos est épuisant ! D'autant que le plaisir d'un séjour à Arles ne tient pas seulement aux rencontres photographiques. Il tient au charme de la ville elle-même que l'on ne cesse de parcourir, à pied exclusivement.



Plaisir d'arriver aux ateliers SNCF et de retrouver les vestiges de l'atelier des forges, à demi transformés seulement. Il serait dommage d'oublier que les friches industirelles et les chapelles en ruine ont fait beaucoup pour le succès du festival.

Plaisir de retrouver le Capitole, mon lieu préféré, qui malgré les changements, garde dans ses murs le souvenir de la chapelle puis du cinéma qu'il a été.

Plaisir aussi de découvrir chaque année des lieux nouveaux, comme la Fondation Manuel Rivera-Ortiz..., installée dans un vieil immeuble, ancien hôtel particulier de la famille Blain.



S'éloigner à peine du centre pour se perdre dans le labyrinthe de La Roquette, traverser le pont pour faire un tour du côté de Trinquetaille, marcher le long du Rhône quand le Mistral ne souffle pas trop fort... autant de plaisirs que l'on peut s'offrir entre deux expos. 




Attendre une amie dans le hall de son hôtel et se dire qu'il a, comme le nôtre, beaucoup de charme, un charme un peu décati bien dans l'air du temps



Et pendant qu'on y est, pousser la porte de l'hôtel Jules César pour admirer le sens des couleurs de son décorateur : Christian Lacroix


Non décidément, deux jours à Arles ce n'est pas suffisant ! 



Arles 2016 : pêle mêle



Le chantier de la Fondation Luma est passablement avancé et la tour conçue par Frank Gehry atteint déjà une belle hauteur. Fin du chantier prévu pour 2018. 
D'ici là, il reste encore pas mal de photographes à découvrir ...des photographes parfois très engagés comme ...


 Zanèle Miholi, photographe sud-africaine et militante LGTB, dont les auto-protraits très étudiés sont franchement étonnants.



ou Laia Abril qui a entrepris une "histoire de la mysoginie" dont le premier chapitre est consacré à l'avortement. Etrange coïncidence, c'est dans cette salle, à côté d'un tas de cintres métalliques dont on connaît l'usage, qu'un jeune couple avait choisi de s'arrêter pour s'occuper de leur bébé. Presque une provocation !




Les paysages photographiés par Yann Morvan, connu comme photographe de guerre, sont si paisibles qu'ils seraient presque insignifiants, si ce n'était le cartel qui en précise le lieu et une date, qui n'est pas celle de la photo.  Il s'agit en fait d'un répertoire des lieux de batailles les plus sanglants de l'histoire de l'humanité !Le paysage a-t-il gardé les traces de ces tueries ? parfois, mais pas toujours.
Massacre de Wounded Knee, 29 Décembre 1890.


Massacre de Wounded Knee, (South Dakota)  29 Décembre 1890.

Quant à l'exposition collective intitulée Nothing but blue skies elle replonge immédiatement le visiteur dans l'effroi du 11 Septembre 2001 et la surréaction des médias.


Une dernière expo avant de prendre le train. A côté de la gare, un nouveau lieu Ground Control propose un aperçu de la production cinématographique du Nigeria. Passablement dépaysant.



24 août 2016

Arles 2016 : du côté des visiteurs

Parfois les visiteurs sont aussi intéressants à regarder que les photos sur les murs.










22 août 2016

Arles 2016 : William Kentridge

Avec Wiliam Kentridge - ma grande découverte de l'été - on quitte le domaine de la photo proprement dit pour celui de ....d'une oeuvre aussi étonnante qu'indéfinissable.

Il faut imaginer une grande salle noire, quelques chaises et une succession de panneaux sur lesquels défilent en continue des personnages que la lumière transforme parfois en ombres chinoises. On reconnaît une fanfare, des porteurs de cercueils, on pense à une procession funéraire mais plutôt façon Nouvel Orléans, ou alors une danse macabre comme on en peignait autrefois sur les murs des églises. On pense aux lanternes magiques que l'on faisait tourner pour créer l'illusion du mouvement. On pense ...
C'est théâtral, c'est drôle, c'est absolument magique !






21 août 2016

Arles 2016 : Kazuo Ono par Eikoh Hosoe et William Klein


Les photographes japonais sont toujours très présents sur les cimaises d'Arles.
Cette année le festival associe deux photographes, Eikoh Hosoe et William Klein  autour d'un même sujet : Kazuo Ohno. Kazuo Ohno est un danseur et chorégraphe japonais qui dans les années 60 a été l'un des fondateurs du Bûto, cette danse qui joue sur les émotions profondes, une gestuelle lente plus qu'une chorégraphie traditionelle.

Le parcours photographique propose ainsi plusieurs fils de découverte, que l'on s'intéresse particulièrement à l'un ou l'autre photographe, au danseur ou bien encore au Butô. 


 
Qu'ils s'agisse de Eikoh Hosoe (ci-dessus) ou de Wiliam Klein (ci-dessous) le résultat est étonnant.
Des photos en noire et blanc (encore !) très contrastées et ce personnage étrange, presque inquiétant, dont ne ne sait ne ce qu'il fait ni où il va.


Les photos sont d'autant plus fascinantes qu'elles donnent l'impression que c'est  à celui qui la regarde d'en définir le sens. Comme une porte ouverte sur l'imaginaire.

20 août 2016

Arles 2016 : Don McCullin

La guerre et la misère. Et forcément, le  noir et blanc.
Partout où règnent la guerre et la misère, Don McCullin a traîné ses bottes. Mais la guerre et la misère étant les mêmes partout, ses photos ont forcément un air de déjà vu. Et pourtant, quelle force, quelle puissance ! Qui n'est pas sans rappeler la poussée vers le réalisme des écrivains du XIXe siècle.

Les Misérables, 1862 ?
Germinal 1885 ?
Non: Petit matin à West Hartlepool,  Comté de Durham, 1963
 


Les photos de McCullin présentées à Arles ne datent pas d'hier, mais elles ont gardé tout leur pouvoir de suggestion.

Parmi les photos présentées à Arles, plusieurs ont été prises pendant la construction du mur de Berlin et l'on scrute en vain ces visages, plus curieux qu'inquiets, pas vraiment réjouis non plus, sourires un peu coincés...
Allemands de l'Est regardant à l'Ouest ou allemands de l'Ouest regardant à l'Est ?

Réponse 1.
Mais l'on ne saura jamais ce qu'il y avait dans leur tête à ce moment là. Et ensuite ? Que sont-ils devenus ? Certains d'entre eux sont peut-être morts en essayant de passer de l'autre côté du mur. D'autres, - le gamin à droite ? - sont peut-être devenus des dignitaires de la RDA. Ou cinéastes?  Spéculations sans fin sur une photo.
Au delà de son esthétisme j'aime qu'une photo me donne l'amorce d'une histoire.  L'amorce seulement.


19 août 2016

Arles 2016 : Bernard Plossu

Avec Bernard Plossu, on quitte les villes et la photographie urbaine, pour les grands espaces de l'Ouest Américain, pour le vide des paysages plutôt que le plein, pour la couleur et le fameux procédé Fresson qui donne à ses photos un grain très particulier.




Ses photos datent pour la plupart des années 70, mais ce que Bernard Plossu montre c'est une Amérique que l'on retrouve intacte aujourd'hui pour peu que l'on se promène du côté de l'Arizona oun du Nouveau-Mexique.



Plus que le transitoire, il montre ce qui demeure.
Il montre la permanence. I
Il montre aussi  l'insignifiance, qui ne prend sens que pour celui qui la regarde.



Les photos présentées à Arles sont pour la plupart des petits formats devant lesquels on passe trop rapidement, mais que l'on peut retrouver dans le livre publié par les éditions Textuel : Western Colors



18 août 2016

Arles 2016 : Eamonn Doyle

"Street Photography" encore avec Eamonn Doyle. Mais pour le photographe irlandais, photographier la rue c'est d'abord photographier les gens qui passent dans la rue.

Les photos présentées à Arles le sont dans un très grand format; leur disposition donne au visiteur l'impression de se glisser dans les rues de Dublin et de regarder la rue comme Eamon Doyle la voit.


http://www.focus-numerique.com/arles-2016-decouverte-arlesienne-premier-jour-eamonn-doyle-news-9620.html


Noir et blanc, couleurs, filtres jaunes ou bleus, le photographe ne s'interdit rien.
Les noirs sont très noirs, beaucoup d'obliques, de cadrage en plongée ou contre-plongée.



Dans le dispositif signé Niall Sweeney souligné par la bande son de David Donohe c'est l'impression de force, de puissance qui finalement domine.


http://www.anothermag.com/art-photography/4094/dubliners-the-brilliant-street-photography-of-eamonn-doyle