31 août 2017

Garouste à Hauterives



C'est hélas le dernier jour de l'exposition Garouste : complot de famille à Hauterives.
Ah, si je l'avais su plus tôt  !
Ah, si je m'étais déplacé plus tôt ! 
Pour une fan de Garouste ce n'est pas très malin ! D'autant que l'exposition m'a effectivement bien plu.
Garouste n'y est pas tout seul : il y a sa femme (dont j'aime  assez le travail, surtout les sculptures  en noir et blanc);  il y a son beau-frère, David Rochline ; et il y a encore les enfants de la Source, la fondation imaginée par les Garouste pour donner à des enfants défavorisés ou en difficulté la possibilité d'exprimer leur créativité. Joli programme.

Mais celui qui me fascine le plus, me trouble et me séduit, c'est Garouste lui-même : j'aime les références littéraire ou mythologique de son oeuvre, j'aime ses délires, ses couleurs, certains bleus, certains mauves, j'aime ses personnages sens dessus dessous, aussi bien que sans dessus ni dessous,  et ceux que l'on découvre recroquevillés au coin d'une toile. J'aime enfin les deux grands autoportraits qui ouvrent - ooops ! qui ouvraient -  l'exposition, l'un serein, l'autre tourmenté, belle représentation du mal qui ronge le peintre.

Et je suis vraiment désolée, de n'avoir pu en parler plus tôt. 



 


30 août 2017

Cheese cake

J'ai passé des années à chercher la recette idéale de ce gâteau si typiquement américain, tout en effet est question de texture, plus ou moins dense, plus ou moins légère. Je crois l'avoir enfin trouvée, et même si, côté présentation, il y a encore des progrès à faire, côté goût, c'est tout à fait cela ! 



 La recette je l'ai empruntée à ce joli petit livre (une mine ! ) offert par un ami.
1) Mélanger 180g de biscuits à thé (Spéculos ? ) émiettés, avec 20g de sucre en poudre et 90g de beurre fondu. Tapissez de ce mélange, le fond d'un moule beurré de 22 cm de diamètre, en tassant bien avec un verre (ou les doigts ! ). Enfourner dans un four préchauffé à 175°, laisser cuire pendant 10mn. Soritr le moule et laisser refroidir. Monter la température du four à 220°.


 2) Pendant ce temps mélanger 540g de fromage nature à tartiner (Philadelphia Cream Cheese de préférence) avec 160g de sucre, 1/2 c.à c. de sel, 40g de farine, le jus et le zeste râpé d'un citron, 36 cl de crème fraîche, 5 oeufs moyens + 1 jaune d'oeuf, 1/2 c.à c. d'extrait de vanille.

3) Verser ensuite ce mélange sur la croûte refroidie. Enfourner pour 10mn puis, sans ouvrir le four, baisser la température à 120° et prolonger la cuisson de 1h15. La crème doit toujours être un peu tremblotante au centre. Laissez refroidir et réserver au frigidaire pendant au moins 4 heures.



Je vous passe le glaçage (crème fraîche et sucre! ) parce que je lui préfère un coulis (mangue sur la photo, mais cassis, fraises, framboises fonctionnent aussi bien) ou un compote de fruits (pommes, poires, pêches). Un peu plus diététique quand même avec des fruits.

Ce gâteau a bien sûr d'innombrables variantes, ne serait-ce que la tarte au fromage blanc (recette alsacienne) ou la torta alla ricotta (recette italienne).

Parfait mon cheese cake ? Presque mais pas tout à fait ! Ce que je n'ai pas encore réussi à comprendre c'est comment obtenir que le dessus du cheese-cake reste bien blanc. Le mien a toujours les bords un peu doré...

29 août 2017

Visages, Villages


Difficile de dire ce qui appartient à l'un, ce qui appartient à l'autre dans ce drôle de film à quatre mains. Qui a eu l'idée ? Qui a trouvé le lieu ? Qui a abordé les gens ? Qui obtenu d'eux qu'ils posent et qu'ils s'exposent. En grand format qui plus est. Pour une durée limitée peut-être, car les intempéries auront vite raison du papier et de la colle. Mais la démarche est quand même étonnante. Et j'avoue avoir été fascinée dans ce film par le travail de JR (plus que par les minauderies d'Agnès Varda !)

Il est vrai que j'ai pris un peu ce film comme un documentaire sur le travail du photographe et j'aurais aimé en savoir plus sur les procédés qu'il utilise. Tout a l'air si facile... Comme si un seul clic suffisait pour réussir un portrait ! Et quels portraits ! Des gens ordinaires, ni beaux, ni laids, mais toujours magnifiés par le regard du photographe.
Il y a sans doute un grand travail de préparation, par une équipe que l'on aperçoit un peu, à peine.  Et ce grand jeune homme, chapeau vissé sur le tête et lunettes sur le nez, qui joue avec l'espace, avec le temps, avec les gens, qui n'a jamais l'air de se prendre au sérieux, mais sans en avoir l'air raconte la France et les Français.

26 août 2017

Peggy Guggenheim


Saint Laurent (2 films à lui tout seul !), le Commandant, Cousteau, le Commandant Sullenberger (qui a posé son avion sur un fleuve glacé), Lou Andreas-Salomé,  Django, Jackie, Neruda, Le Dernier vice-roi des Indes, Rodin, Egon Schiele, bientôt Gauguin, Barbarta ...

La liste est sans fin et emprunte à tous les domaines de l'histoire, de la science ou de l'art. Panne d'imagination de la part des scénaristes ? Fascination pour le monde des "people" ? Peut-être, mais il faut bien avouer que certaines personnes ont des trajectoires de vie bien singulière.


C'est le cas de Peggy Guggenheim, riche héritière, qui a mis sa curiosité, son talent et son argent à promouvoir des artistes que sans elle, le XXe siècle aurait peut-être négligés. Il se trouve que "Peggy" était aussi une mangeuse d'hommes, ce qui donne un peu de piquant à un film qui sans cela serait un peu trop didactique et vaguement ennuyeux.

24 août 2017

Lauren Groff, Les Furies

Il faut un certain temps pour entrer dans le livre, un certain nombre de pages surtout parce que ce livre en fait en contient deux et c'est ce qui en fait l'intérêt.


On commence en effet par suivre l'histoire d'un jeune homme qui grandit dans le Sud des Etats-Unis, et que sa famille envoie dans le Connecticut pour y faire ses études (et l'éloigner de ses mauvaises fréquentations ! ) ; il rencontre une jeune femme -  love at first sight - se marie, renonce à une carrière d'acteur sans succès pour une carrière de dramaturge à succès... difficile jusque là d'accrocher à une histoire qui paraît bien convenue ... lorsque soudain, renversement radical et changement de point de vue, la même histoire est revisitée par l'épouse du dramaturge qui donne désormais sa propre vision de leur histoire d'amour, une histoire nettement moins conventionnelle et surtout moins doucereuse que la première. Lauren Groff, qui en est à son troisième roman, réussit là une jolie acrobatie narrative et montre ainsi que c'est bien elle qui tire les ficelles de ses personnages.

Reste néanmoins l'idée que nul, sauf l'auteur-narrateur bien entendu, ne sait exactement ce qui se passe à l'intérieur d'un couple, nul ne connaît les ombres, les doutes et les secrets que chaque protagoniste dissimule tant bien que mal. Pas d'histoire d'amour sans quelques discordances qui viennent mettre à mal l'image harmonieuse que le couple entend projeter. L'impression finale laissée par le roman de Lauren Groff est celle d'une histoire passablement grinçante mais d'une lecture réjouissante. 

22 août 2017

120 battements par minute

Le film de Robin Campillo est bien entendu inattaquable en raison de son sujet : c'est un film militant qui rappelle non seulement le fonctionnement et le combat d'Act Up contre le sida, mais entend rappeler aussi que si l'on ne meurt pas forcément du Sida aujourd'hui, on vit toujours très mal une fois contaminé par le virus. Le combat est donc loin d'être fini.


Cela posé, 120 battement est un film réussi parce que, pour échapper au documentaire, le réalisateur a préféré faire glisser son film du côté de la fiction et mêler dans un même récit les faits collectifs et les événements personnels. Il a surtout réussi, comme le suggèrent ces deux photos,  à maintenir un équilibre - précaire certes, mais équilibre quand même -  entre la tragédie, et la fantaisie, l'énergie, la vitalité, la vie tout simplement. Ce qui donne au film toutes les chances de convaincre son public.


En dépit de ses qualités, le film m'a paru un peu trop appuyé et surtout trop long : 2h20 dans une salle surchauffée parce que comble, ne sont pas des conditions idéales pour un film qui touche aussi profondément.

21 août 2017

Mariana Enriquez, Ce que nous avons perdu dans le feu

Les nouvelles de Mariana Enriquez, publiées dans ce recueil ne se lisent pas d'une seule traite. Il faut se ménager des pauses, prendre le temps de respirer entre une histoire un peu macabre et une autre franchement morbide. Car l'univers de Mariana Enriquez est noir, très noir ;  un peu gothique; un peu fantastique. Mais ses nouvelles sont aussi fascinantes car remarquablement écrites (et traduites), remarquablement construites, bien qu'on ait parfois envie de les oublier assez vite tant elles ressemblent à des cauchemars.
En lisant ce recueil, j'ai pensé plusieurs fois à Maupassant, parce que chez l'un et l'autre écrivain le lecteur est constamment amené à s'interroger sur la réalité des événements racontés. Et le doute une fois installé, l'esprit le plus rationnel se sent sur le point de basculer dans l'irrationnel. C'est ce point de tension extrême que Marianna Enriquez parvient à atteindre dans chacune de ses nouvelles.
Paranoïa, schizophrénie, scarifications, incompatibilité sociale... Il y a peut-être des explications cliniques  aux obsessions des personnages, mais cela serait trop simple ... et presque trop rassurant.
Quoi qu'il es soit, pour qui n'a pas peur de frissonner, la lecture de ces nouvelles est pour le moins décapante !



19 août 2017

Sergio Schmucler, Le monde depuis ma chaise



Une petite chaise toute simple, en bois, fabriquée par son père, menuisier,  qui voulait transmettre son métier à son fils et lui avait donné cette chaise pour qu'il s'y assoie et observe ses gestes; à force il apprendrait et deviendrait menuisier lui aussi. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi :  le père est parti, l'enfant est resté, et, depuis sa chaise, continue d'observer le monde autour de lui.
Le temps passe; pour joindre les deux bouts, sa mère loue des chambres dans sa maison, où s'installent toutes sortes de locataires, entre autres un coiffeur; les clients parlent, se disputent... A la radio on passe les chansons de Carlos Gardel...

L'auteur de ce roman insolite est né en Argentine, mais s'est exilé au Mexique. C'est donc tout naturellement à Mexico qu'il situe son roman, Mexico dont il fait l'épicentre de l'Amérique latine. Galo, l'enfant au coeur de son roman, est simple d'esprit, mais il sait voir et surtout écouter, car l'ambition de l'auteur n'est rien moins que de raconter, à travers ce personnage, 50 ans de l'histoire du monde. "Sans rien qui pèse ou qui pose ", fidèle en cela aux préceptes de ... Verlaine.
Un roman insolite donc, mais aussi poétique.

18 août 2017

Heurtoirs


Cinque batacchi per integrare la tua collezione, Alma ! 
(Mi piace di piu l'ultimo, piu moderno !) 







17 août 2017

Au gré du courant

Encore un film de  Mikio Naruse. Encore un film qui permet de s'initier à la culture japonaise, celle en tout cas du milieu du XXe siècle puisque Au gré du courant est sorti en 1956.

A la suite de Rika, on se glisse dans une maison de geishas, certes d'excellente réputation, mais désormais sur le déclin et au bord de la faillite. Il faut un certain temps pour repérer les différents personnages, pour comprendre leur position dans le microcosme social de la maison, les relations entre elles, leur personnalité. Et, bien que fascinée par les incessants changements de kimono, j'avoue que mon attention a plusieurs fois failli. Une longue mise en place donc,  mais ensuite, dès qu'on a compris où le cinéaste voulait en venir, le film devient passionnant.

En effet, ce que Mikio Maruse met en place c'est la fin d'un monde. La fin d'un Japon traditionnel qu'il saisit dans son double aspect  campagnard et urbain, puisque Rika incarne, face à l'agitation des geishas, le calme, la gentillesse, la courtoisie, la générosité, d'une femme de la campagne, alors même qu'elle a vécu une double tragédie.  Le monde des geishas, bien que fait lui aussi de traditions, est sans cesse agité de crises et d'éclats ; il est soumis en outre à des contraintes financières qui auront bientôt raison de lui. L'un des personnages, la fille de la patronne, a bien compris que la société était en train de changer, que le temps où les femmes ne pouvaient vivre que dans la dépendance des hommes va disparaître. Elle achète une machine à coudre et apprend un métier qui lui permettra d'être autonome. Mon personnage préféré bien entendu !

16 août 2017

Memories of Murder

Le film de Bong Joon-ho date de 2003, mais il n'a pas pris un pli : noir comme un polar coréen, il mêle cependant tous les genres et maintient un équilibre remarquable entre des scènes dramatiques, macabres, voire fantastiques,  et d'autres franchement bouffonnes qui relèvent de la comédie sarcastique.


Le sujet est relativement banal pour un polar ; au fond de la campagne coréenne, des policiers sont chargés d'enquêter sur une série de meurtre tous exécutés de la même façon. Les flics chargés de l'enquête sont, comme de coutume, deux : un balourd, peu regardant sur les méthodes d'interrogation, qui prétend se fier à son intuition et un enquêteur venu de Séoul, adepte des méthodes scientifiques et du contrôle de soi. Mais d'ici la fin de l'enquête les deux flics auront tout le temps d'évoluer et d'abandonner leurs préjugés.
L'intrigue est serrée, on ne sait jamais où va nous mener le prochain rebondissement et le réalisateur sait jouer comme personne avec les attentes du spectateurs qu'il ne cesse de prendre à revers. Bong Joon-ho, qui n'en était alors qu'à son deuxième film et a montré par la suite qu'il pouvait passer avec aisance d'un genre à un autre, excelle ici à construire un polar qui a marqué un tournant dans l'histoire du film policier et a inspiré d'autres cinéastes, en particulier espagnols. Je pense  à Alberto Rodriguez qui en reprenant  dans Isla Minima la scène d'ouverture du cinéaste coréen, semble lui rendre hommage.
Ce que ces deux cinéastes ont en commun, me semble-t-il, c'est leur capacité à créer une atmosphère, un climat à la fois mental et visuel. Et j'avoue que cette photo du tunnel, avec les deux figures à contre-jour et la courbe des rails qui sortent de l'obscurité et font le lien entre les personnages et le spectateur, à l'autre  bout du tunnel me restera en mémoire pour un  bon moment !









15 août 2017

Sinan Antoon : Seul le grenadier


Ce livre est effroyable, mais cela n'a rien à voir avec les polars bien glauques ou très sanglants déjà lus. Non, le livre est effroyable parce que ce n'est pas un polar, ce n'est pas une histoire sortie de l'imagination d'un écrivain, c'est tout simplement la réalité. Celle de l'Irak, avant et après Saddam.

Il faut donc avoir le coeur bien accroché pour se lancer dans la lecture de ce livre. Ne pas avoir peur de côtoyer la mort et la violence, mais surtout la mort puisque laver les cadavres, c'est le métier du père de Jawad, le narrateur. Un métier qui s'est transmis de génération en génération, mais Jawad n'a aucunement envie de poursuivre la tradition parce qu'il cherche désespérément à rester du côté de la vie, du côté de l'art. Son talent à lui c'est la sculpture, mais comment être artiste dans un pays en guerre, dans un pays envahi.

Jawad raconte son quotidien, jamais facile; il raconte ses cauchemars qui sont à peine pires que la réalité; il raconte aussi ses espoirs, ses amours, ses professeurs qui l'encouragent dans sa voie.
L'intérêt du livre tient beaucoup à cette voix, celle d'un homme lucide, conscient de la situation dans laquelle se trouve son pays, déchiré par une guerre qu'il qualifie de confessionnel, lui qui, bien que sa famille soit chiite, a renoncé à toute religion. Rarement dans un livre on aura aussi bien montré que le destin d'un individu est indissociable du destin du monde.

J'ai cru percevoir dans ce livre quelques maladresses d'écriture (ou de traduction), mais me suis laissée emporter par la force du récit, la force du témoignage. Un livre toutefois dont on met un peu de temps à se remettre.


14 août 2017

Souvenir d'Arles 2017

Le charme d'une ville au petit matin, lorsqu'elle s'éveille à peine. Lorsque ses habitants ouvrent leurs volets, sortent sur le pas de leur porte et s'assoient sur la margelle pour boire leur café, parce que plus tard dans la matinée, il fera chaud, très chaud.




J'aime errer au hasard dans les rues d'Arles, mais j'aime aussi y avoir mes habitudes; d'abord les amis qu'on y retrouve parce qu'on l'a décidé de longue date et ceux que l'on retrouve par hasard, au même endroit, le même jour sans s'être concertés; la Cuisine du comptoir où l'on se donne rendez-vous pour le déjeuner du premier jour, le bar du Tambourin pour des petits déjeunes café-baguette,  où l'on tend l'oreille aux propos des habitués, des aficionados pour la plupart; la librairie Actes Sud et son restaurant où l'on déguste un tajin, ou mieux encore une pastilla avec un verre de vin ou de thé à la menthe. Ce sont ces petites habitudes crées au fil des ans qui me font revenir chaque année à Arles.

13 août 2017

Arles quand même !

 
Quoi que l'on pense des photos et des photographes, quoi que l'on dise des Rencontres d'Arles, cette ville a un charme fou. Et on y revient toujours.







12 août 2017

Arles 2017 : pêle-mêle latino


  Au détour d'une exposition, il y a parfois une photo, une seule, qui frappe l'oeil.


Le montage d'une étudiante de l'ENSP en résidence à l'Institut français de Bogota.



Une photo toute en couleurs (l'entrée d'un bordel au Brésil)  d'un photographe argentin, Ataulfo Pérez Aznar, plus connu pour son travail en noir et blanc.




 Une série sur des écoles abandonnées dans des villages colombiens vidés de leurs habitants par les FARC : guerre civile et éducation ne font pas bon ménage.

L'Amérique latine et en particulier la Colombie était à l'honneur cette année à Arles.


11 août 2017

Arles 2017 (suite)


Malgré ma déception, j'ai retenu quelques expos, quelques photographes. Une moisson moins généreuse que les saisons passées, mais de belles découvertes quand même.

Un choix facile pour commencer : Joël Meyerowitz,  un des si ce n'est "le maître américain de la couleur" et spécialiste de la photo de rue.


Masahisa Fukase ensuite, plus difficile à aimer peut-être, parce que ses photos rendent compte d'un univers mental étrange, sombre parfois, mais pas dépourvu d'ironie. La tristesse, la solitude, la curiosité...des thèmes qui émergent et laissent le choix au spectateur de se laisser happer ou de résister.



 Le reportage de Mathieu Pernot sur une famille de Roms, les Gorgan est intéressant dans la mesure où il s'étale dans le temps, 20 ans, ce qui a permis au photographe de s'approcher au plus près de son sujet, tout en respectant les limites de l'intimité.



Niels Ackermann et Sébastien Gobert se sont eux intéressés au sort des 5500 statues de Lénine, autrefois installées un peu partout en Ukraine et depuis 2015, mises au rencart, déboulonnées, renversées, abandonnées. La mise au placard d'une icône et d'une idéologie ! 



Gideon Mendel, lui,  tourne son regard vers le futur de la planète en photographiant depuis 10 ans, les conséquences sur les gens des inondations dues au réchauffement climatique. Au Nigeria comme en Angleterre, en Inde comme au Brésil. Une expo pour les climato-sceptiques?


10 août 2017

Arles 2017


Arles change. Une évolution que l'on pouvait déjà pressentir l'an passé, avec de plus en plus de photographes "engagés" qui cherchent avant tout à témoigner de l'état de la société, de l'état du monde - qui va très mal !  Je n'ai jamais été à Perpignan où Visa pour l'image propose une sélection de photos délibérément ancrées dans la réalité de la misère et des guerres. Mais il me semble que la distance  entre les propositions d'Arles et le photo-journalisme pur et dur s'atténue d'année en année.
Témoigner est bien sûr une des fonctions de la photo, mais ce n'est pas la seule.

J'ai parfois eu l'impression, en parcourant les expositions, que le concept prenait de plus en plus le pas sur la recherche esthétique. Je sais bien que l'art conceptuel est une tendance forte de l'art contemporain et que pour certains artistes, il n'est même plus besoin de réaliser  un objet, d'inscrire l'idée dans la matière.  J'avoue que c'est là ma limite et que l'art purement conceptuel m'ennuie profondément. J'aime que s'entrelacent dans les formes, les couleurs, les matières, des émotions autant que des idées.

Oublier l'art ? Faire de la photo un outil au service d'une cause ? Après le roman à thèse, la photo à thèse ? Arles cette année, c'était plus que jamais le temps de l'interrogation.

Les lieux également changent. L'effet Luma peut-être ?  Les Ateliers SNCF sont de moins en moins déglingués, perdent un peu de leur charme, mais gagnent en confort (ah, l'air conditionné quand il fait 39° dehors ce n'est pas rien ! ). Pas d'exposition au Capitole, mon lieu préféré. Mais deux nouveaux lieux ouverts : la Maison des peintres et la Croisière.  La tour Getty commence à se couvrir de ses parements métalliques. Ouverture prévue en 2018. A temps pour les prochaines rencontres ?






09 août 2017

Nuages épars

Non, il ne s'agit pas d'un bulletin météo mais du titre d'un vieux film (1967) de Mikio Naruse. Son dernier film en fait.
Le sujet du film pourrait être cornélien puisqu'il s'agit d'une impossible histoire d'amour entre une femme et le meurtrier  - accidentel - de son mari.  Un sujet qui évoque irrésistiblement le vers que le très irrévérencieux Georges Fourest prête à Chiméne : "Qu'il est joli garçon l'assassin de papa ! ".
Mais Mikio Naruse est japonais et ces références qui traversent l'esprit du spectateur français ne sont pas les siennes.


Nuages épars met en scène un dilemme amoureux, mais il le met en scène dans la société japonaise, une société où chaque geste, chaque inclinaison, chaque regard, chaque mot est codifié. Bien qu'irrésistiblement attirés l'un par l'autre, les deux amants se heurtent à des obstacles qui tiennent en fait à eux même plus qu'à leur entourage.
Le film est subtil, délicat. Les situations sont suggérées, les dialogues esquissés en peu de mots, les passions contenues. Un demi sourire suffit à faire naître comme un espoir. Entre ce qui est et ce qui pourrait être la marge est étroite.

Il y a quelques mois, le Méliès présentait un autre film de Mikio Naruse, Nuages flottants. J'attends désormais la version restaurée de Nuages d'été...



08 août 2017

Thomas Reverdy, Le Jardin des colonies

Depuis que je suis sortie de ma zone de confort - la littérature américaine - je tombe sur des livres assez curieux. Comme celui-ci, écrit à quatre mains par un écrivain, Thomas Reverdy et un historien, Sylvain Venayre.

Je savais que les livres de Thomas Reverdy (Il était une ville, Les Evaporés, L'Envers du monde) reprennent inlassablement le thème de la disparition.  Je n'étais donc pas surprise de lui voir consacrer un livre au Jardin tropical de Vincennes, situé à deux pas de l'ancien Musée des Colonies, un jardin à ce point oublié qu'en se promenant entre les vestiges des grandes expositions coloniales de Nogent ou de Marseille, il peut arriver que l'on trébuche, au sens propre du terme, sur des statues oubliées dans l'herbe ou même ... un os de baleine !

Le Jardin des colonies n'est, à proprement parler,  ni un roman, ni un essai, ni même un document historique bien qu'il tienne un peu des trois à la fois. C'est une promenade nonchalante à travers un lieu, le  bois de Vincennes et un temps, celui des colonies. Avec quelques digressions du côté d'aujourd'hui qui s'est forcément construit sur notre passé, y compris notre passé colonial.

Le livre ouvre la porte à toutes les polémiques, surtout quand il s'agit de s'interroger sur l'hypothétique relation entre colonialisme  d'hier et terrorisme d'aujourd'hui, mais plus que tout il nourrit notre réflexion. Une raison suffisante pour en justifier la lecture. Mais il peut se lire aussi comme un récit de voyage, comme un guide touristique qui donne furieusement envie d'aller jusqu'à Vincennes pour découvrir en vrai, ce fameux jardin aujourd'hui dénommé Jardin d'agronomie tropicale René Dumont. Avouez que Jardin des colonies, ça sonne quand même mieux !

PS. J'ai un faible pour les livres qui me pousse pour aller sur Internet pour y trouver des images. Et bien sûr j'ai trouvé un lieun pour satisfaire ma curisosité !
http://www.pariscotejardin.fr/2011/07/le-jardin-d-agronomie-tropicale-rene-dumont/