03 septembre 2017

Ron Rash, Par le vent pleuré


Je n'ai pas encore lu tous les livres  de Ron Rash, mais c'est un auteur que j'aime suivre parce qu'il ne m'a jamais déçue. Sans doute parce qu'il sait mieux qu'un autre créer un univers et que, de livre en livre, on en perçoit mieux les contours.
J'aime tout d'abord que ses romans soient bien ancrés dans un paysage, celui des Appalaches, du côté d'Ashville en Caroline du Nord. La nature y est certes somptueuse - montagnes, lacs, rivières - mais Ron Rash a un talent particulier pour en exprimer la beauté,la sensualité.
Ce qui ne fait pas de lui un "nature writer" pour autant.
Car Ron Rash s'intéresse aux gens, autant, sinon plus qu'à la nature. Des gens souvent cabossés par la vie parce que, quand on naît dans les Appalaches, la vie a souvent commencé à déraper dès le départ.

Dans son dernier roman,  au si joli titre, Par le vent pleuré, Ron Rash met en scène deux frères, orphelins de père, qui vivent avec leur mère sous la domination d'un grand-père tyrannique, dont les exigences visent sans doute à arracher ces gamins à l'abrutissement. Mais Bill et Eugène sont des adolescents, et au cours d'une partie de pêche, ils croisent le chemin d'une sirène, une fille exilée dans la contrée pour mauvaise conduite, qui n'a pas beaucoup de peine à séduire les deux garçons et à les entraîner sur sa pente, celle de l'alcool, du sexe et de la drogue. Oui, les romans de Ron Rash sont souvent des paraboles bibliques, traversées par des personnages de femmes fatales, de tentatrices redoutables malgré leur apparente fragilité.

Car sur ces terres très religieuses de Caroline du Nord, comme dans les pages de Ron Rash la lutte entre le Bien et le Mal est un combat de toujours. Jamais achevé. Un combat qui transparaît derrière l'intrigue policière, car oui, il y a bien un disparition inquiétante, oui il y a bien des ossements retrouvés au bord de la rivière des décennies plus tard, oui il y a bien comme un remords qui ronge la conscience d' Eugène et de Bill, un remords dont ils s'accommodent chacun à leur façon. Ligeia et le souvenir de ce bel été continuent de hanter leur mémoire et la hanterai pour longtemps car il est difficile de se débarrasser de ses souvenirs.

Ron Rash : 7 romans publiés, 6 traduits en français, 4 déjà lus, tous aimés  et un recueil de nouvelles Incandescences, que j'ai adoré .


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