Certes, il est un peu en dehors de la ville mais le trajet en bus permet de découvrir la ville sans se fatiguer. Et le musée est tout à fait passionnant. On s'y attarde volontiers.
Que l'on soit expert en estampes japonaises ou que l'on soit totalement novice.
Le savoir importe peu en l'occurrence pour apprécier ces gravures. Il suffit de regarder attentivement, de s'interroger sur le personnage au premier plan - un pélerin à n'en pas douter - levant la tête (avec une drôle de grimace vers une montagne trop conique pour ne pas être japonaise, le mont Fuji peut-être... 3 couleurs seulement, celles du manteau, du baluchon et du parapluie.
Sur l'estampe de droite ce sont les dégradés de couleurs qui frappent et la multiplicité des détails, la montagne, les rizières, les plantes, les lanternes, les positions des deux femmes et les kimonos... un condensé d'exotisme pour les Loti, Ségalen et autres voyageurs.On pense à nos Manet, Van Gogh et autres peintres épris de japonisme"
Certaines gravures fourmillent tellement de détails que l'oeil s'y perd. Une procession ? Un banquet ? Femmes en kimono au premier plan, porteurs à moitié nus, des hommes au crâne chauve et kimono sombre à l'arrière plan, des moines peut-être. Au centre des baraques à ... sushi ? à friandises...
Et puis tout d'un coup, à gauche, cette pieuvre rose, ce déguisement ... A chacun de faire ses hypothèses. J'aime bien cette liberté devant une oeuvre.
Certaines estampes attirent le regard par la finesse des traits, qui permet au graveur de suggérer le miroitement de l'eau; d'autre séduisent par la simplicité de la composition, la diagonale du kimono !
Le musée apparemment change ses expositions quatre fois par an, pour accorder les oeuvres à la saison. L'automne quand nous y sommes passés, qui commande les couleurs, celle des feuilles de ginkgo mais aussi celle des kimonos, comme d'ailleurs la couleur, la forme mais aussi la saveur des "mochis" proposées dans les pâtisserie à cette saison . J'aime cette façon qu'ont les Japonais de marquer le passage des saisons et d'en savourer les plaisirs en les différenciant.
La visite du musée de Matsumoto permet de repérer bien des noms, mais celui que je retiendrai d'abord c'est celui de Tsukioka Yoshitoshi (1839-1892) un des derniers grands maîtres de l'ukiyo-e qui a vécu, coincé entre deux époques, celle de l'estampe classique et celle de l'impression multiple, de la photographie, celle du Japon traditionnel en voie de disparition au profit de l'ère moderne et de l'occidentalisation.
Le triptyque met en scène une histoire vieille comme le monde, celle de la rivalité entre deux frères, l'un, le musicien qui a réussi et porte un somptueux manteau de brocard et son frère, devenu hors la loi qui s'apprête à lui voler son manteau ...
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