18 mai 2018

Sayaka Murata, Konbini

 

Quiconque a voyagé au Japon sait à quoi ressemblent les kombini ces petits magasins de proximité ouverts jours et nuits, qui proposent produits alimentaires aussi bien que services en tous genres, postaux ou même bancaires. Ce sont des lieux sans charme, souvent éclairés au néon, où l'efficacité prime. 
Keiko Furukura la narratrice y travaille depuis 18 ans ! Une durée anormalement longue pour un emploi de ce type,  mais tout chez Keiko Furukura est un peu hors normes, alors même qu'elle fait de son mieux pour se fondre dans la normalité. 
Le début du roman surprend par la platitude de l'écriture, que l'on attribue abusivement sans doute à la qualité de la traduction. Puis, au fil du texte on se dit que le personnage pourrait-être un de ces robot-androïdes fabriqués justement au Japon, tant sa volonté de respecter les codes, de suivre les règles relève de l'obsession.  Avant de comprendre que l'auteur ne se moque pas de son personnage, mais plutôt de la société japonaise qui exige de l'individu un comportement constamment approprié,  et attend qu'il se conforme sans barguigner, aux normes établies depuis toujours : trouver un emploi, se marier, avoir des enfants .... 
Le roman de Sayakaya Murata, qui à 36 ans, comme son personnage, travaille toujours dans une supérette (?) est de ceux qui paraissent à première vue anodins, et même, il faut bien le dire, un peu irritants pour des Occidentaux habitués à revendiquer le droit à l'originalité et à s'affranchir des règles et des lois. Pourtant, le livre refermé on s'interroge sur la difficulté à être soi-même dans une société où tout vous pousse à être comme les autres; sur les choix et les renoncements qui sont ceux de Keiko, mais aussi les nôtres. 
Sans doute. Peut-être. 

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