06 mai 2018

La Route sauvage

Cinéma et littérature sont pour moi des arts séparés; et j'entends qu'ils le restent.  C'est pourquoi je ne vais jamais voir l'adaptation d'un livre que j'ai lu.
Pourtant j'ai été voir La Route sauvage, l'adaptation du roman de  Willy Vlautin, Lean on Pete. Le livre a été tradruit une première fois en français sous le titre Cheyenne en automne avant d'être repris à l'occasion du film par Albin Michel sous le titre La Route sauvage. Un livre avec 3 titres, voilà qui ne facilite pas la recherche en bibliothèque. Ce serait pourtant dommage de passer à côté de ce roman et du coup, de manquer la découverte d'un auteur américain particulièrement intéressant.



Willy Vlautin n'est pas du genre à faire parler de lui dans les médias, ce n'est pas un auteur branché qui fait la une des émissions littéraires. Non c'est un homme ordinaire qui parle de gens ordinaires. Des gens souvent malmenés par la vie, mais jamais fracassés, comme le jeune Charley de la Route sauvage. Il a 14 ou 15 ans, mais en déclare un peu plus pour pouvoir travailler. Sans mère et bientôt sans père, il prend la route avec un cheval sauvé de l'abattoir pour rejoindre une hypothétique tante qui vit peut-être encore à Cheyenne dans le Wyoming, à des centaines de miles de son point de départ dans l'Oregon. Charley, dont le prénom fait invinciblement penser à Steinbeck, tient à peine debout, de faim et de fatigue, de solitude aussi, mais il continue d'avancer, comme le font tous les personnages de Willly Vlautin qui malgré les difficultés de la vie gardent cette toute petite part d'humanité qui leur évite de s'effondrer.

Il pourrait y avoir dans les romans de Willy Vlautin, quelque chose de désespéré, mais l'écrivain sait s'arrêter juste au bord du désespoir car en véritable humaniste, il croit qu'il subsiste toujours, même dans les pire moments, quelque chose à sauver dans la nature humaine. Et il me semble qu'Andrew Haich, le réalisateur du film, a su traduire cette sensibilité, cette retenue qui est la voix propre de Willy Vlautin.  Allez voir le film, et si vous ne l'avez pas encore lu, lisez le roman dans la foulée lisez les autres romans de Willy Vlautin : Motel life, Plein Nord, Ballade pour Leroy et son dernier Don't Skip Out on Me, pas encore traduit, mais cela ne saurait tarder, du moins je l'espère !





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