26 mai 2018

Jane Smiley, Nos premiers jours


Prendre en main le livre de Jane Smiley, c'est s'embarquer dans une grande aventure dont on ne sait pas si on arrivera jusqu'au bout. Car il ne s'agit que du premier volume d'une trilogie qui au final comportera...plus d'un millier de pages.  Au moins !  Parce que le grand projet dans lequel s'est lancé Jane Smiley est de raconter les 100 dernières années de l'Amérique, de 1920 à 2019.

Le projet est ambitieux. Les trois volumes sont sortis aux Etats-Unis  en 2015. En France le second volume vient tout juste de sortir et le troisième est prévu pour l'automne.


Pour le moment je n'ai lu que le premier, qui est malgré mes appréhensions,  assez fascinant.
Tout d'abord parce que Jane Smiley choisit d'introduire ses personnages un à un, le temps pour le lecteur de se familiariser avec chacun d'eux, soit un jeune couple de fermiers de l'Iowa, dont le premier enfant, Frank vient de naître. Suivront au fil des ans plusieurs frères et soeurs auxquels s'ajouteront des cousins, des voisins... bref tout un village.

A la fin du premier volume (1953), cette première génération, arrivée à l'âge adulte est déjà bien installée dans la vie. Certains sont restés, d'autres sont partis, vers la côte Est, Chicago ou la Californie. Leur univers s'est élargi, les crises économiques, les guerres sont passées - certains ont même combattu en Europe - les progrès techniques se sont multipliés. Chapitre après chapitre l'écrivain braque son projecteur sur l'un ou l'autre de ses personnages, fait tourner la roue du destin en passant sans sourciller de l'infiniment petit des gestes quotidiens aux grands événements qui ont traversé le siècle, mais toujours vus du point de vue des individus.

L'écriture de Jane Smiley est d'une précision extrême et jamais plus à l'aise que lorsqu'il s'agit de décrire le monde rural, les travaux agricoles, la vie de famille. J'ai parfois eu l'impression d'être dans un tableau de Brueghel, qui fourmille de personnages minutieusement observés.
On peut se lasser parfois, mais l'entreprise reste fascinante d'autant qu'elle permet au lecteur de retrouver si ce n'est ses propres traces, au moins le fil de l'Histoire, la grande, celle qui nous est commune.


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