08 juillet 2018

Camarade Anna, Idaho et Wittgenstein à l'aéroport


Qu'est ce qui fait qu'un livre séduit, emporte, convainc ?
Qu'est ce qui fait qu'un livre au contraire, laisse froid, indiffère, pire énerve ?
C'est parfois bien difficile à dire et je me demande toujours si c'est la qualité du roman qui est en jeu, ou la qualité du lecteur, qui pour une raison ou une autre ne s'est pas montré assez disponible.

Ainsi le roman d'Irina Bogatyreva, Camarade Anna,  s'annonce plutôt intéressant, avec un personnage particulièrement original : Anna, une jeune fille russe qui vit dans la nostalgie du passé soviétique  jusqu'à reconstituer avec ses "camarades"' les réunions secrètes des cellules marxistes, lorsque la Grande Révolution n'en était encore qu'à ses balbutiements. Oui mais voilà, le roman ne tient pas ses promesses et l'intérêt s'effiloche au fil de la lecture parce que la confrontation des valeurs d'autrefois et des réalités d'aujourd'hui vire au procédé et que l'auteur ne semble plus savoir quoi faire de ses personnages.

Idaho d'Emily Ruskovich est tout aussi décevant parce l'auteur cette fois-ci en fait trop : elle multiplie les personnages, Wade qui perd la mémoire, Jenny, sa première femme qui a tué sa propre fille, June la deuxième fille du couple qui a disparu, Ann, la seconde épouse de Wade qui essaye de comprendre la tragédie,  Elizabeth la compagne de prison de Jenny ... chaque personnage, plutôt bien campé, suit sa propre trajectoire, mais, par crainte de faire trop simple, l'auteur brasse les époques et les lieux, et contraint le lecteur à des acrobaties temporelles sur une cinquantaine d'années. C'est brillant, oui, mais lassant et j'ai eu du mal à prendre les personnages pour autre chose que des cartes dans le jeu de passe passe de l'écrivain.


Malgré la curiosité suscitée par son titre, Wittgenstein à l'aéroport, le roman de Husch Josten ne m'a pas emballée non plus : la rencontre dans un aéroport d'un homme qui lit Wittgenstein et d'une journaliste qui s'interroge sur la place du hasard dans sa vie, alors qu'une alerte attentat vient d'être lancée, n'est qu'un prétexte pour disserter sur le caractère aléatoire des événements qui décident de la vie et de la mort des individus. Pour n'avoir pas voulu choisir entre essai et fiction, l'auteur perd sur les deux tableaux et ennuie son lecteur.

Que conclure de cette triple lecture ?  Peut-être que le défaut de ces romans est de n'avoir pas su m'emporter dans leur monde fictif; du coup je ne me suis intéressée qu'à leur fabrication.




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