14 novembre 2018

Elisabeth Brundage, Dans les angles morts



Voici un roman dont on ne sait par quel bout le prendre, parce que l'auteur s'efforce de faire la lumière jusque et surtout dans les angles morts et de "rendre visible ce qui est invisible", mais finalement peut-être trop prévisible.
Cela commence avec une scène de meurtre particulièrement sordide, et l'on s'imagine que le roman est écrit pour raconter la découverte du coupable. C'est effectivement une lecture possible, mais pas la plus intéressante car l'auteur, Elizabeth Brundage entraîne rapidement son lecteur vers une tout autre lecture, à la fois psychologique et sociologique qui a pour centre une vieille ferme isolée, quelque part dans l'Etat de New York.  Une première tragédie s'était déjà déroulée dans la maison avec le double suicide du couple qui l'habitait : déroute économique, déroute psychologique. Les 3 garçons du couple ont été recueilli par un oncle mais reviennent tourner autour de la maison, devenu le tombeau de leurs souvenirs. Quant au jeune couple qui a acheté la ferme pour une bouchée de pain, ce sont des gens de la ville; lui enseigne à l'université, elle s'occupe de la maison et leur petite-fille de 3 ans. Les deux fils narratifs se croisent forcément lorsque les garçons proposent à la nouvelle propriétaire de repeindre  la maison et de retaper ce qui peut l'être.
L'intrigue, un peu complexe permet de mettre successivement en lumière les différents enjeux du roman :  la récupération de l'habitat rural par une population aisée, mais peu soucieuse de préserver le mode de vie qui va avec, le délitement du couple, chacun s'éloignant progressivement de l'autre,  la difficulté des 3 garçons à trouver leur place dans le monde alors que les seuls repères dont ils disposaient ont si subitement et si tragiquement disparu.
Mais, aussi intéressant que soit le roman d'Elizabeth Brundage, je n'ai pas réussi à le trouver captivant. Ou par moment seulement. Trop ambitieux peut-être.

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