Lionel Salaün s'était fait connaître par un premier roman, qui avait tout ou presque d'un roman américain : Le Retour de Jim Lamar.
Bel-Air, son deuxième roman réussit le pari de reprendre ce qui fait la caractéristique des romans américains, un ancrage social fort dans un contexte banalement français. On n'est plus dans le Mississippi, ni dans l'Oklahoma (La Terre des Wilson, son 3e roman) mais dans une zone autrefois ouvrière avec sa cité HLM, son bar, seul endroit où se retrouver. L'époque, c'est celle des années 50, entre guerre d'Indochine et guerre d'Algérie. Et c'est certainement ce double ancrage dans une réalité sociale et historique qui fait l'intérêt de ce roman, lui donne sa force et ... le rapproche d'une certaine façon des romans américains.
Les personnages, Franck le narrateur et Gérard, le fils du patron du bistrot, ne sont pas des entités abstraites : comme dans la vraie vie, ils ont été façonnés par leur milieu, leur éducation (ou leur absence d'éducation), les choix qu'ils ont faits; on les découvre adolescents, on les retrouve adultes. Ils ont changé, ont fait des erreurs, emportés par le racisme ambiant, les contraintes économiques.
Il y a sans doute dans le roman de Lionel Salaün une part d'autobiographie, mais certainement pas de nombrilisme.
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