02 mai 2020

Jack Black, Personne ne gagne


Ce n'est pas un roman, mais ça ressemble diablement à un roman. A un de ces romans d'aventures qui suspendait le souffle, parce qu'on prenait fait et cause pour le voleur plus que pour les gendarmes qui le poursuivaient.
Ce n'est pas un roman et parfois cela ressemble à un manuel du parfait petit cambrioleur tant les descriptions sont précises et pourraient servir de mode d'emploi : comment entrer de nuit dans une maison, (sans réveiller les habitants), comment ouvrir un coffre-fort, comment s'enfuir avec son butin et le dissimuler, comment ....
Rien de très moral certes, mais les mémoires de ce Jack Black sont absolument époustouflantes parce que tout est vrai, tout est vécu, et rédigé d'une plume remarquablement alerte.


Jack Black, devenu alors qu'il écrit, archiviste au San Francisco Call, a, depuis ses 14 ans, été livré à lui-même  et a longtemps suivit la route des "hobos",  ces vagabonds des rails qui sillonnaient les Etats-Unis à la fin du XIXe siècle. Mais lui ne cherchait pas du travail, il cherchait un "coup" à faire. Timide apprenti, formé par des maîtres en cambriolages rencontrés au hasard de ses pérégrinations, il devient peu à peu expert en son domaine et le lecteur apprend avec lui toutes les étapes nécessaires à la réalisation d'un gros coup : les jours, parfois les semaines de surveillance nécessaires, les outils, la gestuelle, avec une attention particulière aux détails, ceux qui peuvent vous trahir et faire remonter la piste jusqu'à vous. Car, dans sa longue carrière de voleur, Jack Black ne réussit pas tous ses coups et n'échappe pas toujours à la police et à la justice. Ce qui permet accessoirement au lecteur de se faire une idée claire du fonctionnement de la justice et de la condition carcérale aux Etats-Unis et au Canada. C'est ainsi que les mémoires de "ce voleur honnête" prennent valeur historique autant que sociologique, sans tomber pour autant dans un discours moralisateur.

Personne ne gagne a été publié aux Etats-Unis en 1926. Traduit et publié en français sous divers titres en 1932 (l'année de la mort de Jack Black), puis en 2008. On doit sa plus récente version aux Editions Monsieur Toussaint Louverture. Cerise sur le gâteau, le livre est aussi beau à voir, qu'agréable à tenir en main.Un livre qui "déconfine" et fait, tant il dépayse, oublier pour un temps le siècle où nous vivons et les honnêtes gens !

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