09 mai 2020

Tant qu'il y aura des hommes

Pas plus qu'on ne se baigne deux fois dans le même fleuve (merci Héraclite) on ne revoit jamais deux fois  - ou plus - le même film. Parce qu'entre temps, l'époque a changé et nous aussi.

Sans doute parce que tout le succès du film s'est concentré sur une image clef : un homme, une femme, emportés par la vague de la passion(sic ! ) ... j'avais de mes précédents visionnages, gardé le souvenir d'une histoire d'amour passionnée, mais adultérine, "an affair", qui plus est dans une caserne ! Un sujet particulièrement scandaleux pour l'Amérique puritaine des années 50. Le film de Fred Zinneman date de 1953, le roman de James Jones de 1952.

L'histoire en revanche est précisément située en 41 puisque le film se termine sur l'attaque de Pearl Harbor.  Et ce qui m'a frappé lorsque j'ai revu le film pour la nième fois c'est la mise en cause de l'armée en même temps que son idéalisation. Le jeune Prewitt qui refuse de boxer pour contribuer à la gloire du régiment subit brimades et humiliations, de la part de ses collègues gonflés à la testostérone. Violence, alcoolisme, machisme : un vrai festival ! Le discours cependant est assez ambigu et certainement pas antimilitariste, car au milieu de ces hommes qui comptent plus sur leurs muscles que sur leur cerveau, émergent trois personnages un peu moins bornés pour qui l'armée reste un idéal héroïque. De là à imaginer que la défaite de Pearl Harbor est le résultat des dérives, des négligences et du délabrement moral de l'armée, il n'y a qu'un pas. Cela m'a paru en tout cas une interprétation possible du film. 

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