21 décembre 2021

Un Héros

En sortant du film d'Ashgar Farhadi, on se dit d'abord que l 'Iran est vraiment  le pays des combines et des magouilles, la nuance entre les deux étant aussi fine qu'entre immoralité et illégalité. On se dit ensuite que les arcanes de la justice sont décidément aussi compliquées qu'incompréhensibles. Pourtant il n'y a pas dans Un Héros, l'ombre d'un ayatollah ! Ce qui laisse entendre qu'il ne s'agit pas de religion, à peine de politique, mais seulement de comportements humains et d'individus pris au piège de leurs mensonges et des effets médiatiques. Les deux combinés mènent nécessairement à la catastrophe.

Alors oui, l'histoire se passe en Iran et les femmes portent un voile sur la tête, mais elle pourrait se passer n'importe où, y compris en France. 


Asghar Farhadi monte un scénario diabolique qui entraîne ses personnages dans une succession de découragements et d'espoirs, de succès et de défaites, un jeu de montagnes russes émotionnelles aussi passionnant qu'éprouvant pour les spectateurs qui ne sauront jamais où placer le curseur de la vérité. Rahim est un homme dont les médias ont fait un héros parce qu'il a rendu l'argent trouvé dans un sac à sa propriétaire.  Mais était-ce bien sa propriétaire ? Et était-ce bien lui qui l'avait trouvé.  Et n'est-il pas en prison pour de bonnes raisons ? Victime ou coupable ? Héros ou escroc? Quant à son créancier, est-il bien l'infâme usurier que l'on voudrait nous faire croire ou un homme généreux qui a sacrifié la dot de sa fille pour rendre service à Rahim et le sortir d'un mauvais pas ? Rahim dans ce cas ne serait qu'un ingrat, un égoïste, qui embarque sa famille dans ses combines, jusqu'à utiliser la fragilité de son fils ?  Tout, dans le film est à l'avenant, on ne sait jamais qui ment, qui dit la vérité et les apparences, c'est bien connu, sont souvent trompeuses. 

Démêler le faux du vrai n'a rien d'évident, mais quand les médias et les réseaux sociaux s'en mêlent, le moindre geste, le moindre propos est immédiatement commenté, amplifié, répercuté à l'infini ... 

Dans le poème de Goethe dont Dukas s'est inspiré pour composer L'Apprenti sorcier, le retour du maître met fin au débordement. Mais dans le film de Farhadi, il n'y a personne pour arrêter le désastre annoncé auquel chacun contribue en croyant pourtant bien faire.

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