14 juin 2023

Sally Mann, Tiens-toi bien !

Le livre de Sally Mann est un objet curieux : 500 pages et sans doute un bon kilo dans les mains ! Mais c'est un livre qui se lit facilement et qui est intéressant à bien des points de vue.


Il s'agit avant tout de mémoires, plus même que d'autobiographie, un texte dans lequel Sally Mann a inséré des photo - les siennes le plus souvent mais pas exclusivement -  parce que Sally est d'abord photographe et dans ce livre elle essaye d'expliquer ce qu'elle recherche dans ses photos, quels appareils elle utilise (le plus souvent, une lourde chambre photographique), comment elle s'y prend  et pourquoi ... les explications techniques sont parfois un peu pointues, mais c'est la démarche qui importe et le choix final de LA photo, celle où elle a enfin obtenu ce qu'elle veut.

 
 
Pendant dix ans Sally Mann a beaucoup photographié sa famille, ses trois enfants et publié le résultat de son travail dans un livre intitulé "Immediate family" qui a fait l'objet de polémiques virulentes. On lui a reproché d'exposer dangereusement ses enfants, souvent photographiés alors qu'ils étaient nus. Savoir comment elle vit dans une ferme isolée de Virginie,  et comment elle travaille permet de mieux comprendre son point de vue. Qui n'a rien de puritain, contrairement à celui de beaucoup de ses concitoyens que ses photos dérangent. J'avoue toutefois être passée rapidement sur le dernier chapitre qui concerne ses travaux les plus récents puisqu'elle a photographié des corps en décomposition, objets d'étude dans un centre de recherche. Son récit en tout cas, pousse à la réflexion sur des questions telles que intimité, pudeur, respect...

La personne que l'on découvre à travers ses propos, n'est certainement pas banale. C'est une femme passionnée, audacieuse, un brin provocatrice. Son livre raconte également la vie de ceux qui l'ont précédée, en remontant jusqu'à l'immigration initiale. Et ce n'est pas la partie la moins intéressante parce que la personnalité de Sally est aussi faite de ce passé familial un brin compliqué. 

Restent les pages sur le Sud, sur les paysages de Virginie qui lui tiennent à coeur, mais aussi sur l'esclavage, sur le racisme, sur la mentalité sudiste qu'elle essaye d'expliquer avant de convenir que le plus choquant pour elle est de n'avoir pas pris conscience plus tôt de la façon dont les Noirs étaient traités.

Et s'il faut une raison de plus pour montrer l'intérêt de ce livre, il me suffira d'indiquer que les chapitres du début évoquent son amitié avec un artiste, originaire lui aussi de Lexington (Virginie), dont les oeuvres sur papier, pure coïncidence, sont actuellement exposées au Musée de Grenoble : Cy Twombly ! 
 
 

13 juin 2023

Cy Twombly

Le musée de Grenoble a choisi de n'exposer que les oeuvres sur papier de Cy Twombly, artiste multiple puisqu'il est aussi peintre, graveur, sculpteur, photographe .....  En plus des "gribouillages" devant lesquels certains visiteurs feront sans doute la moue, sont présentés des collages qui susciteront sans doute aussi quelques commentaires dédaigneux. Mais le but de l'art contemporain n'est-il pas justement de surprendre, d'interroger, de déranger, de choquer éventuellement et de provoquer in fine une réaction personnelle, subjective, plutôt qu'une admiration convenue et souvent bien peu sincère.  

Il faut donc entrer dans le musée, et se laisser porter par l'atmosphère qui peu à peu s'impose, et par une personnalité artistique que l'on devine. Cy Twombly est américain, mais il est pétri de culture européenne, passionné d'antiquité grecque ou romaine, amoureux de la poésie. Son univers est celui de Mallarmé, de Valéry, de Keats ou de Virgile. Son oeuvre est claire, lumineuse, légère. "sans rien qui pèse ou qui pose " comme le demande Verlaine dans son Art poétique . Un souffle de vent dans l'herbe. La tiédeur de l'air... Les murs du musée s'effacent. On est loin, du côté de Tonnicoda, à mi chemin de l'Adriatique et de la Méditerranée ...




On returning from Tonnicoda, 1973







 

12 juin 2023

La Grace

 30 films, présentés à Cannes sous l'étiquette "La quinzaine des cinéastes" sont actuellement présentés en salle, une belle occasion de découvrir des films dont la sortie officielle n'est pas encore programmée. Comme celui Ilya Povolotsky, La Grâce, qui met en scène, dans une sorte de road-movie, une jeune-fille et son père. Deux taiseux qui parcourent les étendues souvent désertes de la Russie, en installant à l'occasion écran et projecteur pour proposer aux habitants de ces contrées isolées, une séance de cinéma en plein air. 


La Grâce est un film plein de mystère. Un film qui joue sur les contraires aussi. Un vieux van rouillé, lieu clos par excellence, qui brinquebale sur des routes qui n'en finissent pas, des routes qui traversent des paysages immenses et désolés. La pluie, le brouillard, le froid. Difficile de savoir où l'on est exactement, la Russie est si vaste, et les langues se mélangent, du russe bien sûr, du géorgien, du biélorusse. Difficile de comprendre ce qui se passe entre le père et sa fille, tous deux enfermés dans le silence. Mais le cinéma n'est pas le théâtre, il ne repose pas sur le langage, sur les dialogue, c'est un art visuel, et le réalisateur l'a parfaitement compris : ce sont les images qui parlent, et qui suggèrent le délabrement psychologique, la fatigue, la lassitude des personnages. Le plus remarquable dans ce film est l'adéquation entre le paysage mental et le paysage tout court. Les poissons meurent empoisonnés. Les routes sont bloquées par la police. Les personnages sont  enfermés dans leur tristesse autant que dans le van... La caméra alterne constamment entre panoramique pour balayer les paysages et zoom avant pour mieux scruter un point précis. 

Malgré les apparences, La Grâce n'est pas un film désespéré. Parce que le jour succède toujours à la nuit, comme le printemps à l'hiver.  Parce que le van se dirige vers la mer, et qu'au final chacun des personnages parvient à se libérer du poids qui les oppresse depuis si longtemps. Apaisés, enfin.


10 juin 2023

Burning days


 Se poser des questions tout au long du film, s'en poser encore après. C'est dire si le film est trouble et ambigu. Le jeune procureur fraîchement nommé dans un village perdu  d'Anatolie, est pourtant bien décidé à ce que la loi soit respectée et l'emporte désormais sur les traditions. Mais il se heurte dès le départ à deux clans ennemis dont il peine à discerner les motivations, malgré une écoute attentive. Quels sont les enjeux des luttes de pouvoir entre les traditionalistes peu soucieux d'écologie regroupés autour du maire et le journaliste qui réclame une gestion de l'eau moins destructrice pour la nature. Qui sont les bons ? Qui sont les méchants ? Rien de moins évident ! D'autant qu'une plainte a été portée pour le viol d'une jeune gitane, croisée par le procureur au cours d'une nuit d'ivresse qui oblitère en partie ses souvenirs. Et si le coupable c'était lui ? Et si l'alibi fourni par le journaliste n'était au fond qu'une tentative de manipulation ? Bien que procureur, l'homme n'en est pas moins faillible .... 

De façon assez remarquable le réalisateur entraîne le spectateur dans un dédale de possibilités avant de boucler son film par une chasse à l'homme qui  rappelle forcément la chasse au sanglier du début, aussi bruyante que sanglante. Une conclusion d'un pessimisme total puisque le réalisateur semble dire que ce sont toujours les méchants qui gagnent.  Et gagneront tant que les potentats en place seront réélus. Un film peut-être plus politique qu'il n'en a l'air !


08 juin 2023

War Pony

 

Il faut bien deux images pour illustrer ce billet puisque tout semble aller par deux dans ce film réalisé par deux jeunes réalisatrices Gina Gammell et Danielle Riley Keough. On y suit en effet les trajectoires  constamment alternées de deux jeunes gens dans une réserve du Sud Dakota : celle d' un jeune homme de 23 ans, déjà père de deux enfants de deux femmes différentes et celle d'un gamin de 13 ans qui doit apprendre à se débrouiller seul. Le film pourrait passer pour un documentaire sur les conditions de vie dans une réserve indienne : pauvreté, alcool, drogue, violence, mais la réalité, souvent sordide est sublimée par la présence confondante de naturel des deux personnages, incarnés par des acteurs non professionnels. Ils sont l'un et l'autre constamment en difficulté, mais continuent d'avancer, ancrés dans un présent qui leur demande suffisamment d'efforts pour épuiser toute leur énergie. Trouver de quoi se nourrir, se loger pour le plus jeune. Trouver de l'argent pour le plus grand. Faire face encore et encore. A coup de petite combines, plus ou moins honnêtes. Mais le film ne juge pas, il se contente d'observer et de faire comprendre ce que grandir dans une réserve veut dire. Il y a bien en arrière plan une allusion à la responsabilité des Blancs, mais ce n'est pas l'essentiel. Le discours ici n'est pas politique, il est d'abord humain. avec quelques échappées de douceur comme dans la seule scène où les deux personnages finissent par se croiser.




07 juin 2023

Où commence, où s'arrête la littérature


Iran, Afghanistan, Turquie, Russie ...  au coeur de mes lectures récentes. Et une question qui me taraude : Où se situe la frontière entre la littérature et le témoignage, entre le roman et l'essai, comme d'ailleurs entre le cinéma et le documentaire ? Pourquoi l'un plutôt que l'autre ? Où commence la littérature, où s'arrête-t-elle ? 

La réponse est peut-être simple : ne s'agit-il pas tout simplement du retour du "roman à thèse", cette version vilipendée du "roman à idées" ou "roman engagé. Je sais bien que le hasard tient une grande place dans le choix de mes lectures, mais force est de constater que beaucoup de livres récents sont écrits par des journalistes (Mikhaïl Chevelev, journaliste russe, Delphine Minoui, journaliste française, AliyehAtaie, activiste féministe iranienne). Leur formation leur permet d'être bien informés, de parler de façon crédible de leur sujet, et de manier la plume avec une certaine aisance. Les causes que ces auteurs défendent sont irréprochables et on ne peut critiquer ni leur engagement, ni leur volonté de mettre leur talent au service de cet engagement. D'autant qu'ils n'ont souvent pas d'autres choix. Un article dans un journal, un essai les mettrait certainement en difficulté, voire en danger. La fiction leur permet d'en dire plus et leur sert de bouclier - fragile il est vrai - contre la censure et la répression : les personnages dont ils parlent sont inventés, inventés aussi leurs agissements. Dans la fiction, cet art de feindre, rien n'est vrai. On ne peut donc accuser l'auteur. Mais le lecteur n'est pas dupe et sait parfaitement décoder. 

Recourir au roman, plutôt qu'à l'essai, a un autre avantage : il permet de toucher un public plus large  De trouver d'autres lecteurs que les intellectuels dévoreurs de presse. Un essai intimide plus qu'un roman. Et lorsqu'on a une cause à défendre, autant qu'elle soit connue d'un maximum de personnes. Elle doit être divulguée, au sens propre du terme. Transmise au peuple et accessible à tous. Bien des écrivains et des plus illustres ont eu recours au roman pour propager leur vérité :  Hugo, Zola, Camus  ... pour n'en citer que quelques uns. 

Oui mais voilà. N'est pas Hugo, Zola ou Camus qui veut. Et la littérature n'est pas seulement un outil au service d'une cause, si noble soit-elle. Elle est plus que cela. A vrai dire je ne sais pas exactement ce qu'elle est et je serai bien en mal de la définir. Mais je sais ce qu'elle n'est pas : elle n'est pas le papier autour du bouquet, elle n'est pas le cadre autour du tableau,  ni le maquillage sur le visage.  Elle n'assène pas sa leçon, elle la laisse entendre.  Elle n'explique pas, elle amène à réfléchir. Elle ne propage pas une vérité, mais elle fait confiance à l'intelligence du lecteur. 

L'Alphabet du silence, La Frontière des oubliés, Le Numéro Un, sont à mes yeux, de bonnes lectures. Pas tout à fait de la littérature.

 

 "Dans le « roman à thèse » au sens étroit, la structure romanesque n'est pas commandée par la dynamique interne du roman, mais par une démarche intellectuelle qui lui est extérieure et dont le roman apparaît comme l'illustration ou la démonstration." Encyclopédie Larousse de la littérature.

 

 




06 juin 2023

Glendon Swarthout, Bénis soient les enfants et les bêtes


 Un bison sur la couverture : difficile de résister !   Par un auteur américain, Glendon Swarthout, spécialisé dans les western. (C'est à lui que l'on doit, entre autres titres, Homesman, adapté au cinéma par Tommy Lee Jones). Un vieux bouquin de 1970 sur lequel Gallmeister a mis sa patte. 

Bien que l'histoire se passe dans l'Ouest, qu'il y ait des chevaux (et des bisons), il ne s'agit pas à proprement parler d'un western, plutôt d'un roman de formation. Mettez 6 adolescents dans un camp de vacances en Arizona. Parents richissimes, mais enfants délaissés, en manque d'affection et pas très dégourdis (euphémisme) qui pourtant trouveront le courage d'entreprendre une mission hors du commun. Oui, qui implique des bisons ! 

Au final, un roman "gentil", à mettre dans les mains de tous les adolescents (pré-adolescents plutôt) qui rêvent d'aventures, d'animaux, et découvriront ce que l'on peut faire, pour peu qu'on ait l'esprit d'équipe.

05 juin 2023

François-Auguste Biard, peintre voyageur

 
L'image est captivante et demande à être regardée de près : les montagnes au loin, la neige, la glace, le grand voilier à l'arrière plan... peinture de paysage... pas tout à fait parce qu'au premier plan sur la droite on distingue le haut d'une voile, la chaloupe qui sans doute a permis le débarquement. Et sur la gauche trois, non quatre morses énormes et pourvus de défenses impressionnantes. Le morse est carnivore, ne l'oublions pas ... Sur le rocher au centre un femme, en robe ou manteau à capuche, tient un bâton, un javelot plutôt le bâton ne serait pas suffisant; elle est sur la défensive. Et ce n'est qu'au dernier moment que l'oeil perçoit, dans l'ombre du rocher la silhouette du peintre : François-Auguste Biard, peintre-voyageur qui en 1839 accompagna une expédition scientifique au Spitzberg. Avec sa compagne Noémie d'Aunet. Et je ne doute pas que ce soit elle, sur le rocher, prête à défendre son homme, arme à la main.

  

Une autre image. Trois, non quatre goélettes dont l'une penche dangereusement sur babord. Elles sont prises par la glace; un brouillard givrant tombé dans la nuit a couvert les ponts, les mâts, les cordages; les hommes ont débarqué; une chaloupe a été mise à l'eau, sans doute pour essayer de trouver une voie. La situation, c'est le moins qu'on puisse dire est périlleuse... 

Le secours viendra peut-être des populations indigènes qui elles, se déplacent dans des pirogues longues et fines, plus rapides et sans doute plus faciles à diriger entre les glaces ... Mais il n'est pas sûr que le couple, très occupé à s'embrasser, ait aperçu les équipages en détresse.... 

 Quel sera le sort des marins si personne ne vient à leur secours. Faut-il envier celui qui survit, seul dans ce désert glacé ? La neige a déjà recouvert les cadavres de trois de ces compagnons. Le quatrième gît sur le dos, il a cessé de respirer.  Le voici seul rescapé, indifférent aux reflets bleutés de l'eau et de la glace, indifférent aux draperies lumineuses de l'aurore boréale loin derrière les montagnes. A quoi me sert la beauté du monde puisque je vais mourir...

François-Auguste Biard a peint ces tableaux. Il en a peint beaucoup d'autres, d'un genre très différents. Après le Spitzberg, il avait pris goût aux voyages, proches ou lointains. Il a vécu au Brésil. Il a peint la jungle et les Indiens d'Amazonie. Il était curieux du monde et des autres. Il a envoyé des huissiers constater la présence de sa femme dans le lit de Victor Hugo. Elle a été mise en prison. Puis au couvent. Ils se sont séparés. Il s'est remarié. Il a continué de peindre. Elle a écrit des livres. 

L'exposition du  Musée Hébert consacrée à François-Auguste Biard présente bien d'autres tableaux du peintre, des scènes de genre pour la plupart.  C'est un peintre du XIXe , relativement classique, mais certains de ses tableaux sont apparemment propices à piquer la curiosité du spectateur et enflammer son imagination bien au-delà de la toile !

04 juin 2023

Ante Tomic, Qu'est-ce qu'un homme sans moustache

 

Faire rire ou à défaut faire sourire, telle est bien l'intention d'Ante Tomic. Oui mais voilà, à trop vouloir amuser, on finit par ne pas être si drôle que cela. Les habitants de ce petit village dalmate ont beau se démener, ils sont un poil trop caricaturaux pour nous amuser longtemps : la veuve qui poursuit de ses assiduités le curé, alcoolique à demi-repenti, l'émigré qui a fait fortune en Allemagne, rentré au pays avec sa fille, l'épicier qui s'obstine à ne parler que dans la langue de ses séries préférées ... l'argent, la religion, la politique, l'amour... trop c'est trop et au bout d'un moment, la farce lasse. A moins que ce jour là mon sens de l'humour ne m'ait fait défaut ?

03 juin 2023

Mikhaïl Chevelev, Le Numéro un

Lire un roman russe aujourd'hui - un roman russe contemporain -  ne va pas sans poser de questions.  Parce qu'il faudrait pouvoir en savoir un peu plus sur son auteur bien sûr, pour savoir "d'où il parle". Mikhaïl Chevelev est journaliste ( traduisez : quelqu'un de bien informé), a déjà publié un premier roman : Une suite d'événements. Il se situerait "plutôt" du côté de l'opposition, mais allez savoir... 

Il faut de surcroît essayer de s'informer sur la maison d'édition Igor Zakharov qui a publié son livre , et ça c'est un peu plus difficile car les infos sur le net sont rares ou ... en russe ! La date est malgré tout une indication, le livre traduit et publié en France en 2023 a été publié en Russie en 2018, c'est à dire bien avant l'invasion d'une partie du territoire ukrainien. Le roman de toute façon porte sur la période qui précède de peu la chute de l'URSS (1984) jusqu'en 2018.

La dernière question à se poser est celle de la censure qui n'existe pas officiellement en Russie mais qui apparemment contraint un journaliste à publier un roman plutôt qu'un essai pour dénoncer les malversations, les magouilles financières et les abus de pouvoir d'une certaine partie de la population et pour démonter le système mafieux qui permet à certains de s'enrichir éhontément pendant que la population manque de tout, et l'on remonte ainsi jusqu'au "numéro un" jamais nommé.  Prudence d'auteur qui sait sans doute ce qu'il risque et joue avec les codes du roman policier et du roman d'espionnage pour dire ce qui ne doit pas être dit, mais que beaucoup, malgré tout, savent. 

Est-ce que tout cela fait au final un bon roman ? Je n'en suis pas certaine. Le récit est un peu trop compliqué, surtout au début et l'on ne sait pas toujours qui parle, le père ? le fils ? Aujourd'hui ? Il y a longtemps?  Le père en Russie, piégé par le KGB ? Le fils aux Etats-Unis qui vient jouer les James Bond à Moscou pour sauver son père? sa mère ? lui-même ? Beaucoup (trop?) de ficelles, de rebondissements, indispensables pour que le récit garde l'étiquette "romanesque" et ne passe pas dans la rubrique journalistique ce qui serait sans doute trop risqué. La vraisemblance de la fiction donc, plutôt que la vérité brute, au risque de perdre le lecteur dans cet exercice de haute voltige. 

Quoi qu'il en soit, le roman de Mikhaïl Chevelev est suffisamment convaincant pour que le lecteur regarde au-delà de la Russie. La parabole de la paille et de la poutre est d'origine biblique, mais jamais démentie jusque là. Et il n'est pas certain que nos régimes démocratiques soient exempts des travers de la Russie.




02 juin 2023

Giosue Calaciura, Pantelleria la dernière île

 

Pantelleria

Une île en Méditerranée. A chacun d'y projeter ses rêves... l'eau, le soleil,  ...  

Mais l'île de Giosué Calaciura n'est pas celle des agences de voyage, des touristes et des vacanciers. 

C'est l'île des vrais gens, des "panteschi" qui depuis des centaines d'années ont travaillé la terre, élevé des murets pour protéger les parcelles de terre agricole contre les vents qui ne cessent jamais de souffler. 

C'est une île volcanique, une île âpre, sèche, sans cocotier, mais où l'on cultive depuis toujours le "zibbibo", une variété de raisin originaire d'Egypte avec lequel on produit un vin dont il est beaucoup question dans le livre.

De toute évidence Calaciura le Sicilien est tombé amoureux de Pantelleria. Et il en parle avec fougue, avec passion.