Hasard des programmations cinématographiques, mais coup sur coup, deux films passéistes, c'est un peu trop pour moi.
J'accorde à Vermiglio, le bénéfice du doute parce que le portrait qu'il fait de la conditions des femmes permet en réalité de mesurer tout ce que nous avons gagné en force et en indépendance depuis l'après-guerre. Mais Dimanches est un film délibérément passéiste ou plutôt une charge - assez drôle parfois et même émouvante - contre le progrès lorsqu'il est imposé. En toute bienveillance, mais imposé.
Dimanches est un film ouzbek, une rareté suffisante pour s'y intéresser. Shokir Kholikov, dont c'est le premier long métrage, met en scène un vieux couple de paysans qui vivent comme ils ont toujours vécu et comme avant eux ont vécu leurs parents etc... Leur fils - ils sont apparemment deux, mais leurs apparitions sont si brèves qu'on ne les identifie pas vraiment, et cette absence de personnalisation fait partie du jeu - leurs fils donc remplacent régulièrement le matériel obsolète de leurs parents par du matériel plus performant : une gazinière supposée s'allumer sans allumettes, une télé à écran plat, un smartphone, un réfrigérateur qui ne fait pas de bruit etc... Le problème, et bien des spectateurs en conviendront, c'est que les nouvelles technologies sont parfois difficiles à maîtriser, surtout sans mode d'emploi ! Le vieux père - bougon et autoritaire - a de toute façon renoncé et compte sur sa femme, plus alerte et plus conciliante pour s'en sortir. Toujours est-il que la soit-disant bienveillance des fils perturbe de plus en plus le vieux couple, et finit par les mettre en danger.
J'avoue ne pas avoir suivi la piste qui suggère que les fils cherchent moins à aider leurs parents qu'à récupérer à leur profit leur propriété. Mais les désarrois du couple devant les progrès techniques m'ont paru bien observés et posent la même question qui faisaient déjà se quereller Voltaire et Rousseau : les progrès des sciences et des techniques contribuent-ils au mieux-être de l'humanité ? Dimanches est certes un voyage dans l'Ouzbekistan rural, mais il n'est pas besoin de grande réflexion pour pointer les similitudes avec notre propre société.
Le film est un peu lent - vieillesse oblige ? - mais visuellement
intéressant. Et les "acteurs" ... dont c'est la première apparition à
l'écran, confondants de naturel. Finalement, pour un film passéiste et après réflexion, pas mal du tout !
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