15 avril 2009

Kafka sur le rivage

Comment rendre compte d'un roman aussi ... et aussi... mais... et puis...
Oui vraiment, ce n'est pas facile !

Kafka sur le rivage de Haruki Murakami est un roman étrange, envoûtant, poétique, surréaliste, bizarre mais aussi trivial, fantastique, réaliste, romantique, éclectique, sanglant à l'occasion et pour tout dire magique.
On y trouve un adolescent en fugue, un vieillard illettré, un chauffeur de camion plein de bonne volonté, une coiffeuse particulièrement accueillante, un bibliothécaire entre deux genres, entre deux sexes plus précisément, une femme aussi mystérieuse qu'attirante, quelques chats et même un passionné de surf !
Il y est question de Schubert et de Beethoven, de Natsume Sôseki, de Platon, de Truffaut ...

Le roman commence à Tokyo, se poursuit à Takamatsu sur l'île de Shikoku. Mais je n'ai hélas ni sur Google Maps, ni dans Lonely Planet, trouvé la bibliothèque commémorative Komura. Pourtant j'aurais bien aimé visiter un jour cette bibliothèque spécialisée en poésie japonaise classique qui se trouve dans un aussi beau bâtiment. La salle de lecture est "haute de plafond, vaste et chaleureuse. parfois un souffle d'air pénètre par la fenêtre ouverte, agitant silencieusement les rideaux blancs. Le vent sent la marée. Il n'y a rien à redire au confort du canapé. Un vieux piano droit occupe un coin de la pièce."
D'ailleurs, celui qui se fait appeler Kafka Tamura, s'y sent parfaitement bien : "Confortablement installé sur le canapé, j'observe les alentours et me rends compte que ce salon est exactement l'endroit que je cherchais depuis longtemps. Un endroit secret, tapi dans un creux du monde, exactement comme celui-là. Mais jusqu'ici ce lieu n'existait que dans le secret de mon imagination. je n'arrive pas encore à croire tout à fait qu'il existe réellement. Je ferme les yeux, inspire profondément, et il s'installe en moi, comme un doux nuage. C'est une sensation agréable. je caresse lentement de la paume le revêtement crème du canapé. Je me lève, me dirige vers le piano, soulève le couvercle, pose mes doigts sur les touches un peu jaunies. Puis je le referme, fais le tour de la pièce en foulant le tapis ancien aux motifs de grappes de raisin. J'allume le lampadaire, l'éteins. J'examine les peintures qui ornent les murs. Puis je me rassieds dans le canapé et me plonge dans la lecture."
Sérénité ! Cette bibliothèque, le coeur du livre, est un havre de calme alors que partout ailleurs le monde s'agite. Violemment !

Décidément le roman de Haruki Murakami ne se raconte pas. Bien qu'il soit construit sur une trame "policière", ce roman est un voyage au sens propre comme au sens figuré : on le lit pour être dépaysé, pour découvrir d'autres paysages, d'autres personnages, étranges étrangers qui pourtant nous ressemblent. On le lit pour se perdre dans un autre univers que le nôtre.

On reconnaît un vrai romancier à sa capacité à nous faire entrer dans un univers totalement fictif et très particulier, qui pourtant très vite nous devient familier. Ils ne sont pas très nombreux mais Haruki Murakami est définitivement l'un d'eux.

Evidemment, si vous n'aimez pas les chats ....

1 commentaire:

Jipes Blues a dit…

Un livre fantastique comme très souvent avec Murakami. On voyage au cours des pages comme dans un univers parallèle mais avec une poésie et une douceur qui fait un bien fou