Le premier est le second film de Wang Quan'an, le second est le premier long métrage de Liu Jie, deux cinéastes encore peu connus, mais qui ne le resteront pas longtemps.
Pourquoi associer ici ces deux films ? Parce que, malgré les apparences, ils présentent plus d'un point commun.
L'un, Le Mariage de Tuya, se passe en Mongolie; l'autre, Le Dernier voyage du juge Feng se passe dans le Sud de la Chine, au Nord du Yunnan. Ce sont des régions situées aux confins de la Chine, des régions oubliées du développement économique; le climat y est rude, les conditions de vie précaires, les traditions pesantes. Le regard que ces deux cinéastes posent sur des régions, dont on ne peut imaginer qu'ils ne soient pas originaires tant la vision qu'ils proposent des choses et des gens est précise, juste, vraie, rappelle celui des cinéastes du neoréalisme italien, les Rossellini, De Sica. Soucieux de rendre compte de la réalité, sans ennuyer, ils jouent de toutes les ressources du documentaire et de la fiction. Pour qui s'intéresse à la Chine c'est une première raison d'aller voir ces films.
Mais il en est une autre au moins, car les deux films proposent de très beaux personnages de femmes. Tuya, qui, en plus de son troupeau, a en charge ses deux enfants et un mari handicapé, décide, pour assurer leur survie de divorcer pour pouvoir se remarier; mais à condition que son nouvel époux accepte de les prendre en charge tous . Tuya est un personnage fort qui jamais ne se plaint, qui jamais ne cède. Sûre de ses choix comme de ses valeurs.
Yang, la greffière qui accompagne le juge Feng dans ses tournées depuis tant d'années, n'a jamais eu d'autre choix que d'accepter, sans se plaindre, la fonction qu'on lui a assigné et pour laquelle elle a dû renoncer à toute vie personnelle. Son sort n'est pas plus enviable que celui de Tuya, mais pas plus que Tuya elle ne se plaint.
Ce sont des femmes fortes, dures vis à vis d'elles-même sans doute, mais pas dépourvues de tendresse pour autant. Leurs visages sont fermés, mais leurs coeurs ne le sont pas et le silence auquel elles se contraignent n'empêche pas les sentiments. Mais elles ont suffisamment de pudeur et de dignité pour ne pas en faire étalage. Le rapprochement est peut-être incongru, mais elles me font penser aux très beaux personnages du roman de Kazuo Ishiguro, Les Vestiges du jour.
Cette réserve dans l'expression des sentiments, c'est la troisième raison d'aller voir ces films.
S'ils passent dans votre ville, ne les manquez pas !
Yang, la greffière qui accompagne le juge Feng dans ses tournées depuis tant d'années, n'a jamais eu d'autre choix que d'accepter, sans se plaindre, la fonction qu'on lui a assigné et pour laquelle elle a dû renoncer à toute vie personnelle. Son sort n'est pas plus enviable que celui de Tuya, mais pas plus que Tuya elle ne se plaint.
Ce sont des femmes fortes, dures vis à vis d'elles-même sans doute, mais pas dépourvues de tendresse pour autant. Leurs visages sont fermés, mais leurs coeurs ne le sont pas et le silence auquel elles se contraignent n'empêche pas les sentiments. Mais elles ont suffisamment de pudeur et de dignité pour ne pas en faire étalage. Le rapprochement est peut-être incongru, mais elles me font penser aux très beaux personnages du roman de Kazuo Ishiguro, Les Vestiges du jour.
Cette réserve dans l'expression des sentiments, c'est la troisième raison d'aller voir ces films.
S'ils passent dans votre ville, ne les manquez pas !
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