Hasard des progammations, je viens de voir successivement un film mexicain, Norteado, un film chinois, La Rivière Tumen, un film coréen, Poetry. Et je me souviens d'avoir vu, il n'y a pas si longtemps un autre film coréen, Mother.
Si chacun de ces films est en lui-même intéressant, ce sont les rapprochements que j'ai pu faire entre les uns et les autres qui m'ont particulièrement intéressée.
Ainsi Poetry de Lee Chang-Dong suit dans sa vie quotidienne une vieille dame, un peu perdue, qui s'inscrit à un cours de poésie pour essayer de rattraper les mots - et avec eux le monde - qui lui échappent. Elle a la charge de son petit-fils, adolescent déliquescent, impliqué dans un viol collectif, ce dont la vielle dame prend peu à peu conscience. Le film a bien quelques longueurs, et les leçons de poésie m'ont vite lassée, sans doute parce que le réalisateur semblait parfois hésiter entre deux sujets. Le vrai sujet à mes yeux est le chemin que doit parcourir la vieille dame pour en fin de compte, dénoncer son petit fils et donner à sa conscience la priorité sur son amour grand-maternel. Alors que Joon-ho Bong dans Mother choisissait pour son personnage l'option inverse : mère d'un enfant handicapé mental, coupable d'un meurtre, elle va elle-même jusqu'au meurtre pour sauver son enfant.
Loi morale contre instinct maternel, voilà le dilemme auquel nous confrontent ces deux films. Et la réponse est loin d'être évidente.
Dans Norteado et La Rivière Tumen, il s'agit de tout autre chose, mais une fois encore les deux films se font écho. Pure coïncidence.
Dans le premier, des clandestins mexicains essayent de franchir la frontière des Etats-Unis; dans le second, des clandestins nord-coréens profitent de ce que la rivière est gelée pour la traverser et trouver en Chine la nourriture dont ils manquent si cruellement. Rigoberto Perezcano est mexicain, Zhang Lu est chinois. Sur un tel sujet, ils auraient pu faire un film d'action aussi noir que spectaculaire. Leurs films sont noirs effectivement - comment pourraient-ils en être autrement ? - mais ils sont quasi intimistes. Dans Norteado le réalisateur souligne la tranquille désespérance de ceux qui malgré leurs échecs successifs, persistent dans leurs tentatives. Dans La Rivière Tumen le réalisateur montre comment, par la faute d'un seul, la méfiance et la haine s'insinuent entre les habitants des deux rives, hier encore solidaires.
Alors que la question de l'immigration se pose chaque jour de façon plus aigüe, ces deux films arrivent à point nommé pour aiguiser notre réflexion.
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