Je viens de terminer la lecture de The Help, un roman de Kathryn Stockett et j'ai pris beaucoup de plaisir à ma lecture.
Miss Skeeter est une jeune sudiste, qui vient de terminer ses études à Ole Miss, surnom affectueux donné à l'Université du Mississipi, celle-là même où la garde nationale a dû intervenir pour permettre à James Meredith d'y poursuivre ses études. Elle rentre chez elle à Jackson, retrouve ses amies d'enfance, mariées pour la plupart, mais la "nounou" noire et qu'elle aime tant n'est plus là.
Un lieu, une date et le reste va de soi ou presque.
Le Sud des Etats-Unis avant les droits civiques, le Mississippi, l'un des Etats les plus racistes et le début des années 60, lorsque culmine le mouvement pour les droits civiques, mais aussi la haine exacerbée et les violences de ceux qui s'y opposent. 1962, 1963, 1964 : le boycott des bus, de la cafeteria Woolsworth, les marches pour le droit de vote, l'assassinat de J.F.Kennedy, la grande marche vers Washington, le discours de Martin Luther King ... ces événements constituent la toile de fond du roman, mais au premier plan ce sont deux femmes noires, deux "nounous" qui permettent au lecteur de quitter l'Histoire, toujours un peu abstraite pour découvrir, de l'intérieur, la réalité de la ségrégation. Aibileen et Minny ont, malgré les risques, accepté de parler à la jeune Miss Skeeter, de témoigner, de raconter dans quelles conditions elles vivent et travaillent. Ce sont elles en réalité qui élèvent les enfants blancs, qui les éduquent, les cajolent, les consolent, et en définitive les aiment et pourtant elles sont traitées comme des moins que rien par leurs patronnes.
Ce n'est pas à proprement parler une découverte mais l'auteur construit son roman avec assez d'habileté pour émouvoir et convaincre son lecteur, pour le faire rire ou pleurer, pour l'attendrir, l'horrifier ou le révolter, pour en fin de compte le faire réfléchir et s'interroger. N'est-ce pas assez pour un roman ? N'est-ce pas tout ce qu'on demande à un roman : nous faire vivre, par personnages interposés, des situations, une réalité que, sans lui, nous n'aurions jamais vécue ?
Le roman, donc, m'a bien plu, mais les polémiques qu'il semble avoir suscitées m'ont également intéressée.
L'auteur s'est efforcé de rendre la langue des "nounous" noires, aussi "incorrecte" grammaticalement qu'imagée, ce qui je l'avoue a constitué pour moi une difficulté et je suis curieuse de savoir ce que cela donne dans la traduction française puisque le roman vient d'être publié sous le titre La Couleur des sentiments. Cette recréation langagière est elle linguistiquement "fidèle" ? Voici le premier sujet de dispute.
Originaire de Jackson Mississippi, Kathryn Stockett est trop jeune pour avoir connu les événements dont elle parle. Mais elle reconstitue l'atmosphère, les façons de faire, les façons de penser d'une époque. Et voici le second sujet de dispute.
Et chacun de prendre parti en se référant à ses origines (sudistes ou yankees), à sa couleur de peau, à son milieu social... Chacun de se faire juge de l'authenticité ou du manque d'authenticité du roman.
Mais justement ! Il s'agit d'un roman. Pas d'un essai, pas d'un ouvrage historique. On ne demande pas à un roman d'être "authentique", d'être "véridique" sinon ce ne serait plus de la fiction. On lui demande juste d'être vraisemblable ! Et celui-ci l'est, définitivement.
D'ailleurs, rien n'interdit d'aller chercher en bibliothèque essais et documents historiques susceptibles de satisfaire la curiosité que ce roman a suscitée.
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