Il arrive que l'actualité donne du relief à certains livres qui au premier abord avaient pu paraître un peu plat. C'est le cas de Poils de Cairote de Paul Fournel.
Ecrivain, dramaturge, animateur culturel, Paul Fournel a occupé pendant 3 ans (nov. 2000 à juin 2003) le poste d'attaché culturel au Caire. Il a profité de ces trois années pour rédiger chaque jour un court billet à l'intention de ses amis. Soit au total 506 textes finalement publiés en volume en 2007, 506 petits textes dont je viens de me régaler, alors même que les Egyptiensse débrouillaient pour mettre à bas le régime dont ils ont souffert pendant tant d'années.
La discipline à laquelle s'est astreint Paul Fournel pour rédiger ses billets en fait tout le charme : concis jusqu'à parfois ne pas dépasser 3 lignes, ciselés comme des bijoux, ils portent sur le Caire et ses habitants un regard critique, amusé, ironique, compatissant, étonné. Le propos de l'auteur est rarement politique mais ses billets, mis bout à bout en disent beaucoup sur les conditions de vie des Egyptiens en général, des Cairotes en particulier, et, accessoirement ... des touristes !
Fin observateur, brillant styliste Paul Fournel est certainement le meilleur guide que l'on puisse imaginer pour visiter Le Caire. Mais ... est-ce bien nécessaire ? Le livre ne tient-il pas déjà lieu de voyage ?
28 février 2011
25 février 2011
Cherche film divertissant ...
Il faut bien l'admettre : ma dernière récolte cinématographique n'a rien de très divertissant. Je n'ai vu, depuis 15 jours, que des films sombres, pessimistes, voire franchement désespérants.
A commencer par La BM du Seigneur, "une embardée héroïque", "un concentré de violence poétique" (?) selon certain; un de ces films impossible à rattacher à quoi que ce soit, ni film de genre, ni film documentaire mais un peu des deux quand même. Le regard posé par le cinéaste sur les gens du voyage est peut-être neutre; celui du spectateur ne l'est pas. Et l'on sort du film inquiet voire consterné.
Le Cercle du cinéaste iranien de Jafar Panahi n'offre aucune raison de se réjouir : autant de destins féminins, autant de tragédies. Et l'on pourrait dire la même chose du film de Yousri Nasrallah, Femmes du Caire. Sans être de grands chefs-d'oeuvre cinématographiques, ces deux films osent dénoncer la façon dont les femmes sont traitées, mais on aurait tort de se rassurer en imaginant qu'ici est différent de "là-bas".
Comparé à ces deux films, The Hunter de Rafi Pitts passerait presque pour un film positif, puisque le personnage principal refuse de se soumettre, refuse d'accepter son destin : lorsque sa femme et sa fille, prises dans une manifestation, disparaissent, il prend son fusil et se met en chasse, prêt à descendre tous ceux qui portent un uniforme. Mais la vengeance n'est pas la justice. Elle n'est que le signe du désespoir.
Reste le plus noir (?) de tous les films vus récemment : Santiago 73, post mortem de Pablo Larrain, un jeune cinéaste chilien qui ne semble pas avoir froid aux yeux. Le scénario entremêle une histoire d'amour ratée à la répression sanglante qui a suivi le coup d'Etat de 73 et la mort d'Allende. Le personnage principal est un greffier, chargé de transcrire les rapports d'autopsie. Il est amoureux de sa voisine, une stripteaseuse vieillisante. Tout dans ce film est blafard, glaçant : les rues mornes et vides, les cadavres qui s'entassent dans les couloirs de la morgue, les visages ravagés des protagonistes, leur regard vide d'autant que le réalisateur a souvent opté pour un cadrage serré dans lequel les individus n'apparaissent qu'en plans morcelés, comme mutilés, parfois même sans visage. Le film est d'une efficacité remarquable et place le spectateur au plus près de l'abjection tout en laissant entendre que l'abjection est d'abord celle de l'être humain avant d'être celle d'un système.
Je n'ai donc vu que des films noirs, très noirs qui ne cherchent aucunement à nous réconforter, plutôt à nous déconcerter par les sujets qu'ils abordent avec audace autant que par les parti-pris esthétiques. Ils font appel à notre lucidité, nous demandent de garder les yeux ouverts, mais j'avoue que parfois, c'est un peu difficile et que, pendant la projection de Santiago 73, j'ai quelques fois détourné la tête.
A commencer par La BM du Seigneur, "une embardée héroïque", "un concentré de violence poétique" (?) selon certain; un de ces films impossible à rattacher à quoi que ce soit, ni film de genre, ni film documentaire mais un peu des deux quand même. Le regard posé par le cinéaste sur les gens du voyage est peut-être neutre; celui du spectateur ne l'est pas. Et l'on sort du film inquiet voire consterné.
Le Cercle du cinéaste iranien de Jafar Panahi n'offre aucune raison de se réjouir : autant de destins féminins, autant de tragédies. Et l'on pourrait dire la même chose du film de Yousri Nasrallah, Femmes du Caire. Sans être de grands chefs-d'oeuvre cinématographiques, ces deux films osent dénoncer la façon dont les femmes sont traitées, mais on aurait tort de se rassurer en imaginant qu'ici est différent de "là-bas".
Comparé à ces deux films, The Hunter de Rafi Pitts passerait presque pour un film positif, puisque le personnage principal refuse de se soumettre, refuse d'accepter son destin : lorsque sa femme et sa fille, prises dans une manifestation, disparaissent, il prend son fusil et se met en chasse, prêt à descendre tous ceux qui portent un uniforme. Mais la vengeance n'est pas la justice. Elle n'est que le signe du désespoir.
Reste le plus noir (?) de tous les films vus récemment : Santiago 73, post mortem de Pablo Larrain, un jeune cinéaste chilien qui ne semble pas avoir froid aux yeux. Le scénario entremêle une histoire d'amour ratée à la répression sanglante qui a suivi le coup d'Etat de 73 et la mort d'Allende. Le personnage principal est un greffier, chargé de transcrire les rapports d'autopsie. Il est amoureux de sa voisine, une stripteaseuse vieillisante. Tout dans ce film est blafard, glaçant : les rues mornes et vides, les cadavres qui s'entassent dans les couloirs de la morgue, les visages ravagés des protagonistes, leur regard vide d'autant que le réalisateur a souvent opté pour un cadrage serré dans lequel les individus n'apparaissent qu'en plans morcelés, comme mutilés, parfois même sans visage. Le film est d'une efficacité remarquable et place le spectateur au plus près de l'abjection tout en laissant entendre que l'abjection est d'abord celle de l'être humain avant d'être celle d'un système.
Je n'ai donc vu que des films noirs, très noirs qui ne cherchent aucunement à nous réconforter, plutôt à nous déconcerter par les sujets qu'ils abordent avec audace autant que par les parti-pris esthétiques. Ils font appel à notre lucidité, nous demandent de garder les yeux ouverts, mais j'avoue que parfois, c'est un peu difficile et que, pendant la projection de Santiago 73, j'ai quelques fois détourné la tête.
24 février 2011
Le musée de Collioure
Le chemin du fauvisme à Collioure et le musée Peské, le musée Aristide Maillol à Banyuls, le circuit et le musée Charles Rennie Mackintosh à Port-Vendres, sans oublier le musée de Céret : pour l'amateur d'art, la région est une aubaine ... à condition de bien choisir ses dates et ses horaires car en février, les portes des musées sont plus souvent fermées qu'ouvertes.
Le musée d'art moderne de Collioure a pour lui d'être situé dans une belle et grande villa, au bord d'un parc planté d'oliviers qui mène jusqu'à un moulin à vent joliment restauré.
Les tableaux sur les murs ne nous ont pas retenus très longtemps. Affaire de goût.
Mais le dernier étage nous a permis d'un découvrir une oeuvre surprenante dont la photo a bien du mal à rendre compte.
Soit une interminable rangée de verres, parfaitement alignés et remplis à ras-bord d'eau salée; dans un angle de la pièce, un flotteur jaune qui se reflète dans chacun des verres. C'est curieux, intriguant. A la fois fragile et menaçant, à la bascule de deux univers.
Le nom de l'artiste ? Amandine Artaud.
Depuis les années 90, la ville de Collioure sélectionne, tous les deux ans, un jeune artiste qui a ainsi l'occasion de passer 18 mois en résidence au musée. Au terme de cette période, l'artiste présente une exposition et laisse l'une de ses oeuvres au musée qui enrichit ainsi sa collection.
Une initiative intéressante, pour l'artiste, pour le musée et pour le visiteur !
23 février 2011
Drôle d'endroit
Une crêperie à Collioure, voilà qui est déjà passablement incongru. Mais un vieux bus des années 50 à l'intérieur de la crêperie, des tables de formica et un décor genre "american diner ", voilà qui est franchement insolite.
De là à s'imaginer dans un tableau d'Edward Hopper ou dans un film de Geroges Lucas, il y a un pas ! Mais le sol à carreaux, la moleskine des chaises, les couleurs .... avec un peu d'imagination...
Les vrais "diners", comme celui-ci, recommandé par un blogueur de Palo Alto, n'existent qu'en Amérique bien sûr. Ce sont pour la plupart des pièces de musée, soigneusement restaurées, survivance d'une époque disparue et que l'American diner museum s'efforce de préserver.
Petit bémol à propos du café de Collioure : les crêpes ne sont pas tout à fait à la hauteur ! Mais des crêpes en Languedoc-Roussillon .... franchement ....
De là à s'imaginer dans un tableau d'Edward Hopper ou dans un film de Geroges Lucas, il y a un pas ! Mais le sol à carreaux, la moleskine des chaises, les couleurs .... avec un peu d'imagination...
Les vrais "diners", comme celui-ci, recommandé par un blogueur de Palo Alto, n'existent qu'en Amérique bien sûr. Ce sont pour la plupart des pièces de musée, soigneusement restaurées, survivance d'une époque disparue et que l'American diner museum s'efforce de préserver.
Petit bémol à propos du café de Collioure : les crêpes ne sont pas tout à fait à la hauteur ! Mais des crêpes en Languedoc-Roussillon .... franchement ....
22 février 2011
Les vignes de Banyuls
Pour aller de Collioure à la frontière espagnole, on peut emprunter la route de la corniche, qui ouvre de belles perspectives sur la mer.
On peut, pour changer, emprunter la route des crêtes, la redoutable N86, aussi étroite que vertigineuse. Elle permet de se faire une idée du labeur des vignerons pyrénéens qui sans relâche ont sculpté la montagne, caillou après caillou, muret après muret.
La terre est incroyablement sèche, aride; rien ne semble vouloir pousser hormis les plantes du maquis et ... la vigne, cultivée ici depuis l'Antiquité ! Rien n'a sans doute beaucoup changé dans la configuration du paysage si ce n'est que les cabanes en pierre sèche ont parfois été remplacées par des cabanons en maçonnerie dont les couleurs éclatantes feraient presque pâlir les maisons du bord de mer.
Ne me demandez pas mon avis sur le vin de Banyuls, je suis en la matière fort mauvais juge. Je sais en revanche que ce paysage de terrasses a reçu depuis peu le label "Paysage de Reconquête" et que le travail des "Vignerons sculpteurs de montagnes à Banyuls" pourrait bien, un jour, être reconnu comme une contribution essentielle au Patrimoine de l'Humanité.
On peut, pour changer, emprunter la route des crêtes, la redoutable N86, aussi étroite que vertigineuse. Elle permet de se faire une idée du labeur des vignerons pyrénéens qui sans relâche ont sculpté la montagne, caillou après caillou, muret après muret.
La terre est incroyablement sèche, aride; rien ne semble vouloir pousser hormis les plantes du maquis et ... la vigne, cultivée ici depuis l'Antiquité ! Rien n'a sans doute beaucoup changé dans la configuration du paysage si ce n'est que les cabanes en pierre sèche ont parfois été remplacées par des cabanons en maçonnerie dont les couleurs éclatantes feraient presque pâlir les maisons du bord de mer.
Ne me demandez pas mon avis sur le vin de Banyuls, je suis en la matière fort mauvais juge. Je sais en revanche que ce paysage de terrasses a reçu depuis peu le label "Paysage de Reconquête" et que le travail des "Vignerons sculpteurs de montagnes à Banyuls" pourrait bien, un jour, être reconnu comme une contribution essentielle au Patrimoine de l'Humanité.
http://www.pierreseche.com/terrasses_banyuls.htm
21 février 2011
Vous avez dit Peter Klasen ?
Peut-être, vaguement, un tout petit peu; parce que Peter Klasen est un peintre-photographe que j'aime bien, qui porte sur les machines un regard ... particulier. Très coloré !
Mais sur un port, de toute façon, la couleur est partout. Elle enchante l'oeil. Et c'est dans le détail, dans le gros plan surtout qu'elle s'impose.
Il suffit d'un cordage coincé dans une poulie pour avoir envie d'embarquer....
Mais sur un port, de toute façon, la couleur est partout. Elle enchante l'oeil. Et c'est dans le détail, dans le gros plan surtout qu'elle s'impose.
Il suffit d'un cordage coincé dans une poulie pour avoir envie d'embarquer....
Le fauvisme serait-il contagieux ?
20 février 2011
Port-Vendre
Malgré ses trois jolis bateaux amarrés au quai, Collioure n'est plus qu'un port sans pêcheur, un port de carte postale !
Le vrai port, celui des pêcheurs de thons, de sardines et d'anchois, est à quelques encablures plus au Sud.
Les filets et les flotteurs amassés sur les quais attestent d'une activité portuaire importante, bien que le port de commerce l'emporte apparemment sur le port de pêche. Dommage, car la couleur, c'est du côté du port de pêche qu'on la trouve.
Et si vous vous étonnez de la couleur rose des filets, allez voir du côté du cap Bear...
Un phare de marbre rose, ça a de la gueule ! Non ?
Comme tous les phares de France, celui du cap Bear est désormais automatisé. Et donc inhabité.
Qui aura la bonne idée de transformer tous ces phares, désormais vides, en chambres d'hôtes ? Je serai la première à réserver !
Le vrai port, celui des pêcheurs de thons, de sardines et d'anchois, est à quelques encablures plus au Sud.
Les filets et les flotteurs amassés sur les quais attestent d'une activité portuaire importante, bien que le port de commerce l'emporte apparemment sur le port de pêche. Dommage, car la couleur, c'est du côté du port de pêche qu'on la trouve.
Et si vous vous étonnez de la couleur rose des filets, allez voir du côté du cap Bear...
Un phare de marbre rose, ça a de la gueule ! Non ?
Comme tous les phares de France, celui du cap Bear est désormais automatisé. Et donc inhabité.
Qui aura la bonne idée de transformer tous ces phares, désormais vides, en chambres d'hôtes ? Je serai la première à réserver !
19 février 2011
Du rouge au vert tout le jaune se meurt (*)
Les rues de Collioure débordent de couleurs, jusqu'à fatiguer les yeux : rouge, orange, bleu, vert, jaune.... et toutes les nuances intermédiaires !
Comme dans les tableaux de Matisse ou de Derain !
Ce qui au fond n'a rien d'étonnant puisqu'en passant l'été 1905 à Collioure, ces deux peintres ont inventé le fauvisme. Bleu pour la mer, vert pour les bateaux , rouge pour les murs et du jaune pour éclabousser le tout ... Ils s'en sont donnés à coeur joie pour mettre de la couleur partout.
Même où il n'y en avait peut-être pas !
Car maintenant les rues de Collioure ressemblent bien à des tableaux de Matisse; mais avant, à quoi ressemblaient-elles ?
Faut-il croire ce que l'on raconte, que les pêcheurs badigeonnaient leurs maisons avec les restes de peinture qu'ils avaient utilisée pour peindre leur bateau ?
Ou faut-il croire que la couleur était dans les yeux de Matisse, Derain et quelques autres ?
Voici les bateaux ...
Et voici les maisons de Collioure ....
Jolie palette, non ? Et si d'autres villes s'en inspiraient ?
Un monde de couleurs ... un monde en couleur !
(*) "Du rouge au vert tout le jaune se meurt" est le premier vers d'un poème d'Apollinaire Les Fenêtres, un poème à la gloire de Delaunay, autre grand coloriste.
Comme dans les tableaux de Matisse ou de Derain !
Ce qui au fond n'a rien d'étonnant puisqu'en passant l'été 1905 à Collioure, ces deux peintres ont inventé le fauvisme. Bleu pour la mer, vert pour les bateaux , rouge pour les murs et du jaune pour éclabousser le tout ... Ils s'en sont donnés à coeur joie pour mettre de la couleur partout.
Même où il n'y en avait peut-être pas !
Car maintenant les rues de Collioure ressemblent bien à des tableaux de Matisse; mais avant, à quoi ressemblaient-elles ?
Faut-il croire ce que l'on raconte, que les pêcheurs badigeonnaient leurs maisons avec les restes de peinture qu'ils avaient utilisée pour peindre leur bateau ?
Ou faut-il croire que la couleur était dans les yeux de Matisse, Derain et quelques autres ?
Voici les bateaux ...
Et voici les maisons de Collioure ....
Jolie palette, non ? Et si d'autres villes s'en inspiraient ?
Un monde de couleurs ... un monde en couleur !
(*) "Du rouge au vert tout le jaune se meurt" est le premier vers d'un poème d'Apollinaire Les Fenêtres, un poème à la gloire de Delaunay, autre grand coloriste.
18 février 2011
17 février 2011
Collioure, un si joli petit port
16 février 2011
L'hiver en couleurs
15 février 2011
Perpignan en trois clichés !
Rouge et jaune, les couleurs de la Catalogne ...
Les reflets du quai Sadi Carnot dans la Basse qui divise la ville en deux.
Le clocher en fer forgé de la Cathédrale, ajouré pour laisser filer la Tramontane ...
Mais il manque un quatrième cliché, celui de la gare, dont Dali prétendait qu'elle constituait le centre du monde. Et qu'il a immortalisé dans un tableau intitulé La Gare de Perpignan .
Et bien cette gare illustre, je ne l'ai pas trouvée. Car elle a disparu derrière un gigantesque et très coloré centre commercial baptisé, en catalan et en toute modestie...
Un truc à vous faire regretter les bons vieux wagons d'autrefois, laissés à l'abandon un peu plus loin !
13 février 2011
Ici, ailleurs ...
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