Coeurs sensibles s'abstenir !
Il s'agit pourtant de deux bons films, mais l'un et l'autre, pour des raisons différentes, mettent à mal le spectateur.
Drive est ce qu'on appelle un film d'action, mais pas seulement. Bien sûr il y a de jolies poursuites de voiture. Fuites serait plus exact puisque le personnage principal, loue ses services de chauffeur à des truands qui veulent assurer leur fuite après un casse. Sûr de lui et impassible, il impose ses conditions à ses employeurs : 5 mn pour les tirer d'affaire. Pas une de plus. Le système fonctionne bien mais un grain de sable, sous la forme d'une ravissante jeune femme, mère d'un petit garçon surgit qui fait tout dérailler.
Le visage de Ryan Gosling, qui joue le rôle du chauffeur n'exprime rien et c'est ce qui fait en grande partie l'intérêt du film car on ne cesse de s'interroger sur les motivations de ce jeune homme aux nerfs d'acier et on est à chaque fois surpris (et choqué) par la brutalité et la violence de ses réactions.
Nicolas Winding Refn, le réalisateur, se joue du spectateur en tenant son film parfaitement en équilibre entre bluette sentimentale et engrenage fatal vers la tragédie.
Dans We need to talk about Kevin, la tragédie a déjà eu lieu. Enfant pervers autant que perturbé, Kevin est pour sa mère - et pour le spectateur une énigme. Et lorsqu'il accomplit l'irréparable, l'impardonnable, sa mère ne cesse de se repasser cent fois le film de sa naissance, de son enfance, de son adolescence, dans un effort désespéré pour comprendre ce qui s'est passé, pour savoir qui est responsable de la tuerie qui colore de rouge ses nuits et parfois ses jours.
Le fil du récit est morcelé par d'incessants allers-retours entre le présent et le passé. Car l'un et l'autre sont aussi effroyables. La violence dans ce film est moins dans les actes que dans la relation de l'enfant et de sa mère et l'on ne cesse de se demander ce qui, dès le départ, n'a pas bien fonctionné pour expliquer tant de haine. Tilda Swinton, en mère appliquée et déchirée, qui ne cesse de se brimer pour coller à l'image de la mère parfaite réveille nos propres hantises. Lorsque surgissent des tragédies comme celle de Columbine ou plus récemment celle d'Utoeya en Norvège je me suis toujours demandé ce que peuvent ressentir les mères des meurtriers. Dans le film cela ressemble beaucoup à un enfer.
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