Le Cochon de Gaza

On a rarement vu vie plus pourrie que celle de Jafaar, le pêcheur palestinien qui, depuis qu'il n'a plus le droit de pêcher au delà de 400 mètres des côtes ne ramène plus dans son filet que des tongs et autres cochonneries... jusqu'au jour où c'est un vrai cochon qu'il sort de l'eau.
Pour un musulman, rien de pire qu'un cochon, animal impur et par conséquent, interdit de séjour dans la bande de Gaza, comme d'ailleurs dans la colonie juive d'à côté ! De pourrie, la vie de Jafaar devient un enfer ... jusqu'au jour où il prend mèche avec une jeune émigrée russe qui, malgré les interdits, élève des cochons. Les capacités reproductrice du cochon de Jafaa ont désormais un prix, un bon prix !


Fable pacifiste, ce film est une coproduction franco-germano-belge et a été tourné à Malte par un réalisateur français au parcours atypique : Sylvain Estibal. La farce est énorme mais convaincante et décrit de façon très réaliste les conditions de vie des Palestiniens, leur cohabitation forcée avec les militaires et les colons israëliens, dont les conditions de vie ne sont guère plus enviables. Et l'on découvre que l'on peut en effet rire de tout, même du terrorisme ! Sasson Gabai est remarquable dans le rôle de Jafaa, mais les autres acteurs ne le sont pas moins.

Le réalisateur se dit inspiré par Chaplin; on pourrait aussi bien penser à Rabelais ! En tout cas on sort de ce film édifié, avec chevillé au coeur l'espoir d'une impossible réconciliation entre deux peuples qui se haïssent depuis si longtemps ! Non, croire à la paix n'est pas ringard.

Voir à quelques jours de distance deux films aussi inventifs et drôles que Le Cochon de Gaza et Et maintenant on va où ? est un vrai plaisir, une jolie parenthèse entre d'autres films nettement plus durs dont je parlerai ... demain ? Ou après-demain ...