Wang Xiaoshuai est l'auteur de plusieurs films, dont certains ont réussi à passer la barrière de la censure chinoise comme Beijing bicycle (2001) ou Shanghai dreams (2005) qui lui ont permis de se faire connaître en Europe.
Les films de Wang Xiaoshuai semblent se centrer sur la famille, en particulier sur ce moment si fragile entre enfance et adolescence, un sujet qui pourrait être universel si le réalisateur ne le situait à un moment particulier de l'histoire chinoise, celui de la fin du maoïsme. Comment grandir dans un monde qui vacille, où les adultes ne parlent que par allusions et sous-entendus de ce qui se passe au village ou à l'usine : un monde de silences, de vérités cachées, d'interdits. Le dernier film de Wang Xiaoshai, 11 Fleurs s'inscrit dans cette lignée.
Le village de montagne où la révolution culturelle a confiné ses parents, est pour Wang Han et ses trois copains un extraordinaire terrain de jeu. Il y a la forêt, la rivière, l'école aussi bien sûr. On pense vaguement au premier film de Truffaut, les Mistons. Mais une jeune fille a été violée, un meurtre a été commis et l'assassin se cache quelque part dans la forêt.
Le village où vit la famille de Wang Han est moche; tout est gris, humide, glauque. L'horizon y est bouché, au sens propre comme au figuré. Par mille petits détails, mais sans tomber dans le misérabilisme, le réalisateur suggère les difficultés matérielles dans lesquelles se débattent les habitants. La véracité du film tient sans doute en grande partie à son caractère autobiographique. Non, il ne faisait pas bon vivre dans la Chine communiste, pas plus qu'en RDA. Il est d'ailleurs intéressant de rapprocher 11 Fleur et Barbara, le film de Christian Petzold dont j'ai parlé hier. Parce que les deux réalisateurs ne se contentent pas de faire un documentaire : la fiction qu'ils créent à partir d'une situation donnée accroît en réalité la crédibilité de leur témoignage et permet au spectateur de ressentir, à travers des personnages, ce qu'oppression veut dire.
Petit détail amusant, dans les deux films ce sont les séquences à vélo qui constituent autant de petites bouffées de liberté. Un temp suspendu. Un éloge de la bicyclette ?
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