J'avoue me méfier des films historiques : la reconstitution, les décors, les costumes y occupent toujours trop de place à mon goût. Je traînais donc un peu les pieds pour aller voir le film de Benoît Jacquot Les Adieux à la reine.
Je fais amende honorable et reconnais que celui-ci m'a rapidement séduit, ne serait-ce que par la beauté de la photographie : actrices ravissantes, harmonie des couleurs, jeux de lumières : le film est d'abord un vrai plaisir visuel.
Mais l'intérêt du film tient aussi au point de vue choisi par le réalisateur, qui ne montre la Révolution que depuis Versailles, c'est-à-dire de l'endroit où l'on n'entend parler de ce qui se passe ailleurs que par des bruits de couloirs, des confidences entre deux portes, où l'on ne saisit de la révolution en cours qu'un écho lointain, de vagues rumeurs, bref de l'endroit où l'on est le moins apte à comprendre ce qui se passe. Engoncée dans ses perruques, ses falbalas et son protocole, la cour ne se soucie que de fanfreluches et d'intrigues amoureuses. Frivole, forcément frivole !
L'observation des moeurs de la cour, avec ce que cela implique de soumissions et de compromis pour continuer de compter parmi les favoris est particulièrement savoureuse car le parallèle entre le comportement des nobles d'autrefois, prisonniers de leur ghetto doré comme de leurs préjugés, aveugles et sourds aux difficultés du reste du monde et les élites politiques et financières d'aujourd'hui devient soudain évident. De banalement historique, le film devient politique et prend alors sa pleine mesure.
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