L'objet est pourtant beau en soi, avec beaucoup de scènes nocturnes qui supposent un travail sur les couleurs, glauques souvent, et l'éclairage, parcimonieux. Certaines images par leur cadrage ou leurs couleurs peuvent faire penser à des tableaux de Hopper. Le plus réussi dans le film c'est sans doute cette volonté de rendre par l'image l'état d'esprit de ce chanteur folk en mal de succès. Llewin Davis qui ne possède rien d'autre que sa guitare évolue dans un univers étriqué, confiné, se heurte constamment à des portes closes, circule dans des couloirs si étroits que deux personnes ne peuvent s'y croiser et lorsqu'il quitte, brièvement, NY pour rejoindre Chicago, c'est coincé dans une voiture dont le siège arrière est occupé par un musicien obèse et quasi moribond. L'image de son avenir ?
La réussite formelle du film est indéniable. N'empêche que l'on s'ennuie un peu et qu'il n'y a pour nous tirer de cet ennui que les mésaventures d'un chat.
Le film toutefois présente un autre intérêt, c'est de faire à travers le portrait de ce "loser", le portrait d'une Amérique qui n'est pas celle de la gloire, de l'argent et de la réussite. Car dans les années 60, pour un Bob Dylan, combien de Llewin Davis. Et prendre le contre-pied du rêve américain, c'est après tout ce que les frères Cohen réussissent très bien. Le film est en couleur, c'est l'Amérique qui est ici bien grise.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire