30 mars 2014

Don Quichotte du Trocadéro


D'accord, je vais beaucoup au cinéma, mais il m'arrive de sortir pour aller voir autre chose, de la danse par exemple.
Don Quichote du Trocadéro de José Montalvo est un spectacle absolument jouissif qui mêle allègrement des souvenirs du roman de Cervantes aux clichés les plus usés que chacun porte en soi à propos de l'Espagne ; la corrida, le flamenco...  Le tout revisité avec un entrain et une gaîté communicatifs.

Le spectacle est né d'une conversation entre le chorégraphe et Patrice Thibaud, "acteur, comédien, auteur, metteur en scène, humoriste et mime" à propos des différences et des similitudes entre le comique des gestes burlesques et la danse.
Patrice Thibaud, dont la silhouette rappelle étrangement celle de Gilbert Garcin (découvert l'été dernier à Arles) est présent sur scène  et bien que son gabarit n'ait rien à voir avec celui d'un danseur , il tient remarquablement bien son rôle, commentant  à l'occasion l'exécution des pas, conformes ou non au Don Quichotte chorégraphié en 1869 par Marius Petitpa auquel José Montalvo rend un amusant hommage.


Bien que chargé de références - mais le spectateur n''ai pas obligé de les connaître pour trouver son plaisir -  le ballet est pourtant léger, enlevé, et mélange avec allégresse tous les styles de danse : classique, jazz, hip hop, flamenco, claquettes.  Des projections vidéo   précisent une allusion, mettent en perspective les évolutions des danseurs: les vieilles histoires reprennent vie dans la modernité métropolitaine.

Don Quichotte du Trocadéro est un réjouissant méli-mélo qui témoigne de la créativité de José Montalvo, et de la vitalité de la danse moderne.





Wrong cops

Wrong film. Et beaucoup d'ennui.
J'avais misé sur le nom du réalisateur, Quentin Dupieux à cause d'un premier long métrage tout à fait détonnant : Rubber.
Je m'attendais à un film débridé, loufoque, bizarre....
Et tout ce que j'ai trouvé c'est un scénario aussi artificiel qu'improbable avec des flics pourris et déjantés.
Le film est supposé être burlesque, il n'est que grotesque.
Perdu mon temps.

29 mars 2014

7 Cajas

Ce festival de cinéma espagnol et sud-américain est décidément une bonne affaire. Je n'y ai vu que des bons films ! Pas tous inédits, et c'est tant mieux car j'ai pu me consacrer à ceux que je n'avais pas encore vus.
Le film paraguayen écrits et réalisés par Juan Carlos Maneglia et Tana Schémbori par exemple est une belle découverte. C'est a priori un film d'action puisqu'il y a des voleurs et des policiers, un cadavre (coupé en morceaux) et des poursuites effrénées, à  travers le dédale d'un marché d'Asuncion.  Voilà pour la couleur locale.

Mais il y a surtout une cohorte de personnages improbables et pourtant justes, qui se croisent et se recroisent selon les fils passablement emmêlés d'un scénario parfaitement maîtrisé qui ne cesse d'accumuler les rebondissements sur un rythme frénétique qui laisse le spectateur scotché à son fauteuil.  Pantois et hilare. Terrifié et attendri.

La première séquence ? Un travelling accéléré à travers les ruelles du marché, histoire de permettre au spectateur de reconnaitre les lieux.  L'image s'arrête sur Victor, fasciné par un écran de télé... Victor est le personnage principal du film, un gamin des rues qui n'a que la brouette avec laquelle il transporte les marchandises les plus diverses.  Lorsque Gus l'appelle et lui confie dans l'urgence 7 caisses contre la moitié d'un billet de 100 $,  en précisant qu'il devra en répondre "sur sa vie" on se dit que le film ne va pas tarder à dérailler et effectivement il déraille. Bien !  Très bien même.

Inventions scénaristiques, créativité filmique, casting étonnant, à la fois des gueules comme chez les frères Cohen et des acteurs d'un naturel confondant, tout concourt à faire de ce film un objet cinématographique non identifié. On y parle de la misère mais sans misérabilisme, on y parle de fraternité, de solidarité et même d'amour,  mais sans mièvrerie.

7 Cajas est le premier long métrage d'un duo Juan Carlos Maneglia et Tana Schémbori,  Un film déjanté, un film fou, sur fond de réalité sociale. Une jolie réussite.



26 mars 2014

Le Chemin

Ah non, il n'est pas facile le chemin que doit emprunter ce père en instance de divorce,  pour retrouver son fils adolescent  que les disputes incessantes de ses parents ont conduit à fuguer.
Jeune médecin embourgeoisé, habitué à ce que les choses marchent comme il l'entend, le voilà soudain désemparé, dépaysé dans son propre pays, avec une seule obsession, retrouver son fils.
Mais Théo ne trouve d'abord sur sa route que bosses et cabosses. Car si le chemin qui doit le mener vers son fils est avant tout psychologique, c'est par un affrontement physique avec les êtres et les éléments que se traduit, cinématographiquement, cette lente métamorphose. Une des scènes les plus marquantes est celle où Theo qui veut à tout prix traverser un fleuve pour suivre la piste de son fils, se bat comme un damné contre l'eau et le courant. Plier les autres à sa volonté c'est ce qu'il a toujours fait. En se battant contre la marée, c'est en fait contre lui-même qu'il se bat. Et l'homme qui a quitté son milieu chic et ses certitudes ne sera plus tout à fait le même au bout du chemin.
Ce que j'aime dans le cinéma, c'est que ce soient, comme dans ce film,  les images plus que les mots qui racontent les histoires.
Sinon, autant aller au théâtre !


25 mars 2014

El Limpiador

Ni le titre (le nettoyeur) ni les premières images du film d'Adrian Saba ne sont très avenantes : scène de nuit;  l'écran coupé en deux par l'angle d'un auvent de plastique jaune le long d'une route où passent de rares voitures; un homme fume au bord du trottoir, jette sa cigarette, fait un pas, un crissement de pneus....
A l'image suivante le nettoyeur, vêtu d'une combinaison blanche, et chaussé de bottes en caoutchouc est à l'oeuvre; son balai passe et repasse sur la même tache de sang. On ne découvrira son visage que lorsque, rentré chez lui, il jette ses clefs sur une petite table, geste machinal qui marque en fait le passage des jours, jusqu'au dernier ...
Dans la ville où sévit une épidémie, le "limpiador" est chargé de nettoyer et de désinfecter les maisons une fois que les cadavres ont été emportés.
L'image est grise, couleur béton; l'environnement est moche, le "limpiador" peu avenant et quasi mutique.
Allez aimer un film présenté comme cela....

Et bien si ! Il faut aller voir ce film. Parce qu'au cours d'un nettoyage, le "limpiador" trouve un enfant, terré dans un placard. Un enfant dont il ne sait que faire. A qui il ne sait que dire. Mais quand, après avoir percé deux trous dans une boite en carton il tend à l'enfant ce casque improvisé,  ce casque protecteur, - géniale trouvaille - on se dit que peu à peu, il saura l'apprivoiser. A moins que ce ne soit l'enfant qui apprivoise l'homme et lui restitue, mine de rien, son humanité.


El Limpiador, malgré les apparences, est un très beau film, un film sans concession, réduit à l'essentiel, c'est-à-dire au lien qui unit deux êtres aussi perdus, aussi menacés l'un que l'autre dans un monde pestiféré. Le grand mérite du jeune réalisateur péruvien est d'avoir choisi la rigueur et l'austérité pour ce premier film, pensé dans ses moindres détails. Certains le trouveront peut-être austère, je l'ai trouvé simplement exigeant. Et c'est ce qui en fait, je crois, la beauté.


Operacion E

C'est l'histoire d'un homme, pauvre parmi les plus pauvres, installé au bord d'un fleuve dans la forêt amazonienne où il survit difficilement, d'autant qu'il a, à sa charge, sa femme, 5 enfants et son beau-père.
Débarquent un jour une poignée de guerilleros qui lui confient un enfant bien mal en point : il est fiévreux, couvert de piqures de moustiques et a un bras cassé. Une bouche de plus à nourir dont il répondra sur sa vie !
Le film de Miguel Courtois Paternina raconte les efforts de ce pauvre paysan, José Crisanto Gómez Tova, coincé entre les guerilleros et les paramilitaires, pour sauver à la fois sa famille et cet enfant. Il le payera de plusieurs années de prison
L'histoire pourrait paraître rocambolesque si elle ne s'appuyait sur des faits réels puisque l'enfant est le fils de Clara Rojas, enlevée par les Farc en même temps qu'Ingrid Betancourt. Clara Rojas s'est opposée à la diffusion du film en Colombie, sous prétexte qu'il porte atteinte à sa vie privée. Mais en réalité, ce n'est pas tant l'enfant qui est au centre du film,  que la famille de Jose Crisanto, emblème d'une population prise en otage par les uns et par les autres : résister aux pressions des Farc c'est la mort assurée, leur céder c'est se faire accuser par la justice colombienne de faire partie des rebelles et à ce titre d'être au mieux emprisonné pour des décennies.
Pour Crissanto, la seule issue c'est la fuite, encore et encore, sans jamais d'issue à sa misère. 



21 mars 2014

Her


 La rencontre

Tomber amoureux d'un logiciel, voilà qui n'est pas banal !
Pourtant ....

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ....S amantha ?

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion de ... Scarlett Johansson ?


Il ne faut pas grand chose pour passer du poème de Verlaine, Mon rêve familier au film de Spike Jonze, Her.  Un peu plus d'un siècle d'écart, mais c'est toujours le même rêve  masculin d'une femme idéale. Idéale dans les deux sens du terme : c'est à dire parfaite parce que exactement calquée, calibrée, programmée pour s'adapter à la personnalité de l'homme (mon coeur transparent !  elle seule me comprend ! ) et surtout elle ne s'incarne pas, elle n'est pas un corps, juste une voix ! Mais quelle voix, car il faut bien avouer que celle de Scarlett Johansson (qu'on ne voit jamais à l'écran ) est d'une sensualité rare.

Her est donc un film amusant, à peine futuriste, qui renouvelle un thème pourtant battu et rebattu, celui de la femme fatale, irrésistible, de la séductrice absolue. J'ai craint un moment qu'il n'annonce la disparition programmée des femmes, puisqu'un OS sophistiqué suffit à les remplacer.  Mais patience.... j'attends pour bientôt la mise sur le marché d'un OS encore plus sophistiqué qui m'aimera et me comprendra et qui aura la voix de .... Georges Clooney ? 

(OS : Operating System, en langage informatique un système d'exploitation) 


20 mars 2014

Braddock America

Braddock, petite ville de Pennsylvanie, à quelques kilomètres de Pittsburgh. Une ville autrefois hautement industrielle puisque c'est là qu'Andrew Carnegie, y a installé ses aciéries. En 1873.

Mais ça, c'est le passé. Le présent de la ville, celui que nous montre Jean-Loïc Portron dans un documentaire intitulé Braddock America, c'est celui d'une ville qui est passée de plus de 20000 habitants dans les années 20, à moins de 2000 actuellement. Car depuis les années 70, et l'effondrement de l'industrie métallurgique aux Etats-Unis, la ville n'a fait que s'enfoncer.

Detroit et l'industrie automobile,  Braddock et l'industrie métallurgique, le résultat est le même :  usines désaffectées, maisons abandonnées que la ville n'a même plus les moyens de raser.
Braddock America alterne images d'archive, en noir et blanc, images de la ville aujourd'hui, interviews d'anciens ouvriers, de syndicalistes, d'élus ... le constat est amer, et sans doute incomplet, mais édifiant. 

Seulement voilà : j'étais seule dans la salle. Et c'est bien là le problème. A qui s'adressent ces documentaires, au demeurant bien faits et intéressants ? Certainement pas au grand public, au habitués des films d'action hollywoodiens, ni même à ceux qui, se trouvant dans des situations analogues pourraient en tirer quelques éléments pour mieux se défendre, pas aux élus et aux politiques non plus qui ont "mieux à faire".  Restent quelques militants de la cause ouvrière ou associative, quelques intellectuels de gauche... ça ne fait pas beaucoup de monde.  Et prêcher les convaincus n'a pas beaucoup d'intérêt. Dommmage.

J'ai toujours l'impression en allant voir ce genre de films, que la cause qu'ils soutiennent serait bien mieux défendue dans un film de fiction, qui s'adresserait à un plus grand nombre de gens.
En décembre 2013 est sorti aux Etats-Unis un film tiré d'un roman de Thomas Bell :  Out of the furnace. qui évoque les conditions de vie à Braddock.  La version française, titrée Les brasiers de la colère était prévue pour ... Janvier. Je n'ai pas lu le roman, du moins pas encore, mais si j'en ai l'occasion, j'irai voir le film en espérant cette fois, n'être pas seule dans la salle.



Les Heures creuses

Première séance du festival Ojo Loco au Méliès : la salle est pleine ! Voilà qui commence bien ! Et le premier film, Les Heures creuses (Las Horas Muertas)  du Mexicain Aaron Fernandez est une réussite.
Pourtant le pari n'était pas gagné, car séduire un public avec un film sur l'attente, sur les petits riens qui comblent les heures, le vide, et finalement sur l'ennui, sans pour autant ennuyer le spectateur, n'était pas évident.
Aaron Fernandez a je crois gagné son pari, d'abord parce que le film est visuellement beau, et que la référence à Hopper est très vite évidente. Le cadrage, la lumière et même les couleurs, tout y est.  Comme dans cette image coupée en deux avec le reflet du monde extérieur dans la vitre du motel.

 
Mais je pense aussi à Antonioni, capable de repeindre tout un mur en rouge  pour les besoins d'un film,  Ici c'est le turquoise qui domine, les bleus, les verts... Et comme chez Antonioni la narration est faite d'une succession d'instants, de temps morts, comblés par des gestes, des postures, des commencements...  Et puis il y a aussi cette façon de jouer  avec la profondeur de champs dans la même image, de mettre au point alternativement sur l'un ou l'autre personnage, comme pour suggérer au spectateur de changer de point de vue, de regarder les choses sous un autre angle.

Vue d'une certaine façon en effet, (le regard de la femme de chambre brièvement embauchée), le film pourrait paraître sordide puisque, dans ce motel de bord de mer, les clients viennent pour quelques instants d'amour volés :  amours illicites mais  .... "en toute discrétion", le patron de l'hôtel y tient ! 
En fait, comme le dit d'ailleurs l'un des personnages, il émane de ce motel un charme indéniable.
La gestion en a été provisoirement confié à un très jeune homme (bientôt 17 ans)  - "muy responsible" -  ce qui constituera pour lui une expérience formatrice, moins sur le plan professionnel que sur le plan sentimental. Car parmi les clients de l'hôtel, il y a cette jeune femme, responsable de la vente d'un projet immobilier, qui vient au motel retrouver son amant marié et père de famille. Un amant qui se fait beaucoup attendre.... La rencontre entre le très jeune homme et la jeune femme émancipée est inévitable.  
Le film est bien pensé comme un roman de formation, mais au lieu d'avancer en ligne droite, le film, procède par petites touches, en papillonnant d'une situation à l'autre, comme si chaque détail était important,  le hamac bleu ou le vieux chien du gardien de nuit, les capsules sur l'échiquier, ou l'orage qui mouille le linge, le décolleté de la blanchisseuse ou la couleur des T-shirts du jeune homme. Aaron Fernandez parlait d'impressionnisme. Ce doit être cela.

19 mars 2014

Un beau dimanche

Ce film est un peu trop, j'en conviens : elle (Sandra) est un peu trop dans la mouise,  lui,  Baptiste) est un peu trop riche. Et cela nuit à la vraisemblance du film.

Sandra est une jeune femme instable, bavarde, irresponsable, insupportable. Baptiste est un jeune homme calme, réservé, tout en retenue. Je sais que les contraires s'attirent, mais leur histoire paraît plus que fragile. C'est pourtant cette fragilité là qui émeut dans le film.  Ces fragilités plutôt.

Car il y a, pour commencer, la fragilité du gamin balloté entre deux parents aussi irresponsables l'un que l'autre, mais ce n'est pas lui qui est au centre du film, il en est juste le prétexte. Non, ce qui m'a intéressé dans le film c'est le profil du personnage principal, le jeune homme qui, au terme d'un parcours d'excellence (prépa, grande école) choisit de bifurquer et se retrouve interné par sa famille qui n'accepte pas son choix. Interné dans un hôpital psychiatrique puis SDF, puis ... se reconstruire, se construire contre tout ce qui vous a été inculqué dans l'enfance, tracer sa propre route et s'y tenir, il y a je crois dans le film de Nicole Garcia un beau sujet. Dommage qu'elle l'ait tiré vers la caricature façon Groseille et Le Quesnoy.



18 mars 2014

Mon paysage préféré

ou plutôt l'un de mes paysages préférés, car partout où il y a la mer ....


17 mars 2014

Marseille

 Marseille n'en finit pas de s'embellir, et en dépit des conditions de circulation qui sont, il faut bien l'avouer, particulièrement pénibles, c'est une ville que j'aime de plus en plus. 
Bien sûr, il y a la mer et les voiliers que l'on voit croiser à l'entrée du port,  il y a la Corniche et les Calanques. 
Mais en devenant Capitale européenne de la culture en 2013 et en multipliant ses espaces culturels, la ville a incontestablement gagné des atouts . 

Ainsi le musée Regards de Provence qui s'est installé dans une ancienne station sanitaire, entre le Mucem et la cathédrale Sainte-Marie-Majeure est un lieu à ne pas manquer.


Il présentait en février deux espositions différentes, la première consacrée aux Femmes en Provence et en Méditerrannée, l'une de ces expositions qui accorde un quota aux femmes en fonction de leur sexe plus que de leur talent, ce qui a le don de m'exaspérer.  Je ne me suis donc pas attardée. 

L'autre exposition mettait en regard un tableau et un texte, un poème le plus souvent. Comme cette sculpture d'Etienne Viard associée à l'extrait du Journal intime d'un arbre de Didier Van Cauvwelaert.




"... Je suis tombé au lever du jour.
La tristesse que j'allais causer à mon propriétaire s'est mêlée à tous les signaux de détresse que je percevais autour de moi. 
Insectes, oiseaux, champignons, tous avaient perdu mon repère. 
Je m'accrochais à l'espoir qu'on allait peut-être me sauver, comme le catalpa derrière le garage qui s'est couché lors de la tempête de 1999. 
On l'avait redressé avec un treuil, et depuis il survivait de son mieux, maintenu par trois cables ornés de chiffons. 
Mais à travers les yeux du facteur, j'ai bien vu que mes branches charpentières s'étaient brisées dans la chute. 
Déraciné, décapité, j'avais en tout cas épargné mes congénères, les voisins, la tonnelle où courait la glycine. 
Je ne laisserais pas de mauvais souvenir..."
 


En dehors des expositions, le bâtiment, superbement et intelligemment restauré, a toute une histoire, présentée dans un film de 45 mn absolument passionnant. On y parle de la dernière grande peste de Marseille, celle de 1720, des mesures sanitaires prises alors entreprises, de la construction des lazarets et, lointaine conséquence de cette histoire, de la construction de la station sanitaire en 1947 pour contrôler l'état de santé des voyageurs qui débarquaient dans le port de Marseille.
La station sanitaire, construite par les architectes Champollion,  Egger et Pouillon s'est rapidement retrouvée sans fonction; abandonnée en 1971 puis squattée et en partie incendiée, elle vient d'être restaurée et même si le bâtiment a changé de fonction, le musée garde dans ses murs, la trace de son histoire.
 (Psssst : L'article de Wikipedia sur la peste de 1720 à Marseille se lit comme un roman ! )
 

A mon prochain passage à Marseille, je retournerai certainement dans ce Musée. De préférence un 28 Mai, histoire de vérifier qu'« un cierge ou flambeau de cire blanche, du poids de quatre livres, orné de l'écusson de la ville " est toujours brûlé ce jour là pour respecter le voeu de Monseigneur de Belsunce !

16 mars 2014

Nîmes


Trop difficile de faire tenir à la fois la Maison carrée, le Carré d'art et un grand morceau de ciel bleu dans une seule photo. Et pourtant. Ils vont si bien ensemble !

La Maison carrée a plus de 2000 ans. Le Carré d'art a fêté ses 20 ans l'an passé. La première est tout en blancheur confondue. depuis sa récente restauration.  Le second, oeuvre de Norman Foster est tout en verre et transparence.

Donnant sur l'un et l'autre, l'Hôtel Royal. Au coeur de la ville. Là où j'aime être.  
De vieux murs mais un design moderne avec une pointe de fantaisie. Excellent accueil !  Joli bar . 
L'endroit parfait pour y retrouver des amis nîmois, le temps d'un verre ou d'un café.



Au Carré d'art, l'exposition temporaire Chorégraphies supsendues présente huit artistes vietnamiens. J'en ai retenu deux.

L'installation de Dinh Q  Le intitulée Erasure est spectaculaire et ... surprenante ! Un sol jonché de photos placées à l'envers, une vieille barque cassée en deux, une bitte d'amarrage  passablement rouillée, un rocher, une projection vidéo... on imagine facilement qu'il s'agit d'évoquer un naufrage ... celui du Vietnam, celui des boat-people...


Le plus intriguant dans l'installation est l'estrade et le bureau où une jeune femme s'active : elle est chargée d'expliquer aux visiteurs le sens de l'oeuvre,  soit ! Mais sa véritable tâche est de scanner l'une après l'autre les photos - vieilles photos de famille, portraits, photos d'identité laissées derrière eux par les réfugiés -  afin de  les archiver et de constituer une base de donnée qui permettra peut-être de reconstituer les histoires de ceux qui ont été contraints de fuir, trop vite pour emporter avec eux, cette part de leur vie. 
http://www.erasurearchive.net/index.php?option=com_content&view=article&id=3&Itemid=7

Dans la salle suivante étaient accrochés de façon plus classique les tableaux de Nguyen Thai Tuan tout aussi suggestifs. En effet, ils évoquent, dans des teintes feutrés, un monde colonial qui n'existe plus :   des lieux - bâtiments, intérieurs des années vingt ou trente - habités par des personnages ... vides.  Expression poétique de l'absence.





15 mars 2014

Amercian bluff

Prenez un escroc à la petite semaine qui joue dans la cour des grands + sa complice plus rouée encore + sa femme, jalouse et moins stupide qu'elle n'en a l'air + un politicien véreux mais sympathique + un agent du FBI.
Mélangez le tout, ajoutez un décor années 60 kitchissime, des filles décolletées jusqu'au nombril (ah ! les robes portefeuilles de Diane de Fürstenberg !) faites évoluer ce beau monde dans un  un milieu particulièrement poisseux et vous avez American Bluff, un film qui ne tient que par son sujet : une  une arnaque montée par le FBI pour coincer un politicien corrompu. Une histoire vraie !
Le film se voit sans déplaisir quoique, après Ma vie avec Liberace, j'en aie un peu assez du kitsch et de la reconstitution laborieuse de l'esthétique des années 60 dans ce qu'elle avait de pire.

14 mars 2014

Lulu femme nue

Je l'aime bien cette Lulu. Qui se ramasse à son premier entretien d'embauche alors que c'est à son interlocuteur qu'on aimerait bien mettre une claque !
Alors elle part, prend le premier train qui passe. Par chance il arrive au bord de la mer. Et petit à petit, au fil des heures puis des jours, au fil surtout des rencontres, elle se reconstitue. Elle redevient une femme capable de choisir, de décider et surtout de mettre à la porte le mari qui la réduisait en loque.

Officiellement Lulu femme nue n'est pas l'histoire d'une femme battue, mais elle en a tout à fait le profil. Et lorsque, grâce aux rencontres qu'elle a faites pendant ces quelques jours  de parenthèse, elle retrouve l'estime d'elle-même, Lulu redevient la femme qu'elle n'a cessé d'être. Un être indépendant qui sait où elle va.


De Solveig Anspach j'avais déjà beaucoup aimé Back Soon, une drôle d'histoire islandaise. Et j'ai retrouvé dans Lulu femme nu, ce goût pour des personnages "hors normes" mais si libres dans leur tête. Ici Charles et ses deux frères forment un trio réjouissant, et transmettent à Lulu un peu de leur fantaisie;  quant à Marthe, la vieille dame forte en gueule au coeur tendre, elle insuffle à Lulu un peu de sa force de caractère. Femme soumise au début du film Lulu apprend avec eux l'insoumission. Elle apprend vite et l'on se réjouit pour elle.

13 mars 2014

Diplomatie

Le film ne vaut vraiment que par son dialogue, très théâtral, et pour cause ! puisqu'il s'agit à l'origine d'une pièce de Cyril Gely jouée plus de 200 fois par les mêmes acteurs.
Dussolier et Arestrup sont en effet irréprochables !
Soit !
Le sujet de la pièce est l'affrontement entre deux hommes, l'un qui représente la soumission aux ordres d'Hitler (même s'il a cessé de croire à la victoire du nazisme), l'autre défend l'universalité  des valeurs humaines.

Diplomatie et The Grand Budapest Hôtel sont au fond deux films sur le même thème, deux films qui s'engagent du côté de l'humanisme. Mais l'un est archi-convenu et son public sera un public lettré, cultivé et somme toute, déjà convaincu. L'autre est bizarre, tordu, divertissant et vise a priori un public plus étendu.
Bien que ni l'un ni l'autre ne soient des films didactiques je m'interroge toujours sur la double fonction du cinéma (et de la littérature), qui est, je n'en démords pas, de plaire et d'instruire. Plaire d'abord pour avoir une chance d'instruire.
Alors ?
The Grand Budapest Hôtel, fable surréaliste qu'il convient de décoder ou Diplomatie, pensum ennuyeux pour happy few, lequel de ces deux films a le plus de chances de faire passer son message ? Moi j'ai choisi !
 

Grand Budapest Hotel


L'univers de Wes Anderson est décidément particulier.  L'imagination débordante est sa marque de fabrique, l'humour en prime : plus farfelus ses personnages, plus incongrues les situations, plus insolites ses décors et le voilà comblé. Et les spectateurs avec lui.

Mais si le réalisateur se soucie comme d'une guigne du réalisme, son propos n'est pas pour autant dénué de sens. Certains critiques du dimanche soir trouvent abusive la référence à Stefan Zweig. Je trouve au contraire qu'elle donne au film tout son sens.

Je ne crois pas que Wes Anderson ait été chercher son inspiration dans telle ou telle nouvelle du romancier allemand. Mais ce qui a causé l'exil puis le suicide de Zweig, c'est la montée d'une idéologie qui prétendait que tous les hommes n'avaient pas la même valeur. Autrement dit le renoncement à l'humanisme.  Or Monsieur Gustave, le concierge du Grand Budapest Hôtel porte la même affectueuse attention à son "lobby boy" ou aux très vieilles dames qui fréquentent l'hôtel. Il incarne à lui tout seul cette bonne vieille valeur humaniste, et il me paraît important qu'il jure comme un charretier, qu'il mente, qu'il triche bref qu'il soit imparfait. L'humanisme n'est pas une notion abstraite, c'est une valeur que certains hommes, aussi imparfaits soient-ils, sont prêts à défendre jusqu'au bout, quoiqu'il leur en coûte.  Monsieur Gustave, le dernier humaniste ? Peut-être pas. Reste son "héritier," le "lobby boy".

Sous des dehors frivoles, le film de Wes Anderson met en scène la disparition d'un monde au profit d'un autre monde particulièrement détestable. Deux scènes sont parfaitement emblématiques, deux scènes quasi identiques. Monsieur Gustave et son "lobby boy" sont dans un train; le train s'arrête, on ne sait pourquoi devant les mêmes champs d'orge. Montent des militaires qui demandent aux deux hommes leurs papiers. Ceux de Monsieur Gustave sont en règles; pas ceux de son jeune compagnon. Mais dans un monde civilisé, la tolérance est de mise : l'officier accorde un laisser-passer au jeune étranger. Lorsque la même scène se reproduit plus loin dans le film, les militaires sont des êtres grossiers à l'allure patibulaire :  les deux hommes sont embarqués "manu miitari".
Voilà exactement ce à quoi Zweig n'a pas voulu survivre.Qu'on ne respecte plus l'humain en l'Homme, quelle que soit sa couleur, son origine, son sexe, sa religion.

10 mars 2014

A la table des dieux

Ils sont tous là ! Ou presque ...
Anubis, le "maître du pays sacré", placé en tête de table avec, à sa droite, Khonsou le dieu lunaire, Atoum, le dieu primordial, Maat, principe d'ordre et d'harmonie, Thot, l'inventeur de l'écriture, Ptah, l'artiste et Sekhmet la déesse-lionne, à la fois guérisseuse et destructrice.
Et en continuant de l'autre côté de la table, Khnoum, le dieu du Nil et de la fertilité, avec à sa gauche Bastet la pacifique à tête de chat, Isis, déesse maternelle, Sobek le dieu crocodile, Amon, roi des dieux et pour terminer, Seth, le méchant, l'assassin d'Osiris.
Debout, veillant à tout et en particulier au confort de ses hôtes,  Horus qui pour l'occasion a troqué son emblème pour la couronne du cuisinier.


Voilà, il sont tous là les passagers de la Flâneuse du Nil et leur guide, qui le temps  d'un dîner de tête imaginaire ont emprunté aux dieux leur visage.


Car à naviguer trop longtemps sur le Nil, il se pourrait bien que les hommes finissent par se prendre pour des dieux ...



Merci à Stéphane B. l'auteur du  joli croquis.

Assouan

 


Dernière étape de cette remontée du Nil, Assouan la glorieuse (défigurée par la tour de l'hôtel Mövenpick !).
Mais sur l'autre rive, le plus que centenaitre'Old Cataract, bien que déserté par les touristes est toujours là, semblable à lui-même. 

En touristes consciencieux, nous commençons par visiter le musée d'Assouan, et l'église copte située à deux pas.


 Ce n'est qu'au coucher de soleil que, conformément à la tradition, nous irons prendre l'apéritif  sur la terrasse du Old Cataract.


"Adieu vive clarté de nos étés trop courts". Pour un peu, on se sentirait l'âme poétique... mais demain, à l'aube, l'avion nous attend. Il faut, pour un temps, renoncer aux silhouettes des palmiers, si gracieuses à contre-jour.


Renoncer surtout aux aubes enchantées sur le Nil


09 mars 2014

Un Village nubien

 

Un peu avant Assouan, le village de Kobonai est un village reconstitué. Au moment de la mise en eau du barrage Nasser, les populations riveraines ont été déplacées et leur habitat traditionnel reconstitué .

 

Maisons de briques, sous un enduit blanc à la chaux; les portes colorées et décorées, s'ouvrent sur une cour intérieure, un patio autour duquel se distribuent les différentes pièces.  Pas d'ouverture sur l'extérieur en dehors de la porte d'entrée. 
























Partout dans les rues des enfants curieux, chahuteurs, trop contents de la distraction que nous leur offrons ... et de la perspective de gagner quelques sous avec les babioles qu'il proposent.
 

 Sourire charmeur ou regard grave. Que deviendront-ils ? Quelle sera leur vie ? J'aimerais être devin...

 

Un marché égyptien


Pas de voyage sans un passage au marché. A Daraw, nous avons droit au marché aux chameaux.  Dromadaires en réalité. Pas d'affection particulière pour ces bestiaux !


Le marché aux légume, bien que moins exotique, présente à mes yeux plus d'intérêt. 



Mais la boucherie ? Je me ferais volontiers végétarienne....


 A Daraw, comme sans doute dans toute l'Egypte, ce sont les hommes qui tiennent les étals.   Pas beaucoup de silhouettes féminines, même du côté des acheteurs. 

Mais le marché c'est surtout pour les hommes l'occasion de se retrouver au café, boire un verre de thé, fumer une chicha et surtout, tailler une bavette !



08 mars 2014

Un village haut en couleurs





 


 Avec une forte dominante de bleu


Orange, vert, bleu ...  et sur le mur blanc un bateau, un avion, la Kaaba : les habitants de la maison ont fait le pélerinage à la Mecque.


Couleurs  encore jusqu'à l'intérieur du magasin, qui ne vend pas grand chose mais un peu de tout.