Je vais avoir un peu de mal à recommander ce film, malgré l'intérêt qu'il présente, parce que la violence y est, parfois, difficilement soutenable. Le film est d'ailleurs très discuté, ce qui en soi le rend intéressant puisque les critiques formulées poussent à la réflexion.
Lynne Ramsay, qui avait déjà réalisé
We need to talk about Kevin, est de toute évidence fascinée par les êtres perturbés, et aime apparemment remonter le fil d'une vie pour expliquer la violence d'un personnage.
Joe, le personnage principal de son dernier film est un tueur à gage, qui exécute ses missions sans le moindre scrupule, et réagit à la moindre alerte avec efficacité et brutalité. Ce qui ne l'empêche pas de prendre soin de sa vieille mère avec beaucoup de tendresse. Joe est donc un être double, capable du pire comme du meilleur, qui ne conçoit pas que l'on puisse s'en prendre aux être les plus fragiles, comme l'adolescente qu'on lui a demandé de retrouver, mais est prêt à massacrer tous ceux qui entravent son chemin. Par des flash-back assez courts mais répétés, la réalisatrice suggère des traumatismes subis dans l'enfance, auxquels s'ajoute l'expérience de la guerre. Bien que les explications proposées fassent un peu clichés, les syndromes post-traumatiques sont une réalité que la société n'a peut-être pas encore suffisamment pris en compte.
C'est Joachim Phoenix qui a été choisi par la réalisatrice pour incarner le personnage de Joe. On sait l'acteur prêt à tout pour un rôle et il impose effectivement sa présence physique par un corps tout en muscles et en cicatrices.Visage impassible, regard tour à tour glaçant ou attendri, il porte le film sur ses épaules.
J'ai aussi beaucoup apprécié l'aspect visuel du film, très sombre avec beaucoup de scènes de nuit, des images nocturnes traversées de lumières traçantes, de néons. Une alternance de plans resserrés, statiques et d'autres très dynamiques, des flash de couleurs dans un milieu urbain. Bref une image au service d'un récit.
Mais je reconnais qu'il est difficile de prendre du recul vis à vis de la violence des images, même en se souvenant qu'il ne s'agit que d'une fiction.