Leave no trace est le deuxième long métrage de Debra Granik sorti en France. J'avais déjà beaucoup apprécié son premier, Winter's Bone qui montrait une adolescente tenace contrainte de se substituer à ses parents défaillants pour s'occuper de son frère et de sa soeur tout en essayant de sauver la maison que son père a hypothéquée pour sortir de prison.
Le nouveau film de Debra Granik joue en partie sur les mêmes thèmes, la nature, des conditions sociales précaires, et la relation père-fille, mais ici, une relation d'une tendresse et d'une délicatesse infinie. Le film est très beau visuellement, très juste lorsqu'il s'agit de montrer le comportement des personnages et de mettre en question une société fondée sur la sur-consommation; il est surtout très émouvant.
J'ai pourtant failli passer à côté de cet excellent film parce que le sujet me paraissait très, trop proche du livre de Gabriel Tallent, My Absolute Darling, encensé par tous les critiques mais que j'ai moi-même trouvé racoleur et passablement pervers puisqu'il s'agit en fait d'un homme qui use et abuse d'une jeune adolescente (sa fille ?) sous prétexte de survivalisme.
Rien de pervers dans Leave no trace. Simplement, le père, on le comprend assez vite, souffre, comme beaucoup de vétérans, du PTSD (Post Traumatic Stress Disorder) ; il est inapte à vivre en société, à suivre les codes, les normes et contraint de se réfugier dans les bois où il vit en autarcie complète avec sa fille. Ce que le film montre c'est l'écart entre leur vie et la vie ordinaire des américains ordinaires et la nécessité, pour l'un et pour l'autre, de choisir entre s'adapter ou rester en dehors. Un choix déchirant.
Leave no trace est un beau film qui pose de bonnes questions.
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