09 octobre 2018
Audur Ava Olafsdottir, Ôr
Pas facile, pour un non-islandais de mémoriser le nom de cette écrivain. Ecrivaine si vous y tenez.
Alors je me contenterai du titre Ör, bien que je ne sache pas comment le prononcer avec son tréma sur le O.
Mais qu'importe la phonétique quand on se régale à lire un bon livre. Un très bon livre. Sans doute parce qu' Audur Ava Olafsdottir, dont j'avais déjà lu et aimé Le Rouge vif de la rhubarbe, sait dépayser son lecteur comme personne. L'Islande bien sûr. Mais ce ne sont pas les descriptions qui font le dépaysement, plutôt les personnages et la façon dont l'auteur conduit son roman. Un narrateur à la première personne, dont la mère, la femme (ex) et la fille s'appellent toutes les trois Gudrûn, un type un peu bizarre, mélancolique, dépressif qui prépare son ... suicide ! Pour un début de roman, c'est loin d'être gagné. Mais le récit bifurque lorsque Jonas décide, pour épargner sa fille, d'aller mettre fin à ses jours ailleurs, dans un pays ... dévasté par la guerre où il aura peut-être la chance de sauter sur une mine ....
Racontée aussi platement l'histoire de Jonas, bien qu'un peu étrange, n'a pas grand intérêt. Parce que le charme de ce roman tient essentiellement au ton adopté par Audur Ava Olafsdottir : les faits et les pensées du narrateur sont rapportés en temps réels, on se croirait dans sa tête avec tous les allers-retours, les hésitations d'un personnage flottant dans un univers auquel il n'adhère plus. Pas d'apitoiement, mais pas mal d'ironie. Et puis cette boîte à outils qui permet de réparer des tas de petites bricoles dans l'hôtel où il a atterri. Bricoler, réparer, les objets ou les êtres. Quelques vis sur une porte dégondée, un pommeau de douche vidé du sable qui l'encombrait, il suffit de pas grand chose pour que la vie reprenne.
Comment avec un contexte aussi dramatique, le suicide, la guerre, la solitude, parvenir à faire un roman qui laisse au lecteur une impression de douceur, de générosité, et pour tout dire de vraie humanité.... c'est là tout le talent d'Audur Ava Olafsdottir. Un bien joli roman.
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