L'affiche du film d'Alice Rohrwacher, Heureux comme Lazzaro, peut apparaître comme une antidote intéressante à la grisaille des jours et à la litanie de mauvaise nouvelles que nous proposent les médias.
L'affiche peut-être. Mais le film ? J'en doute, car il ne s'agit de rien moins que d'une petite communauté d'un territoire perdu tenue en esclavage par une "marquise" qui abuse de leur ignorance et de leur naïveté. L'oppression du peuple par une élite égoïste n'est pas un sujet qui prête à rire, mais l'histoire est ici conduite comme une fable, ce qui permet de la déréaliser. Et la candeur de Lazzaro, le personnage central allège ce que le propos pouvait avoir de lourd. Bien que Lazarro soit lui-même réduit en esclavage par les siens qui abusent de sa gentillesse.
Moralité : rien n'est plus facile à reproduire que l'oppression et l'opprimé trouver toujours quelqu'un de plus faible à opprimer.
Mais le film ne s'arrête pas là, car Lazzaro, comme son prédécesseur, meurt, renaît et retrouve sa famille d'origine, 20 ans plus tard. Licence cinématographique qui permet à la réalisatrice de montrer que le temps passe, mais rien ne change et que l'exploitation des uns par les autres n'a pas de fin.
La dénonciation politique n'a rien de neuf. Mais ce qui est nouveau c'est le recours au conte, à la fable, c'est la dimension onirique qu'Alice Rohrwacher essaye de donner à une réalité peu amène.