11 avril 2019

Ojoloco 2019 : Les Oiseaux de passage


Comme le film d'ouverture, le film de clôture  se doit d'être consensuel. Et si possible remarquable ce qui est le cas avec Les Oiseaux de passage.

Soit un peuple, dont la culture - matriarcale - a jusque dans les années 70 été conservée pratiquement intacte au point d'être inscrite au Patrimoine Immatériel de l'Humanité : les Wayuu qui vivent dans une région désertique à la frontière de la Colombie et du Venezuela.

Mine de rien, le film restitue bien le mode de vie de cette communauté, de ses rites, mais aussi plus simplement de son habitat ou de son système judiciaire. Ce qui en soit constitue un des aspects les plus intéressants du film,  et dont l'effet visuel est garanti, comme par exemple la danse de séduction entre l'homme et la jeune fille par laquelle débute le film.


Mais, pour payer la dot qui lui permettra d'épouser Zayda, Rapayet s'associe avec un noir américain et s'engage à livrer une première cargaison de majijuana aux hippies venus s'installer dans la région. Jusque là le film est plutôt bon enfant, mais au fur et à mesure que le traffic se développe, les difficultés, les déceptions et les trahisons s'accumulent jusqu'à virer à une véritable guerre des gangs.


Le pari était difficile d'associer deux genres aussi différents que le thriller et le film ethnologique, mais ce que Tony Hillerman a accompli avec ces polars sur les réserves Navajo et Hopi,  Cirro Guerra et Cristina Gallegol le réussissent aussi bien avec Les Oiseaux de passage.  Les négociations, lentes, mesurées,  sont faites par l'intermédiaire d'un messager, comme le veut la culture Wayuu, mais les fusillades sont aussi soudaines que violentes comme il se doit dans un thriller ou un western.

Et aussi bizarre que celui puisse paraître cela fonctionne parfaitement car il s'agit à la fois de montrer comment se sont constitués les cartels de drogue, et comment une culture millénaire s'effondre sous les coups de boutoir de l'appât du gain et du capitalisme. Ainsi chacun dans ce film finit par mourir par loyauté envers les siens et respect du code d'honneur de la tribu - wayuu ou malfrats - à laquelle il appartient.

Les Oiseaux de passage est un film somptueux, un joli final pour ce festival Ojoloco qui ne cesse de prendre de l'ampleur d'année en année. Jusqu'à constituer un des points forts de l'année cinématographique.

https://www.bynativ.com/fr/actualite-monde/communaute-wayuu-colombie/


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