08 avril 2019

Ojoloco 2019 : Los Monos


Voici un film qu'il est bien difficile de recommander, tant la brutalité y est manifeste. Une brutalité prise au sens propre du terme, celle de l'animal livré à ses instincts, mais ici appliqué à des adolescents, jeunes gens (ou jeunes filles) embrigadés, sans que l'on ne sache d'ailleurs ni pourquoi ni comment, dans les forces des Farcs qui ont fait régner la terreur pendant des années en Colombie.
Le prétexte du film ? Une otage américaine à garder dans une casemate en ruine au somment d'une montagne puis, lorsque la guérilla s'est déplacée dans la forêt tropicale.

Le rapprochement avec le roman de Golding, Sa majesté des mouches est vite évident. Il s'agit bien d'un retour à l'état sauvage, dès lors que les règles qui protègent la civilisation ne sont plus en cours puisque que les gamins, que l'on a formés pour se battre, sont la plupart du temps livrés à eux-mêmes, en mode survie qui plus est. Mais en lisant Golding, on pouvait se rassurer puisqu'il ne s'agissait que de fiction;  ce n'est pas le cas dans le film d'Alejandro Landes, parce que l'on sait qu'un peu partout dans le monde,  les camps ennemis ont eu et ont toujours recours à des enfants soldats.  C'est donc bien de la réalité qu'il s'agit même si elle se déploie dans le champs de la fiction cinématographique.

Monos n'est pas un film plus violent que certains polars coréens ou certains films d'action américains, mais c'est une violence qui nous concerne de plus près parce qu'elle n'est pas déréalisée. Et l'on se surprend à s'interroger sur ce que l'on ferait soi-même dans les mêmes conditions, à se demander si placé dans une situation extrême comme l'otage américaine -  une adulte, une femme -  on se comporterait comme elle. Jusqu'où peut aller l'instinct de survie ? Quelle est la limite entre l'humanité dont nous nous targuons et la bestialité ?  Mais peut-être vaut-il mieux ne pas savoir ...



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