21 juillet 2020

La Nouvelle Babylone


Pour un été hors du commun, des films hors du commun. Comme celui-ci qui fait partie des grands classiques russes, et dont j'ignorais jusqu'à l'existence :  La Nouvelle Babylone de Grigori Lozintsev et Leonid Trauberg.
Le film date de 1929, il est donc muet, et n'évoque en rien la révolution russe mais bien Paris et la Commune de 1870. Le film s'inscrit, c'est évident, dans la propagande soviétique qui consiste à montrer les turpitudes de la bourgeoisie (ici plutôt leur frénésie de plaisirs) et la douloureuse vie de labeurs des  travailleurs. 


Mais ce qui est remarquable et particulièrement jouissif c'est de voir comment le réalisateur utilise toutes les ressources du cinéma alors naissant pour souligner les différences de classes et d'intérêts. Dès qu'il s'agit des riches bourgeois, qu'ils soient filmés dans le grand magasin, dans des lieux où l'on s'amuse, où l'on danse et l'on mange, l'image est saturée de personnages, de mets ou même de parapluies et ne cesse de bouger pour marquer la voracité et la frénésie, que souligne encore le recours aux gros plans. En revanche, lorsqu'il s'agit de montrer le peuple, l'image est beaucoup plus austère, les travailleurs sont montrés en plans américains plutôt qu'en gros plans, la lumière creuse les visages, souligne les silhouettes.

Le déroulement des événements n'est pas toujours très clair, mais cela importe peu parce que le spectateur se laisse happer par les effets formels qui montrent à quel point le cinéma à ses débuts était inventif.Dans sa version restaurée, la Nouvelle Babylone est un de ces films éblouissants qui marquent l'histoire du cinéma. .

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