Classique parmi les classiques que j'ai plaisir à revisiter parce qu'on ne regarde jamais un film de la même façon et qu'il y a, dans un bon western, toujours quelque chose à découvrir.
L'histoire est ultra simple : le shérif d'une petite ville de l'Ouest vient de se marier, lorsqu'il apprend le retour d'un truand qu'il a fait condamner des années plus tôt. Il s'apprêtait à rendre son étoile, mais la nouvelle change la donne : il s'agit d'organiser la défense de la ville et de ses habitants. Oui mais voilà, au moment d'affronter ce tueur redoutable et ses 3 comparses, chacun a une bonne excuse pour se défiler si bien que le shérif se retrouve seul, abandonné de tous, mais toujours déterminé à faire régner la loi. Quelque chose comme la grande solitude du coureur de fond ?
Courage et lâcheté. Certes, mais le film oppose aussi la vertu, au sens ancien du terme, aux opportunismes financiers. Ce qui dans l'Amérique de l'après-guerre - puisque le film est sorti en 1952 - n'est pas dépourvu d'ironie de la part d'un scénariste, Carl Foreman, qui était alors dans le collimateur des maccarthystes !
L'action du film est ainsi réduite au minimum, jusqu'à l'arrivée du redouté Frank Miller et la fusillade qui s'en suit. Mais la longue errance du shérif dans sa ville déserte est scandée par des plans sur des cadrans d'horloge dont les aiguilles marquent l'avancée de l'échéance et des plans sur les trois hommes qui attendent à la gare, plans dont s'est visiblement inspiré Sergio Leone dans Il était une fois dans l'Ouest.
Cerise sur le gâteau, la jeune épouse du shérif (Gary Cooper!) n'est autre que Grace Kelly, une jeune bourgoise devenue quaker par refus de la violence ; elle menace de le quitter s'il ne renonce pas à l'usage des armes, bien que son engagement militant contre le port des armes trouve rapidement ses limites. Pour équilibrer le casting, ne manque plus que l'ex-maîtresse du shérif, la tenancière de l'hôtel, un modèle de femme forte qui ne mâche pas ses mots et garde les deux pieds sur terre. Une façon de compenser le côté un peu niaiseux de la première.
Oui vraiment, High Noon, puisque tel est son titre original, est un film que l'on peut voir et revoir sans se lasser et y trouver toujours quelque chose de plus à glaner.