Quand je revois avec un regard d'adulte, ces vieux westerns qui ont pour la plupart fasciné mon adolescence je suis toujours étonnée de constater à quel point ils sont moralisateurs sans en avoir l'air.
L'Etrange incident de William Wellman date de 1942. L'intrigue se déroule en une seule nuit, ce qui permet des images de toute beauté - chevauchées qui se détachent à contre-jour sur un ciel crépusculaire - mais resserre aussi l'intrigue à la façon des tragédies classiques. Car il s'agit de rien moins que de savoir si chacun peut décider du bien ou du mal sans passer par la loi, si quelques individus, sur la foi de mauvaises informations ou plutôt d'informations mal vérifiées peuvent de leur propre chef non seulement condamner mais exécuter les trois individus suspectés d'avoir volé un troupeau et tué le propriétaire. Sans autre forme de procès.
Alors bien sûr, le film est manichéen, bien sûr les méchants ont des mines patibulaires et les bons ont la tête de Henry Fonda ou de Dana Andrews, mais que peuvent sept personnes réfléchies contre une horde assoiffée de vengeance et de sang ? Car la leçon du film est là aussi : ce sont toujours les grands gueulards qui finissent par obtenir l'adhésion de ceux qui peinent à penser par eux-mêmes. Au cinéma comme dans la vraie vie. Si en 42 le film de William Wellman pouvait sembler viser Hitler, son propos reste plus que jamais d'actualité. Hélas ! Et il n'est pas d'autres remèdes à cela que toujours plus d'éducation, n'est-ce-pas ?
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