Je m'étonnais d'être un peu déçue par Duel au soleil, avant de découvrir que le film a bien été réalisé en partie - mais en partie seulemen t- par King Vidor qui a fini par renoncer, lassé des interventions de son producteur O. Selznick qui était alors fou de Jenifer Jones et pensait avec ce film renouveler le succès d'Autant en emporte le vent.
Voilà une introduction qui sent un peu la gazette hollywoodienne mais qui explique mieux mon étonnement. Je m'attendais à voir un western. Un ranch ? sans doute mais la demeure est plutôt ... victorienne; des cowboys et des chevaux ? oui il y en a bien quelques uns, mais il y a surtout l'omniprésence de Jenifer Jones en jeune métisse indienne - merci le fond de teint - pulpeuse, fougueuse et ravageuse. Deux frères que tout oppose se disputent ses charmes, et ses préférences vont inévitablement vers le mauvais garçon plutôt que vers l'homme de raison. Dès lors il devient vite évident que l'érotisme, souvent torride est la raison d'être du film et que le conflit entre la compagnie de chemin de fer et le patron du ranch est d'un intérêt très secondaire, à l'exception d'une seule scène assez réussie où s'affrontent de part et d'autre d'un barbelé, les cowboys prêts à en découdre et la cavalerie venue en renfort pour imposer le passage du chemin de fer sur le ranch.
A vrai dire ni les hommes ni les femmes ne gagnent à essayer de se reconnaître dans les personnages qui ne font jamais dans la demi mesure : salaud intégral mais charmeur, jeune homme bien sous tous rapports, mais sans élan, père tyrannique, épouse soumise et mère de famille dépassée par les événements, autant de personnages qui ne servent qu'à mettre en valeur, Pearl, une jeune et belle métisse, tour à tour jeune ingénue, femme fatale mais de toute façon victime de ses pulsions puisqu'à demi-indienne. Quant à la servante bavarde et écervelée, avec une insupportable voix de tête, elle est noire, évidemment. Si bien qu'à la fin du film j'hésite entre le fou rire et la honte ! J'ai beau me dire que le film date de 1946 et qu'il a été produit par un magnat de Hollywood au sommet de sa puissance, l'excuse n'est pas suffisante. Et s'il a fait scandale, ce n'était que mérité. Puisque le film ne tient que sur des préjugés de race, de classe, et de genre ! Sans même l'excuse du second degré.
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