Ol' Man River, the Big Muddy, Body of a Nation, The Mighty Mississippi ... rarement fleuve aura eu tant de surnoms, tous mérités bien sûr car qui a vu une fois le Mississippi reste fasciné par sa force et sa puissance comme par les récits - quand ce ne sont pas des légendes - qui lui sont consacrés.
Mississippi Solo est un récit de voyage, celui qu' Eddy L. Harris, écrivain en manque de reconnaissance alors âgé de trente ans a entrepris alors qu'il n'était ni particulièrement sportif, ni même aventureux, ne savait pas pagayer et ne possédait même pas de canoë : il s'agissait alors de descendre la totalité du Mississippi - 3780km - depuis le lac Itasca dans le Nord du Minnesota jusqu'à la Nouvelle-Orléans ! " De là où il n'y a pas de Noirs à là où on ne nous aime toujours pas beaucoup." car, pour corser l'exploit Eddy Harris est...Noir !
Certes, sa couleur de peau joue parfois dans les rencontres qu'il fait, mais pas tant que cela, à une ou deux exceptions près, car la plupart des gens qu'il rencontre sont du type curieux et débonnaire. En tout cas, que l'on s'intéresse, à travers ce récit, à la sociologie américaine, à la découverte de paysages souvent somptueux, à la description du fleuve lui-même avec toutes ses variations de lumière et de puissance, c'est malgré tout l'état d'esprit du narrateur qui en constitue le fil conducteur, plus changeants même que les aléas météorologiques. Car il doit affronter aussi bien les difficultés matérielles que son incompétence, ses incertitudes, ses doutes et sa solitude, ses victoires éphémères et ses échecs, son envie de renoncer et son obstination à aller jusqu'au bout malgré tout. Mais au bout du voyage, au bout du récit, il n'y a pas d'autre accomplissement que la connaissance de soi.
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