J'ai hésité à aller voir le dernier film de Nanni Moretti : l'égocentrisme, la vanité, même dissimulés derrière l'humour, m'exaspèrent comme m'exaspère en général l'autofiction. Mais les goûts peuvent changer et les cinéastes aussi. Et je ne regrette pas d'avoir vu Vers un avenir radieux, ne serait-ce que pour la scène finale, triomphante et magnifique.
Avant cela, il y a un peu de tout dans Vers un avenir radieux, il y a un film sur la scission du parti communiste italien au moment de l'entrée des chars soviétiques à Budapest en 1956. S'affranchir du joug soviétique était - est toujours - un exercice difficile et dangereux, Hongrie, Tchekoslovaquie, Afghanistan.... je continue ? Poser la question en 2023 n'a rien d'innocent et il y a certainement là matière à film.
Mais ce n'est pas le propos principal du film, centré comme on s'y attend sur le réalisateur, c'est à dire Moretti lui-même. Le propos se déplace ainsi constamment vers le "making of " de ce prétendu film, et constitue en quelque sorte une "master class" qui permet à Moretti de rendre hommage aux grands cinéastes italiens, mais surtout de faire le tri entre ce qu'il aime et ce qu'il n'aime pas au cinéma. Un grand pêle-mêle où chaque spectateur glane ce qu'il peut selon sa culture cinématographique.
Expert en jongleries, Nanni Moretti parvient à intercaler entre les deux premières, une troisième piste de lecture, celle de ses déboires familiaux qui viennent perturber le tournage puisque sa femme et sa fille sont engagées professionnellement à ses côtés.
Je n'ai en rien regretté d'être allée voir ce film, brillant, intelligent, inventif et parfois exaspérant (la diction exagérément articulée et pontifiante de Moretti, le jeu grotesque de Mathieu Amalric ). Cela m'a permis de me débarrasser de quelques préjugés et de renouer avec un cinéma italien trop peu présent sur nos écrans.
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