16 août 2018

Leila Slimani, Chanson douce

Le livre commence mal ou plutôt s'ouvre sur une tragédie effroyable qui d'emblée met le lecteur dans l'attente d'une explication, d'un complément d'information car il ne s'agit de rien moins que du meurtre de deux enfants par la nounou qui en avait la garde. Voilà, c'est dit. Le pire a eu lieu, il s'agit maintenant de dérouler le fil, de remonter au commencement du commencement et d'essayer de comprendre comment et pourquoi on en est arrivé là.

La réussite indéniable du roman de Leila Slimani est de se débarrasser de la recherche du coupable puisqu'elle est connue dès le départ et de ne s'intéresser qu'aux motivations, aux explications psychologiques, mais aussi sociologiques car si la nounou est bien celle qui a tué, d'une certaine façon, les parents et la société en général portent eux aussi la responsabilité du meurtre.



Chanson douce, malgré son joli titre est un livre cruel, subtil mais cruel parce qu'il met en évidence l'égoïsme des individus soucieux plus que tout de leur "réussite" individuelle, qui est sans doute un accomplissement, mais aussi un enjeu social déterminant. Une fois pris dans ce tourbillon l'individu devient aveugle et sourd, incapable de sentir la détresse de ceux qui sont restés en dehors et que derrière une bienveillance de façade, il exploite sans scrupule.

Le premier chapitre du livre de Leïla Slimani, aussi sanglant soit-il, est peut-être moins perturbant que cette vérité qui fait peu à peu surface et met à mal notre façon de vivre. Chanson douce est un roman qui touche au coeur et appuie là où ça fait mal.

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