C'est avec lui que je partage mes noisettes...
Voilà sans doute pourquoi il est aussi dodu !
29 décembre 2007
28 décembre 2007
Gens du voyage
A force de lire, tout et n'importe quoi, on finit par faire d'étranges rapprochements entre, par exemple, un extrait de bulletin municipal paru cette semaine :
"AIRE D'ACCUEIL DES GENS DU VOYAGE
Le ... exerce la compétence dite "Gens du Voyage" définie comme portant sur la réalisation et la gestion d'une aire d'accueil, conformément au Schéma Départemental.
Cette aire est prévue sur la commune de ... au lieu-dit ... (près de l'actuelle déchetterie)."
et une photo, un peu datée certes, mais très parlante !
La photo a été publiée par Pierre Paraf dans un ouvrage paru au début des années 70 : L'homme de toutes les couleurs, sous titré Le racisme : pourquoi ?
Une lecture à recommander à tout un chacun et en particulier à l'équipe municipale, sans doute plus maladroite que mal intentionnée.
"AIRE D'ACCUEIL DES GENS DU VOYAGE
Le ... exerce la compétence dite "Gens du Voyage" définie comme portant sur la réalisation et la gestion d'une aire d'accueil, conformément au Schéma Départemental.
Cette aire est prévue sur la commune de ... au lieu-dit ... (près de l'actuelle déchetterie)."
et une photo, un peu datée certes, mais très parlante !
La photo a été publiée par Pierre Paraf dans un ouvrage paru au début des années 70 : L'homme de toutes les couleurs, sous titré Le racisme : pourquoi ?
Une lecture à recommander à tout un chacun et en particulier à l'équipe municipale, sans doute plus maladroite que mal intentionnée.
27 décembre 2007
Petit éloge de la douceur
Voici ce que j'ai trouvé dans le livre de Stéphane Audeguy intitulé Petit éloge de la douceur, à l'article Urbanité :
"On nous rebat les oreilles avec la solitude dans les grandes villes, avec leur supposée violence. On oublie que la ville est le berceau de l'urbanité; là seulement l'individu confronté à la diversité des êtres, des conditions, des opinions, se polit."
Quelques lignes plus loin il cite Descartes :
"Quelque accomplie que puisse être une maison des champs, il y manque toujours une infinité de commodités qui ne se trouvent que dans les villes [...]"
Cinémas, librairies, bibliothèques... autant de commodités urbaines sans lesquelles, en effet, je ne conçois pas de vivre!
Stéphane Audeguy est l'auteur de La Théorie des nuages, délicieux roman aussi érudit que poétique et de Fils unique, que je n'ai pas encore lu... mais demains sans doute !
"On nous rebat les oreilles avec la solitude dans les grandes villes, avec leur supposée violence. On oublie que la ville est le berceau de l'urbanité; là seulement l'individu confronté à la diversité des êtres, des conditions, des opinions, se polit."
Quelques lignes plus loin il cite Descartes :
"Quelque accomplie que puisse être une maison des champs, il y manque toujours une infinité de commodités qui ne se trouvent que dans les villes [...]"
Cinémas, librairies, bibliothèques... autant de commodités urbaines sans lesquelles, en effet, je ne conçois pas de vivre!
Stéphane Audeguy est l'auteur de La Théorie des nuages, délicieux roman aussi érudit que poétique et de Fils unique, que je n'ai pas encore lu... mais demains sans doute !
23 décembre 2007
Julien Gracq
Non, non, non ! Pas question de rédiger une nécro sur le "grand écrivain".
De toute façon je le connaissais mal, si mal que je le croyais mort depuis longtemps.
Je sais toutefois qu'il a été - et sera pour longtemps encore - une source inépuisable de sujets de dissertations pour le bachelier aussi bien que pour l'agrégatif en mal de concours. Ce qui, en dehors de tout enjeu universitaire, n'incite guère à le lire, d'autant plus qu'il a toujours refusé d' être publié dans des éditions de poche : trop haute idée de lui-même ? trop haute idée de la littérature ?
Pourtant, si je rédige aujourd'hui ce billet c'est parce que je me souviens du jour où je suis enfin parvenue à lire Le Rivage des Syrtes.
Je savais que Julien Gracq était un écrivain majeur et que je ne pouvais plus longtemps faire l'impasse sur ce roman. Par deux fois déjà, je m'étais lancée dans sa lecture et je n'avais pas réussi à aller au delà des premières pages. Trop impatiente sans doute. Pas assez disponible. Car on ne s'installe pas dans la lecture du Rivage des Syrtes comme dans celle d' un roman policier.
Non. Il faut entrer dans ce roman sans avidité.
Progresser patiemment, sereinement.
Se laisser porter.
Se laisser prendre au charme de ces paysages indéfinis, de ces personnages en attente d'un improbable destin, comme suspendus dans le temps.
Il faut passer les cinquante premières pages.
Alors, alors seulement vous serez éblouis
Alors, alors seulement vous serez conquis.
Et garderez comme moi le souvenir émerveillé d'un livre à nul autre pareil.
Le relirai-je ?
Je ne sais pas. Je ne crois pas.
J'aurai trop peur d'en altérer le souvenir.
De toute façon je le connaissais mal, si mal que je le croyais mort depuis longtemps.
Je sais toutefois qu'il a été - et sera pour longtemps encore - une source inépuisable de sujets de dissertations pour le bachelier aussi bien que pour l'agrégatif en mal de concours. Ce qui, en dehors de tout enjeu universitaire, n'incite guère à le lire, d'autant plus qu'il a toujours refusé d' être publié dans des éditions de poche : trop haute idée de lui-même ? trop haute idée de la littérature ?
Pourtant, si je rédige aujourd'hui ce billet c'est parce que je me souviens du jour où je suis enfin parvenue à lire Le Rivage des Syrtes.
Je savais que Julien Gracq était un écrivain majeur et que je ne pouvais plus longtemps faire l'impasse sur ce roman. Par deux fois déjà, je m'étais lancée dans sa lecture et je n'avais pas réussi à aller au delà des premières pages. Trop impatiente sans doute. Pas assez disponible. Car on ne s'installe pas dans la lecture du Rivage des Syrtes comme dans celle d' un roman policier.
Non. Il faut entrer dans ce roman sans avidité.
Progresser patiemment, sereinement.
Se laisser porter.
Se laisser prendre au charme de ces paysages indéfinis, de ces personnages en attente d'un improbable destin, comme suspendus dans le temps.
Il faut passer les cinquante premières pages.
Alors, alors seulement vous serez éblouis
Alors, alors seulement vous serez conquis.
Et garderez comme moi le souvenir émerveillé d'un livre à nul autre pareil.
Le relirai-je ?
Je ne sais pas. Je ne crois pas.
J'aurai trop peur d'en altérer le souvenir.
22 décembre 2007
Citrons (suite)
Les premiers citrons étaient de Francisco Zurbaran, peintre espagnol du XVIIe siècle; les suivants de Giovanna Garzoni, peintre baroque italienne (1600-1670); le dernier, tout seul sur son assiette, de Manet.
Mais j'aurais pu aussi choisir
un détail d'un autre tableau de Zurbaran
ou bien
un détail emprunté cette fois à Juan Sanchez Cotan, ce peintre qui suspendait les éléments de ses natures mortes au bout d'une ficelle de façon à parfaire la géométrie de ses compositions.
Renonçant toutefois à l'Espagne au profit des natures mortes hollandaises, mon choix aurait été encore plus vaste !
Voici par exemple ce citron à demi epluché, emprunté à un tableau de Claesz
Et voici celui que l'on trouve
dans un tableau de Heem - un peu trop exhubérant, un peu trop baroque à mon goût, il est vrai.
Mais ce que j'aime, dans ce tableau, et dans quelques autres, c'est la spirale du zeste de citron en train de se défaire et censée signifier l'écoulement du temps et la fin de toutes choses comme il se doit dans une vanité...
Dire à la fois l'abondance, le luxe, la sensualité, l'amour de la vie et rappeler sa finitude, c'est une des raisons pour lesquelles les natures mortes me fascinent.
Mais pour en revenir à mon point de départ, la sapidité des citrons en particulier et des agrumes en général, voici, sur le sujet un très joli livre où vous trouverez bien d'autres recettes au citron.
Je n'ai pas essayé toutes les recettes mais les photos sont toutes superbes !
Sarah Woodward, Oranges et citrons, Flammarion.
Mais j'aurais pu aussi choisir
un détail d'un autre tableau de Zurbaran
ou bien
un détail emprunté cette fois à Juan Sanchez Cotan, ce peintre qui suspendait les éléments de ses natures mortes au bout d'une ficelle de façon à parfaire la géométrie de ses compositions.
Renonçant toutefois à l'Espagne au profit des natures mortes hollandaises, mon choix aurait été encore plus vaste !
Voici par exemple ce citron à demi epluché, emprunté à un tableau de Claesz
Et voici celui que l'on trouve
dans un tableau de Heem - un peu trop exhubérant, un peu trop baroque à mon goût, il est vrai.
Mais ce que j'aime, dans ce tableau, et dans quelques autres, c'est la spirale du zeste de citron en train de se défaire et censée signifier l'écoulement du temps et la fin de toutes choses comme il se doit dans une vanité...
Dire à la fois l'abondance, le luxe, la sensualité, l'amour de la vie et rappeler sa finitude, c'est une des raisons pour lesquelles les natures mortes me fascinent.
Mais pour en revenir à mon point de départ, la sapidité des citrons en particulier et des agrumes en général, voici, sur le sujet un très joli livre où vous trouverez bien d'autres recettes au citron.
Je n'ai pas essayé toutes les recettes mais les photos sont toutes superbes !
Sarah Woodward, Oranges et citrons, Flammarion.
19 décembre 2007
Citrons
J'aime les citrons.
Et j'aime tout particulièrement les desserts au citron.
En voici deux, qui ne présentent aucune difficulté, ni à réaliser ni à déguster !
La recette du gâteau au citron et au pavot me vient de Marie-Christine qui elle même la tenait d'une de ses amies. Celle de la tarte au citron - une variante de la classique tarte au citron meringuée - me vient de ma cousine Odile qui elle même l'avait empruntée à ... allez savoir à qui, car au bout d'un moment les recettes sont à celles qui les font, non ?
1/2 tasse de graines de pavot
1/2 tasse (soit 125 g) de beurre fondu (mou c'est aussi bien ! )
3/4 tasse de sucre
3 oeufs
le zeste d'un citron
1 tasse 1/2 de farine
1 sachet de levure
4 cuillérée à soupe de lait
Pour le sirop : le jus d'un citron et 1/2 tasse de sucre )
1) Mélanger le beurre et le sucre (fouet électrique)
2) Ajouter les oeufs et continuer de battre; ajouter le zeste
3) Quand le mélange est bien mousseux ajouter en alternant farine + levure et lait
4) Ajouter enfin les graines de pavot
5) Mettre dans un plat à manqué, préalablement beurré. Au four à 160° pendant 30mn.
Quand le gâteau sort du four, le napper immédiatement avec le sirop sucre/citron, directement dans le moule. Le sirop imbibe progressivement le biscuit que l'on peut démouler une fois tiède.
Ingrédients :
Pour la pâte : 120 g de beurre, 200g de farine, 60 g de sucre glace
Pour la crème : 3 citrons, 3 oeufs, 150g de sucre en poudre, 130g de beurre
1) Préparer la pâte en mélangeant farine, beurre et sucre glace. Ajouter un peu d'eau glacée pour obtenir une pâte et laisser reposer 1/2 heure (si vous avez le temps!)
2) Laver les citrons, prélever les zestes, presser le jus.
3) Préchauffer le four (200°). Etaler la pâte dans un moule à tarte beurré (24 cm)
4) Travailler les oeufs avec le sucre. Quand le mélange blanchit et double de volume, ajouter le jus et le zeste des citrons, le beurre mou. Verser sur la pâte et faire cuire au four 30mn.
Commentaires ... acides ?
Pour les deux recettes, plus ou moins de citron, plus ou moins de sucre, cela dépend de votre goût pour... l'acidité.
Pour la tarte au citron, pas d'erreur : 120g + 130g, ça fait bien 250g ! C'est toute la plaquette de beurre qui y passe. Bien sûr on peut mégoter en pensant à sa ligne et réduire la quantité de beurre dans la pâte, mais ... c'est dommage ! Un autre petit truc : c 'est le sucre glace qui fait toute la finesse de la pâte.
Pour les curieux :
A qui appartiennent les citrons qui illustrent ces deux recettes ?
Et j'aime tout particulièrement les desserts au citron.
En voici deux, qui ne présentent aucune difficulté, ni à réaliser ni à déguster !
La recette du gâteau au citron et au pavot me vient de Marie-Christine qui elle même la tenait d'une de ses amies. Celle de la tarte au citron - une variante de la classique tarte au citron meringuée - me vient de ma cousine Odile qui elle même l'avait empruntée à ... allez savoir à qui, car au bout d'un moment les recettes sont à celles qui les font, non ?
Biscuit au citron et au pavot
Ingrédients :1/2 tasse de graines de pavot
1/2 tasse (soit 125 g) de beurre fondu (mou c'est aussi bien ! )
3/4 tasse de sucre
3 oeufs
le zeste d'un citron
1 tasse 1/2 de farine
1 sachet de levure
4 cuillérée à soupe de lait
Pour le sirop : le jus d'un citron et 1/2 tasse de sucre )
1) Mélanger le beurre et le sucre (fouet électrique)
2) Ajouter les oeufs et continuer de battre; ajouter le zeste
3) Quand le mélange est bien mousseux ajouter en alternant farine + levure et lait
4) Ajouter enfin les graines de pavot
5) Mettre dans un plat à manqué, préalablement beurré. Au four à 160° pendant 30mn.
Quand le gâteau sort du four, le napper immédiatement avec le sirop sucre/citron, directement dans le moule. Le sirop imbibe progressivement le biscuit que l'on peut démouler une fois tiède.
Ingrédients :
Pour la pâte : 120 g de beurre, 200g de farine, 60 g de sucre glace
Pour la crème : 3 citrons, 3 oeufs, 150g de sucre en poudre, 130g de beurre
1) Préparer la pâte en mélangeant farine, beurre et sucre glace. Ajouter un peu d'eau glacée pour obtenir une pâte et laisser reposer 1/2 heure (si vous avez le temps!)
2) Laver les citrons, prélever les zestes, presser le jus.
3) Préchauffer le four (200°). Etaler la pâte dans un moule à tarte beurré (24 cm)
4) Travailler les oeufs avec le sucre. Quand le mélange blanchit et double de volume, ajouter le jus et le zeste des citrons, le beurre mou. Verser sur la pâte et faire cuire au four 30mn.
Commentaires ... acides ?
Pour les deux recettes, plus ou moins de citron, plus ou moins de sucre, cela dépend de votre goût pour... l'acidité.
Pour la tarte au citron, pas d'erreur : 120g + 130g, ça fait bien 250g ! C'est toute la plaquette de beurre qui y passe. Bien sûr on peut mégoter en pensant à sa ligne et réduire la quantité de beurre dans la pâte, mais ... c'est dommage ! Un autre petit truc : c 'est le sucre glace qui fait toute la finesse de la pâte.
Pour les curieux :
A qui appartiennent les citrons qui illustrent ces deux recettes ?
18 décembre 2007
Piles de livres
Elles sont toujours là, à portée de mains.
A portée de lecture.
De jour comme de nuit.
Parfois, lasse du désordre permanent, je classe, je trie, j'ordonne.
Mais les piles, bien que différentes, sont toujours là.
Aux livres alors s'ajoutent les revues, les magazines...
Parfois la pile la plus haute s'écroule et l'ordre de mes priorités se trouve soudain changé.
La pile une fois reconstituée, l'urgence de lire soudain se fait plus vive.
Je me souviens d'un texte de Georges Perec publié dans Penser/classer, une dizaine de pages à peines intitulées Notes brèves sur l'art et la manière de ranger ses livres, dans lesquelles chaque lecteur retrouvera ses petites manies et ses grandes velléités de rangement.
Après avoir montré qu'à l'apologie du désordre sympathique s'oppose la tentation mesquine de la bureaucratie individuelle, après avoir avoué qu'en ce qui le concerne, près des trois quarts de ses livres n'ont jamais été réellement classés. Ceux qui ne sont pas rangés d'une façon définitivement provisoire le sont d'une façon provisoirement définitive, Perec conclut qu' entre l'illusion de l'achevé et le vertige de l'insaisissable, il n'est pas mauvais que nos bibliothèques servent aussi de temps à autre de pense-bête, de repose-chat et de fourre-tout.
Et me voici, pour un temps, consolée de mon désordre.
A portée de lecture.
De jour comme de nuit.
Parfois, lasse du désordre permanent, je classe, je trie, j'ordonne.
Mais les piles, bien que différentes, sont toujours là.
Aux livres alors s'ajoutent les revues, les magazines...
Parfois la pile la plus haute s'écroule et l'ordre de mes priorités se trouve soudain changé.
La pile une fois reconstituée, l'urgence de lire soudain se fait plus vive.
Je me souviens d'un texte de Georges Perec publié dans Penser/classer, une dizaine de pages à peines intitulées Notes brèves sur l'art et la manière de ranger ses livres, dans lesquelles chaque lecteur retrouvera ses petites manies et ses grandes velléités de rangement.
Après avoir montré qu'à l'apologie du désordre sympathique s'oppose la tentation mesquine de la bureaucratie individuelle, après avoir avoué qu'en ce qui le concerne, près des trois quarts de ses livres n'ont jamais été réellement classés. Ceux qui ne sont pas rangés d'une façon définitivement provisoire le sont d'une façon provisoirement définitive, Perec conclut qu' entre l'illusion de l'achevé et le vertige de l'insaisissable, il n'est pas mauvais que nos bibliothèques servent aussi de temps à autre de pense-bête, de repose-chat et de fourre-tout.
Et me voici, pour un temps, consolée de mon désordre.
17 décembre 2007
La Nuit nous appartient et Les Promesses de l'ombre
Méfiez-vous des grands pères débonnaires ! Surtout s'ils ont un nom à consonance russe !
Ce sont en réalité d' horribles individus sanguinaires !
C'est en tout cas ce que semblent dire deux film récemment sortis : Les Promesses de l'ombre de David Cronenberg et La Nuit nous appartient de James Gray.
Ainsi les scénaristes américains semblent avoir trouvé une nouvelle image pour incarner le Mal : le "gentil" grand père russe, parrain des nouvelles mafias qui menacent l'économie de la drogue et de la prostitution. Une façon comme une autre de jouer l'ambiguïté d'autant plus qu'en face, du côté du bien, les héros n'ont pas toujours les mains propres eux non plus. On notera au passage qu'il existe au moins une valeur commune entre conservateurs de tous bords et maffiosi, que ceux-ci soient russes ou italiens : la famille ! Egorger, tuer, assassiner... soit! mais on ne touche pas à la famille !
Sorry guys, mais ma famille c'est l'humanité ! Ce qui ne laisse pas beaucoup de place pour le crime !
Ceci dit j'ai pris à regarder ces deux films le plus grand plaisir. Ils sont violents certes, mais ils sont surtout très bien fabriqués et vous laissent scotché sur votre fauteuil, le coeur battant à 2000 à l'heure et le cerveau turbinant à la même vitesse pour essayer non pas de suivre mais de précéder le scénario. Car rien n'est plus amusant que de devancer d'un pas l'assassin, mieux encore, le commanditaire du crime et de démêler l'écheveau des coups tordus imaginés par les scénaristes.
Reste néanmoins une question : si la fin ouverte des Promesses de l'ombre me plaît beaucoup parce qu'elle laisse à chacun la liberté d'imaginer ce que va faire Vigo Mortensen ou plutôt son personnage dans le film, les dernières images de La Nuit nous appartient et son hommage un peu trop appuyé à la police new-yorkaise me laissent franchement perplexe !
Law and order ? on dirait le titre d'une série télé !
Ce sont en réalité d' horribles individus sanguinaires !
C'est en tout cas ce que semblent dire deux film récemment sortis : Les Promesses de l'ombre de David Cronenberg et La Nuit nous appartient de James Gray.
Ainsi les scénaristes américains semblent avoir trouvé une nouvelle image pour incarner le Mal : le "gentil" grand père russe, parrain des nouvelles mafias qui menacent l'économie de la drogue et de la prostitution. Une façon comme une autre de jouer l'ambiguïté d'autant plus qu'en face, du côté du bien, les héros n'ont pas toujours les mains propres eux non plus. On notera au passage qu'il existe au moins une valeur commune entre conservateurs de tous bords et maffiosi, que ceux-ci soient russes ou italiens : la famille ! Egorger, tuer, assassiner... soit! mais on ne touche pas à la famille !
Sorry guys, mais ma famille c'est l'humanité ! Ce qui ne laisse pas beaucoup de place pour le crime !
Ceci dit j'ai pris à regarder ces deux films le plus grand plaisir. Ils sont violents certes, mais ils sont surtout très bien fabriqués et vous laissent scotché sur votre fauteuil, le coeur battant à 2000 à l'heure et le cerveau turbinant à la même vitesse pour essayer non pas de suivre mais de précéder le scénario. Car rien n'est plus amusant que de devancer d'un pas l'assassin, mieux encore, le commanditaire du crime et de démêler l'écheveau des coups tordus imaginés par les scénaristes.
Reste néanmoins une question : si la fin ouverte des Promesses de l'ombre me plaît beaucoup parce qu'elle laisse à chacun la liberté d'imaginer ce que va faire Vigo Mortensen ou plutôt son personnage dans le film, les dernières images de La Nuit nous appartient et son hommage un peu trop appuyé à la police new-yorkaise me laissent franchement perplexe !
Law and order ? on dirait le titre d'une série télé !
16 décembre 2007
Albert Londres
Trois citations autant d'indices et toujours pas trouvé la réponse ?
Et bien, la voici : il s'agit d'Albert Londres, le grand journaliste.
Je viens de terminer la biographie que Pierre Assouline lui a consacrée. A vrai dire, on en apprend autant sur l'histoire du journalisme et l'état du monde depuis la guerre de 14 et jusqu'en 1932, que sur Albert Londres lui-même. Mais comment parler d'un journaliste sans l'inscrire dans son siècle ?
Toutefois, pour prendre immédiatement la mesure du personnage, il vaut mieux commencer par lire Albert Londres lui-même, sans intermédiaire.
Dès les premières lignes vous serez accrochés.
Tenez, essayez :
"C'est un port, l'un des plus beaux du bord des eaux. Il est illustre sous tous les parallèles. A tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers. Il est l'un des grands seigneurs du large. phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre. Il s'appelle le port de Marseille. "
[ ...] Port de Marseille : cour d'honneur d'un imaginaire palais du commerce universel."
Quelques lignes plus loin :
"C'est moi, Marseille... Ecoutez, c'est moi, le port de Marseille, qui vous parle. je
suis le plus merveilleux kaléïdoscope des côtes. Voici les coupées de mes bateaux. Gravissez-les. Je vous ferai voir toutes les couleurs de la lumière; comment le
soleil se lève et comment il se couche en des endroits lointains. vous contemplerez de nouveaux signes dans le ciel et de nouveaux fruits sur la terre. Montez! Montez! Je vous emmènerai de race en race. Vous verrez tous les Orients - le proche, le grand, l'extrême. Je vous montrerai les hommes de différentes peaux, le
brun, le noir, le mordoré, le jaune, nus en Afrique, en chemise aux Indes, en robe en Chine, et marchant sur de petits bancs au pays du Soleil-Levant. "
Pour clore son article le journaliste reprend ensuite la parole :
J'étais sur le chemin qui domine le bassin de la Joliette. Le port s'ouvrait devant moi. Quatre bateaux, sortis par la passe opposée, prenaient le large, lentement, vers le Sud. L'un était couleur terre de Sienne, ses deux cheminées semblaient lui
entrer dans le corps. C'était un Anglais, en route pour Bombay. Le deuxième était tout noir, avec un haut château dominant son avant. Il était français et s'en allait vers Yokohama. Le troisième était français aussi, mais tout blanc et ses cheminées portaient au sommet une cheminées une collerette tricolore. Il cinglait vers la Syrie. Le quatrième était un tout petit torpilleur américain quittant l'Europe, couleurs au vent ....
Pour l'enfant "amoureux de cartes et d'estampes," pour l'étudiant qui s'est laissé emporter par Le Bateau ivre de Rimbaud et pour tous ceux que le voyage enivre, les livres d'Albert Londres sont un inépuisable trésor - à condition bien sûr de relativiser son enthousiasme colonialiste et mondialiste en le situant dans son époque, les intrépides et folles années 20 !
Pour l'historien qui ne se contente pas des faits mais veut s'imprégner de l'ambiance, de l'atmosphère pour mieux comprendre les mentalités, les livres d'Albert Londres sont une référence indispensable.
Pour le journaliste entré dans le métier par gôut de la découverte et de l'inattendu, par gôut aussi de l'écriture et qui s'exaspère des conventions stylistiques que lui impose sa rédaction les livres d'Albert Londres sont une consolation autant qu'un modèle.
Les éditions Arléa viennent de publier sous la directions de Pierre Assouline, les Oeuvres Complètes d'Albert Londres . Fort bien ! Mais avant de vous lancer dans ce pavé de 900 pages, pourquoi ne pas choisir un des délicieux petits livres parus aux éditions Le Serpent à Plumes.
Au Bagne, La Chine en folie, Terre d'Ebène, Dante n'avait rien vu, Pêcheurs de perle, Le chemin de Buenos Aires, Chez les fous, et bien sûr, Marseille, porte du Sud etc.....
Et bien, la voici : il s'agit d'Albert Londres, le grand journaliste.
Je viens de terminer la biographie que Pierre Assouline lui a consacrée. A vrai dire, on en apprend autant sur l'histoire du journalisme et l'état du monde depuis la guerre de 14 et jusqu'en 1932, que sur Albert Londres lui-même. Mais comment parler d'un journaliste sans l'inscrire dans son siècle ?
Toutefois, pour prendre immédiatement la mesure du personnage, il vaut mieux commencer par lire Albert Londres lui-même, sans intermédiaire.
Dès les premières lignes vous serez accrochés.
Tenez, essayez :
"C'est un port, l'un des plus beaux du bord des eaux. Il est illustre sous tous les parallèles. A tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers. Il est l'un des grands seigneurs du large. phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre. Il s'appelle le port de Marseille. "
[ ...] Port de Marseille : cour d'honneur d'un imaginaire palais du commerce universel."
Quelques lignes plus loin :
"C'est moi, Marseille... Ecoutez, c'est moi, le port de Marseille, qui vous parle. je
suis le plus merveilleux kaléïdoscope des côtes. Voici les coupées de mes bateaux. Gravissez-les. Je vous ferai voir toutes les couleurs de la lumière; comment le
soleil se lève et comment il se couche en des endroits lointains. vous contemplerez de nouveaux signes dans le ciel et de nouveaux fruits sur la terre. Montez! Montez! Je vous emmènerai de race en race. Vous verrez tous les Orients - le proche, le grand, l'extrême. Je vous montrerai les hommes de différentes peaux, le
brun, le noir, le mordoré, le jaune, nus en Afrique, en chemise aux Indes, en robe en Chine, et marchant sur de petits bancs au pays du Soleil-Levant. "
Pour clore son article le journaliste reprend ensuite la parole :
J'étais sur le chemin qui domine le bassin de la Joliette. Le port s'ouvrait devant moi. Quatre bateaux, sortis par la passe opposée, prenaient le large, lentement, vers le Sud. L'un était couleur terre de Sienne, ses deux cheminées semblaient lui
entrer dans le corps. C'était un Anglais, en route pour Bombay. Le deuxième était tout noir, avec un haut château dominant son avant. Il était français et s'en allait vers Yokohama. Le troisième était français aussi, mais tout blanc et ses cheminées portaient au sommet une cheminées une collerette tricolore. Il cinglait vers la Syrie. Le quatrième était un tout petit torpilleur américain quittant l'Europe, couleurs au vent ....
Pour l'enfant "amoureux de cartes et d'estampes," pour l'étudiant qui s'est laissé emporter par Le Bateau ivre de Rimbaud et pour tous ceux que le voyage enivre, les livres d'Albert Londres sont un inépuisable trésor - à condition bien sûr de relativiser son enthousiasme colonialiste et mondialiste en le situant dans son époque, les intrépides et folles années 20 !
Pour l'historien qui ne se contente pas des faits mais veut s'imprégner de l'ambiance, de l'atmosphère pour mieux comprendre les mentalités, les livres d'Albert Londres sont une référence indispensable.
Pour le journaliste entré dans le métier par gôut de la découverte et de l'inattendu, par gôut aussi de l'écriture et qui s'exaspère des conventions stylistiques que lui impose sa rédaction les livres d'Albert Londres sont une consolation autant qu'un modèle.
Les éditions Arléa viennent de publier sous la directions de Pierre Assouline, les Oeuvres Complètes d'Albert Londres . Fort bien ! Mais avant de vous lancer dans ce pavé de 900 pages, pourquoi ne pas choisir un des délicieux petits livres parus aux éditions Le Serpent à Plumes.
Au Bagne, La Chine en folie, Terre d'Ebène, Dante n'avait rien vu, Pêcheurs de perle, Le chemin de Buenos Aires, Chez les fous, et bien sûr, Marseille, porte du Sud etc.....
15 décembre 2007
Solstice d'hiver
22 Décembre, 6h08.
A partir de cette date, les jours rallongent.
Oh pas beaucoup, à peine quelques minutes pour commencer, mais le processus est irréversible.
Ir-ré-ver-si-ble !
Froid ou pas, neige ou pas, brouillard, verglas, ciel gris ou pas, les jours rallongent !
Dommage pour ceux de l'autre hémisphère, mais c'est notre tour d'aller vers la lumière.
Et je m'en réjouis !
Plus qu'une semaine à attendre.
Sept tout petits jours.
Ils seront vite passés.
Dès samedi prochain, le monde reprend des couleurs
Tant mieux ! Parce que les paysages en noir et blanc sur pellicule couleur, ça va bien un temps; ça fait vaguement zen, c'est stylisé...
Mais en couleurs, c'est quand même mieux !
A partir de cette date, les jours rallongent.
Oh pas beaucoup, à peine quelques minutes pour commencer, mais le processus est irréversible.
Ir-ré-ver-si-ble !
Froid ou pas, neige ou pas, brouillard, verglas, ciel gris ou pas, les jours rallongent !
Dommage pour ceux de l'autre hémisphère, mais c'est notre tour d'aller vers la lumière.
Et je m'en réjouis !
Plus qu'une semaine à attendre.
Sept tout petits jours.
Ils seront vite passés.
Dès samedi prochain, le monde reprend des couleurs
Tant mieux ! Parce que les paysages en noir et blanc sur pellicule couleur, ça va bien un temps; ça fait vaguement zen, c'est stylisé...
Mais en couleurs, c'est quand même mieux !
12 décembre 2007
Des valises ou des meubles ?
"Pour lui l'humanité se divisait toujours en deux : ceux qui ont des meubles et ceux qui ont des valises."
C'est toujours du même auteur que l'on parle.
Alors, pas encore trouvé ?
C'est toujours du même auteur que l'on parle.
Alors, pas encore trouvé ?
09 décembre 2007
Ouvrir ses fenêtres
"Le peuple qui, désormais, vivra cloîtré entre ses frontières périra d'anémie."
"La France a une vue magnifique sur tout le reste du monde, mais nous regardons pousser nos betteraves."
Je vous donne l'auteur ou je vous laisse deviner...
"La France a une vue magnifique sur tout le reste du monde, mais nous regardons pousser nos betteraves."
Je vous donne l'auteur ou je vous laisse deviner...
06 décembre 2007
My Blueberry Nights
Certains apparemment font la fine bouche devant le dernier opus de Wong Kar-Wai.
Ce n'est pas mon cas et sans bouder mon plaisir, je me suis régalée comme on se régale d'une sucrerie un peu régressive.
D'abord il y a non pas une, mais trois histoires d'amour, qui finissent plutôt mal, il est vrai, mais on découvre grâce au cinéaste qu'une grosse part de tarte à la myrtille console plus sûrement d'un chagrin d'amour que l'alcool ou le jeu.
Ensuite le film est construit comme un road-movie qui mène le personnage principal de New York à Memphis (Tenesse), puis de Memphis à Las Vegas car il s'agit de mettre le maximum de kilomètres entre elle et celui qui l'a quittée. Mais, c'est un road-movie nocture et urbain car, à quelques exceptions près, il n'y ni vastes paysages, ni ciels immenses, ni même de couchers de soleil holywoodien : l'Amérique de Wong Kar-Wai est celle des bars et des caféterias où chacun tente d'oublier sa solitude. La caméra filme les êtres au plus près, souvent en gros plans, voire en très gros plans mais ils sont toujours vus à travers une vitre, un reflet, l'éclat d'un néon qui colore la scène d'une lumière artificielle.
Oui, Wong Kar Wai compose ses images comme des tableaux et l'on pense plus d'une fois à Edward Hopper,
mais pourquoi lui reprocher cette préoccupation esthétique. Le cinéma n'est il pas avant tout un art visuel ?
En fin de compte ce que j'ai surtout aimé dans ce film, c'est peut-être tout simplement le regard que Wong Kar-Wai pose sur l'Amérique, un regard sans complaisance, mais plein de tendresse et sans doute de nostalgie. Car la réalité n'efface pas le mythe, elle se superpose seulement aux images si longtemps fantasmées. Il est très difficile parfois de renoncer à ses rêves.
http://www.myblueberrynights-lefilm.com/
Ce n'est pas mon cas et sans bouder mon plaisir, je me suis régalée comme on se régale d'une sucrerie un peu régressive.
D'abord il y a non pas une, mais trois histoires d'amour, qui finissent plutôt mal, il est vrai, mais on découvre grâce au cinéaste qu'une grosse part de tarte à la myrtille console plus sûrement d'un chagrin d'amour que l'alcool ou le jeu.
Ensuite le film est construit comme un road-movie qui mène le personnage principal de New York à Memphis (Tenesse), puis de Memphis à Las Vegas car il s'agit de mettre le maximum de kilomètres entre elle et celui qui l'a quittée. Mais, c'est un road-movie nocture et urbain car, à quelques exceptions près, il n'y ni vastes paysages, ni ciels immenses, ni même de couchers de soleil holywoodien : l'Amérique de Wong Kar-Wai est celle des bars et des caféterias où chacun tente d'oublier sa solitude. La caméra filme les êtres au plus près, souvent en gros plans, voire en très gros plans mais ils sont toujours vus à travers une vitre, un reflet, l'éclat d'un néon qui colore la scène d'une lumière artificielle.
Oui, Wong Kar Wai compose ses images comme des tableaux et l'on pense plus d'une fois à Edward Hopper,
mais pourquoi lui reprocher cette préoccupation esthétique. Le cinéma n'est il pas avant tout un art visuel ?
En fin de compte ce que j'ai surtout aimé dans ce film, c'est peut-être tout simplement le regard que Wong Kar-Wai pose sur l'Amérique, un regard sans complaisance, mais plein de tendresse et sans doute de nostalgie. Car la réalité n'efface pas le mythe, elle se superpose seulement aux images si longtemps fantasmées. Il est très difficile parfois de renoncer à ses rêves.
http://www.myblueberrynights-lefilm.com/
03 décembre 2007
Giovanni Pico della Mirandola
Ce mois-ci, pas de retard ! Parce que je veux te parler d'un personnage qui me fascine depuis longtemps : Giovanni Pico della Mirandola !
- En voilà un nom qui claque !
- N'est-ce pas ? Mais tu verras, le type qui le portait était quelqu'un de tout à fait étonnant.
Un Italien, à l'époque où l'Italie n'existait pas encore, où l'on était plutôt de Toscane, d'Ombrie ou, comme lui, d'Emilie-Romagne. Un joli garçon apparemment, enfin selon les critères de l'époque parce que sur cette image, je lui trouve l'air plutôt molasson.
Je préfère de loin le portrait ci-dessous où il est représenté à la fois dans son temps et dans ses activités préférées, la lecture et la réflexion. Je lui trouve même le regard ... ardent !
- Ardent ? Si tu veux, mais c'est surtout le biais que tu as trouvé pour me parler de son ardeur au travail, non ?
- En effet : Pic de la Mirandole, comme la plupart des intellectuels de son époque, brûlait d'apprendre, de comprendre; il voulait tout savoir, tout connaître ...
- Son époque ? C'est la deuxième fois que tu dis "son" époque. Tu peux préciser ?
- Fin du Moyen-Âge ou si tu préfères, début de la Renaissance. Pic de la Mirandole est né en 1463, soit 10 ans après la chute de Constantinople, une des dates les plus importantes de l'histoire de la civilisation occidentale. Lorsque Constantinople, dernier bastion de l'Empire chrétien d'Orient, tombe aux mains des Turcs, les savants, les artistes fuient dans la seule direction possible, l'Ouest et se réfugient, avec armes et bagages, en Italie. Or tu sais bien que les seules armes des intellectuels, ce sont les livres. Les Italiens d'abord, puis les Français, les Espagnols et pour finir toute l'Europe s'empare de cette manne précieuse, redécouvre des textes anciens, des auteurs passablement oubliés et c'est ainsi que renaît la culture antique, ferment indispensable du renouveau intellectuel qui marque les XVe et XVIe siècles. Mais pour le moment, revenons à Giovanni, un des plus beaux fleurons de cette Renaissance.
- Dis-donc, tu sembles bien l'aimer ton Giovanni.
- J'avoue que ce type m'épate. Essaye d'imaginer : un jeune homme de 22 ans, qui connaît le latin, le grec, l'arabe, l'hébreux et sans doute l'araméen, qui a commencé à étudier le droit canonique à Bologne puis y a renoncé au profit de la philosophie tendance Aristote, qu'il étudie à Padoue avant de se rendre à Paris. De retour en Italie, il s'installe à Florence où le très magnifique Laurent de Médicis s'est fait le protecteur des arts et des lettres. Une vingtaine d'années pas plus et déjà l'envie d'en découdre avec le monde entier.
- Une grosse tête quoi !
- Oui, mais pas seulement. Un jeune homme plein de fougue et d'audace qui a entrepris de rédiger quelques 900 propositions pour les soumettre à discussion. Pour accompagner ces propositions il rédige un texte qu'il intitule De la dignité de l'homme et c'est de ce petit texte dont je veux te parler. Voici déjà l'incipit :
Il y a dans ce court et nénamoins très précieux texte l'essence même de l'humanisme, ce mouvement de pensée qui fait de l'homme une valeur suprême et non une petite chose insignifiante, un moins que rien, une vermine - un ciron dira Pascal -. Pic de la Mirandole, du haut de ses 22 ans, affirme haut et fort que l'homme n'a de valeur que dans la mesure où il se construit lui-même. Cela n'a l'air de rien, mais c'est refuser, dans une seule proposition, toute sorte de déterminisme, divin en particulier, mais aussi bien physique ou social pour peu qu'on élargisse le propos de ce Giovanni. "Sculpteur de toi-même". C'est la phrase clef, quasi une injonction. J'aime bien aussi l'image de l'échelle. Pas superconfortable comme position, je reconnais et c'est sans doute plus facile de descendre que de monter. Mettons que l'essentiel est de ne pas lâcher prise. ... Mais ça fait un bout de temps que tu ne dis plus rien....
- Ben non ! Je suis subjugué ! Et tout ça, c'est dans les livres des arabes qu'il l'a lu ?
- Faut croire !
- Ah! non, pas "croire" : "savoir"
- Et bien, tout ce que je sais, moi qui ne parle ni l'arabe, ni l'hébreu ni l'araméen (ni même le grec !) c'est que le projet de Pic de la Mirandole de réunir autour de lui tous les érudits d'Europe pour discuter de ses propositions n'a pas plu du tout au pape. Accusé d'hérésie, et par conséquent menacé de finir sur un bûcher comme quelques autres avant et après lui, Pic s'enfuit vers la France où ... il est arrêté et emprisonné.
- Collusion du pouvoir et de l'Eglise, bien entendu. Et alors ?
- Alors ? Laurent de Médicis intervient et le jeune audacieux est autorisé à revenir à Florence, sous la protection - ou la surveillance ? du prince - mécène. On est en 1488; il lui reste 6 ans à vivre avant de mourir dans des conditions bizarres, mais je n'en sais pas plus.
- Il est mort à ... 31 ans ?
- Oui.
- Une étoile filante ton Giovanni.
- Mais quel éclat !
DE LA DIGINITÉ DE L'HOMME est publié aux éditions de l'Eclat, en VO c'est à dire en latin, traduction et présentation par Yves Hersant.
- En voilà un nom qui claque !
- N'est-ce pas ? Mais tu verras, le type qui le portait était quelqu'un de tout à fait étonnant.
Un Italien, à l'époque où l'Italie n'existait pas encore, où l'on était plutôt de Toscane, d'Ombrie ou, comme lui, d'Emilie-Romagne. Un joli garçon apparemment, enfin selon les critères de l'époque parce que sur cette image, je lui trouve l'air plutôt molasson.
Je préfère de loin le portrait ci-dessous où il est représenté à la fois dans son temps et dans ses activités préférées, la lecture et la réflexion. Je lui trouve même le regard ... ardent !
- Ardent ? Si tu veux, mais c'est surtout le biais que tu as trouvé pour me parler de son ardeur au travail, non ?
- En effet : Pic de la Mirandole, comme la plupart des intellectuels de son époque, brûlait d'apprendre, de comprendre; il voulait tout savoir, tout connaître ...
- Son époque ? C'est la deuxième fois que tu dis "son" époque. Tu peux préciser ?
- Fin du Moyen-Âge ou si tu préfères, début de la Renaissance. Pic de la Mirandole est né en 1463, soit 10 ans après la chute de Constantinople, une des dates les plus importantes de l'histoire de la civilisation occidentale. Lorsque Constantinople, dernier bastion de l'Empire chrétien d'Orient, tombe aux mains des Turcs, les savants, les artistes fuient dans la seule direction possible, l'Ouest et se réfugient, avec armes et bagages, en Italie. Or tu sais bien que les seules armes des intellectuels, ce sont les livres. Les Italiens d'abord, puis les Français, les Espagnols et pour finir toute l'Europe s'empare de cette manne précieuse, redécouvre des textes anciens, des auteurs passablement oubliés et c'est ainsi que renaît la culture antique, ferment indispensable du renouveau intellectuel qui marque les XVe et XVIe siècles. Mais pour le moment, revenons à Giovanni, un des plus beaux fleurons de cette Renaissance.
- Dis-donc, tu sembles bien l'aimer ton Giovanni.
- J'avoue que ce type m'épate. Essaye d'imaginer : un jeune homme de 22 ans, qui connaît le latin, le grec, l'arabe, l'hébreux et sans doute l'araméen, qui a commencé à étudier le droit canonique à Bologne puis y a renoncé au profit de la philosophie tendance Aristote, qu'il étudie à Padoue avant de se rendre à Paris. De retour en Italie, il s'installe à Florence où le très magnifique Laurent de Médicis s'est fait le protecteur des arts et des lettres. Une vingtaine d'années pas plus et déjà l'envie d'en découdre avec le monde entier.
- Une grosse tête quoi !
- Oui, mais pas seulement. Un jeune homme plein de fougue et d'audace qui a entrepris de rédiger quelques 900 propositions pour les soumettre à discussion. Pour accompagner ces propositions il rédige un texte qu'il intitule De la dignité de l'homme et c'est de ce petit texte dont je veux te parler. Voici déjà l'incipit :
| | |||
| Très vénérables Pères, j'ai lu dans les écrits des Arabes que le Sarrasin Abdallah, comme on lui demandait quel spectacle lui paraissait le plus digne d'admiration sur cette sorte de scène qu'est le monde, répondit qu'il n'y avait à ses yeux rien de plus admirable que l'homme. Pareille opinion est en plein accord avec l'exclamation de Mercure: «O Asclepius, c'est une grande merveille que l'être humain». |
et tu trouveras la suite sur
Il y a dans ce court et nénamoins très précieux texte l'essence même de l'humanisme, ce mouvement de pensée qui fait de l'homme une valeur suprême et non une petite chose insignifiante, un moins que rien, une vermine - un ciron dira Pascal -. Pic de la Mirandole, du haut de ses 22 ans, affirme haut et fort que l'homme n'a de valeur que dans la mesure où il se construit lui-même. Cela n'a l'air de rien, mais c'est refuser, dans une seule proposition, toute sorte de déterminisme, divin en particulier, mais aussi bien physique ou social pour peu qu'on élargisse le propos de ce Giovanni. "Sculpteur de toi-même". C'est la phrase clef, quasi une injonction. J'aime bien aussi l'image de l'échelle. Pas superconfortable comme position, je reconnais et c'est sans doute plus facile de descendre que de monter. Mettons que l'essentiel est de ne pas lâcher prise. ... Mais ça fait un bout de temps que tu ne dis plus rien....
- Ben non ! Je suis subjugué ! Et tout ça, c'est dans les livres des arabes qu'il l'a lu ?
- Faut croire !
- Ah! non, pas "croire" : "savoir"
- Et bien, tout ce que je sais, moi qui ne parle ni l'arabe, ni l'hébreu ni l'araméen (ni même le grec !) c'est que le projet de Pic de la Mirandole de réunir autour de lui tous les érudits d'Europe pour discuter de ses propositions n'a pas plu du tout au pape. Accusé d'hérésie, et par conséquent menacé de finir sur un bûcher comme quelques autres avant et après lui, Pic s'enfuit vers la France où ... il est arrêté et emprisonné.
- Collusion du pouvoir et de l'Eglise, bien entendu. Et alors ?
- Alors ? Laurent de Médicis intervient et le jeune audacieux est autorisé à revenir à Florence, sous la protection - ou la surveillance ? du prince - mécène. On est en 1488; il lui reste 6 ans à vivre avant de mourir dans des conditions bizarres, mais je n'en sais pas plus.
- Il est mort à ... 31 ans ?
- Oui.
- Une étoile filante ton Giovanni.
- Mais quel éclat !
DE LA DIGINITÉ DE L'HOMME est publié aux éditions de l'Eclat, en VO c'est à dire en latin, traduction et présentation par Yves Hersant.
01 décembre 2007
John Singer Sargent
Etranges rapprochements...
Alors que je classais de vieux dossiers, je tombe sur cette reproduction du tableau de John Singer Sargent qui m'avait tellement bouleversée lorsque je l'ai découvert au terme d'une grande exposition rétrospective dans un musée de Washington. C'était je crois en 1999.
Elle est intitulée Gassed et fait référence à ce que John Singer Sargent a pu voir lorsqu'il a été envoyé comme peintre de guerre du côté d'Arras en 1918.
Elle est immense : plus de 6 mètre sur 2,5 de haut !
Vue dans ses proportions réelles, l'image est proprement sidérante.
Sans beaucoup chercher je suis tombée sur une photo qui aurait pu inspirer le peintre
En continuant ma recherche, j'ai aussi trouvé ce portrait de groupe, plus dans la manière habituelle de John Singer Sargent qui était avant tout portraitiste et peintre mondain.
Alors que je classais de vieux dossiers, je tombe sur cette reproduction du tableau de John Singer Sargent qui m'avait tellement bouleversée lorsque je l'ai découvert au terme d'une grande exposition rétrospective dans un musée de Washington. C'était je crois en 1999.
Elle est intitulée Gassed et fait référence à ce que John Singer Sargent a pu voir lorsqu'il a été envoyé comme peintre de guerre du côté d'Arras en 1918.
Elle est immense : plus de 6 mètre sur 2,5 de haut !
Vue dans ses proportions réelles, l'image est proprement sidérante.
Sans beaucoup chercher je suis tombée sur une photo qui aurait pu inspirer le peintre
En continuant ma recherche, j'ai aussi trouvé ce portrait de groupe, plus dans la manière habituelle de John Singer Sargent qui était avant tout portraitiste et peintre mondain.
http://www.jssgallery.org/Paintings/10089.htm#18Allenby
Et j'avoue que j'aime tout particulièrement la possibilité de recadrage qui permet de mettre en valeur les bottes si bien cirées.
Mais qui finiront quand même dans la boue.
A moins que ce ne soient pas les mêmes qui ...
Et puisque je suis dans les associations d'images belliqueuses, en voici deux autres autres qui me viennent à l'esprit; elles sont, cette fois, empruntées à la littérature.
Je me souviens du petit colonel de Céline, dans la première partie de son Voyage au bout de la nuit.
Et je me souviens surtout du chapitre que Malraux a consacré aux premiers essais de gaz de la guerre de 14 dans Les Noyers d'Altenburg, ce méchant roman, que l'écrivain lui-même avait conscience d'avoir raté puiqu'il ne l'a jamais achevé. Malgré tous ses défauts, ce roman reste mon préféré.
Mais qui finiront quand même dans la boue.
A moins que ce ne soient pas les mêmes qui ...
Et puisque je suis dans les associations d'images belliqueuses, en voici deux autres autres qui me viennent à l'esprit; elles sont, cette fois, empruntées à la littérature.
Je me souviens du petit colonel de Céline, dans la première partie de son Voyage au bout de la nuit.
Et je me souviens surtout du chapitre que Malraux a consacré aux premiers essais de gaz de la guerre de 14 dans Les Noyers d'Altenburg, ce méchant roman, que l'écrivain lui-même avait conscience d'avoir raté puiqu'il ne l'a jamais achevé. Malgré tous ses défauts, ce roman reste mon préféré.
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